Bill Blair est «prêt à aller plus vite» pour atteindre la cible de 2% de l’OTAN

Par Kyle Duggan, La Presse Canadienne 6:33 PM - 25 novembre 2024
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Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, prend la parole lors de la période des questions à la Chambre des communes, à Ottawa, le lundi 25 novembre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

Le ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré lundi qu’il était prêt à travailler avec la nouvelle administration de Donald Trump pour accélérer le calendrier du Canada afin d’atteindre les cibles de dépenses militaires de l’OTAN. 

Le Canada s’est engagé l’année dernière à respecter l’engagement des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de consacrer au moins 2 % de son PIB à la défense nationale. En juillet dernier, le premier ministre Justin Trudeau s’est ensuite engagé à atteindre cet objectif d’ici 2032. 

Lors d’une conférence de l’Institut canadien des affaires mondiales sur cet engagement, à Ottawa lundi, le ministre Blair a déclaré aux représentants de l’industrie militaire que le Canada aura besoin d’une aide extérieure pour y parvenir plus rapidement. 

«Ils veulent que nous allions plus vite, et je suis prêt à aller plus vite», a-t-il indiqué, en parlant de ses relations avec la prochaine administration.

M. Blair a précisé qu’il demandait de l’«aide» à l’industrie de la défense et aux responsables à Washington, car une grande partie de ce que les Forces armées canadiennes doivent acquérir provient du complexe militaro-industriel américain.

Or, le ministre a soutenu qu’il était ralenti dans ses démarches par «les régimes actuellement en place pour les ventes militaires, les approbations du Congrès, et même les règles concernant la façon dont il discute avec ces industries américaines. 

Il a admis que cette cible de 2032 est «très loin» — et même «trop loin». Mais M. Blair considère que le litige autour des 2 % est «réglé», puisqu’Ottawa s’est engagé à mettre en place un plan pour y arriver. 

«Ils veulent que nous allions plus vite, et je suis prêt à aller plus vite», a-t-il déclaré, en parlant de ses relations avec la prochaine administration Trump.

Ces commentaires surviennent alors que le gouvernement libéral fait face à des critiques de plus en plus vives de la part des politiciens américains et d’autres acteurs pour le retard qu’il accuse par rapport aux dépenses des autres membres de l’OTAN. 

«Trump pouffera de rire»

En fin de semaine, lors du Forum sur la sécurité internationale d’Halifax, une conférence qui rassemble des législateurs et des chefs militaires du monde entier pour discuter des menaces à la sécurité mondiale, le sénateur républicain Jim Risch (Idaho) a déclaré que le Canada «devait vraiment faire mieux».

Donald Trump s’est souvent irrité contre les pays qui n’atteignent pas l’objectif de 2 %, et le sénateur Risch a déclaré que le président désigné «poufferait de rire» en prenant connaissance du calendrier actuel du Canada, qui vise 2032. 

Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires, a déclaré que l’objectif de 2032 laissait le Canada exposé à des risques alors qu’il s’apprête à entamer des négociations commerciales avec la prochaine administration sur l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACÉUM).

«Nous sommes en retard. On ne peut pas aborder une année où l’on procède à l’examen et au renouvellement de l’accord commercial le plus important de notre pays en étant sur la défensive, a-t-il dit. On ne peut pas être sur la défensive — et c’est clairement là où on est.» 

Son organisme a publié lundi un rapport appelant le gouvernement à mettre en place une série de réformes dans le domaine de l’approvisionnement militaire, notamment pour renforcer la base industrielle de défense du Canada et accélérer le plan visant à atteindre l’objectif de 2 % du PIB d’ici 2030, et non 2032, puis à le porter ensuite à 3 % d’ici 2035.

Lundi, lors de la 70e session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, à Montréal, le premier ministre Justin Trudeau a défendu le bilan des libéraux en matière de dépenses militaires, affirmant que son gouvernement avait «fortement augmenté» ces dépenses après son arrivée au pouvoir en novembre 2015.

En 2015-2016, les dépenses de défense du Canada étaient tombées sous la barre de 1 % du PIB. On s’attend à ce qu’elles soient de 1,37 % cette année.

Lors de son allocution à Montréal, prononcée exclusivement en anglais, le premier ministre a déclaré que le Canada était désormais «clairement sur la bonne voie» pour consacrer à la défense 2 % de son PIB, cible annuelle que le Canada s’était engagé en 2023 à atteindre lors du sommet de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie.

Le Canada se classe systématiquement en queue de peloton parmi les alliés de l’OTAN en ce qui concerne la part de son PIB consacrée à la défense. 

Le bureau du chef conservateur Pierre Poilievre a mentionné cet été qu’un futur gouvernement conservateur «s’efforcerait de respecter l’engagement du Canada en matière de dépenses liées à l’OTAN», bien que le parti n’ait pas fourni son propre calendrier.

David Perry, président de l’Institut canadien des affaires mondiales, a concédé que le gouvernement Trudeau avait augmenté les dépenses militaires au cours de son mandat, mais il soutient que ce gouvernement a toujours du mal à dépenser de l’argent assez rapidement.

«Ils ne débloquent pas encore l’argent à un rythme qui nous amènerait à 2 % du PIB d’ici 2032», a estimé M. Perry. «Les cinq à six prochains mois vont vraiment nous en dire beaucoup sur leur capacité à atteindre l’accélération vraiment énergique qu’ils ont prévu. C’est juste plus long que ce que tout le monde aurait espéré.»

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