Notre rouge gorge
C’est avec un grand plaisir que je reprends les chroniques ornithologiques après une pause de presque trois mois. Un long voyage en motorisé pour explorer le nord du Canada n’était pas l’environnement idéal pour poursuivre les chroniques.
C’est donc avec la tête remplie de beaux souvenirs de voyage et de belles rencontres ornithologiques que je reprends la plume, ou plus précisément le clavier.
Ce matin, il m’a réveillé. Comme à tous les autres matins de l’été d’ailleurs…
Et c’est toujours le dernier oiseau que j’entends chanter au coucher du soleil. En fin de compte, il ne dort pas beaucoup.
Peu importe où on demeure au Québec, il est omniprésent.
En consultant la liste des chroniques publiées depuis déjà quelques années dans les pages du Charlevoisien, je ne le retrouve pas… Bizarre. Je fais une recherche par nom : rouge gorge, merle d’amérique… rien.
Comment ai-je pu oublier l’oiseau le plus connu en Amérique?
Le Merle d’Amérique, dont le nom de Rouge Gorge lui fut donné à tort par les premiers colons de Nouvelle France, habite toutes les régions du Québec. Les européens lui ont donné le nom de rouge-gorge à cause de sa ressemblance avec le vrai rouge gorge européen. Mis à part la poitrine rougeâtre, les deux espèces n’ont rien en commun. Il a porté plusieurs noms : Litorne du Canada, grive, rouge gorge, ou simplement merle.
Il s’agit d’une grive, la plus grande de la famille des grives. Très facilement reconnaissable, cet oiseau fait 25 cm de long. Il arbore fièrement une poitrine de couleur cannelle, qui a de forts reflets roux. La tête est noire, une cercle blanc entoure l’œil, le fort bec est jaune, la gorge striée de noir et de blanc, et le dos est gris.
Le merle n’est pas discret. Il n’hésite pas à s’installer bien en vue sur un poteau de clôture pour chanter.
Le chant du Merle d’Amérique est fort et varié. Son grand succès est le fameux ‘thirili’, répété sans cesse du matin au soir. Il va aussi émettre plusieurs cris différents, dont un ‘tchip’ retentissant lorsqu’il est inquiet.
Le mâle se perche souvent au sommet d’un arbre, d’où il peut tout observer, revendiquer et défendre avec aplomb son territoire, et se faire remarquer par une femelle.
Avant tout un oiseau forestier, le merle a su s’adapter à la présence des humains. Les pelouses des villes, immaculées et bien engraissées, constituent un garde-manger intéressant pour le merle qui y trouve une source inépuisable de vers de terre.
Il nous arrive au printemps, aussitôt que les pelouses commencent à être soulagées de toute cette neige. Le mâle précède la femelle de quelques jours. On les distingue par les plumes de la tête. Pour lui elles sont noires, et grises pour elle.
Les merles d’Amérique ont la fâcheuse habitude de construire leur nid en un endroit exposé aux prédateurs. Il est commun de trouver le nid sur une branche basse, à la hauteur des yeux, le long d’un sentier. Inutile de dire que les chats et les ratons laveurs se régalent fréquemment des œufs de merle.
La population de merle est toutefois très stable. Il est fréquent qu’un couple de merles puisse avoir deux et même trois couvées par saison de reproduction.
Côté alimentation, c’est un gourmand. On a constaté que le merle pouvait manger l’équivalent de 4 mètres de vers de terre en une seule journée. Il aime le sucre et les insectes. Ces derniers représentent l’été plus de 42 % de son alimentation. Fraises, framboises et cerises comblent son penchant pour le sucre.
Avec l’arrivée de la saison froide, les merles se rassemblent et migrent vers le Sud. Mais ils ne vont pas bien loin. Les merles québécois vont en Nouvelle-Angleterre, ceux de la Nouvelle-Angleterre se déplacent en Virginie, et ainsi de suite.
Il est de plus en plus fréquent d’observer des bandes de merles qui décident de passer l’hiver chez nous. Il y a quelques années, une bande importante est demeurée tout l’hiver à Saint-Irénée, se nourrissant de fruits gelés aux branches. Est-ce qu’il s’agissait des merles « locaux », ou de merles provenant de la Côte-Nord, nul ne sait.
Soyez tolérant envers ce réveil matin qui marque bruyamment l’arrivée du printemps. C’est un compagnon ailé fidèle, facile à observer, partout.
Bonnes observations.
Michel Paul Côté
oiseauxcharlevoix@gmail.com
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