Un ancien traversier de L’Isle-aux-Coudres démantelé

Par Jean-Baptiste Levêque 7:00 AM - 10 novembre 2024
Temps de lecture :
L'ancienne La Marjolaine, devenue La Grande Hermine, lors de l'opération de démantèlement. Photo Michel Gosselin

Quelques semaines après le démantèlement de l’épave du Jean Richard, la Garde côtière canadienne a démantelé ces derniers jours un autre navire phare de l’histoire navale de Charlevoix, La Marjolaine, qui a relié quotidiennement L’Isle-aux-Coudres à Saint-Joseph-de-la-Rive au cours des années soixante.

L’opération s’est effectuée à Jordan, sur les berges du Lac Ontario, une fois de plus « dans le cadre d’un programme visant à retirer les épaves préoccupantes pour la sécurité humaine et pour protéger l’environnement », nous informe par courriel Hubert Desgagnés, conseiller scientifique du Musée maritime de Charlevoix.

Baptisé « Le Progrès », ce navire à vapeur a été construit à Lauzon en 1914, conçu alors pour relier Trois-Rivières à Sainte-Angèle-de-Laval. Le traversier avait une capacité de 25 automobiles et pouvait transporter plus de 450 piétons.

« Luxe ultime pour l’époque, le navire possède un éclairage et est renforcé pour naviguer dans les glaces. Autres luxes, ces messieurs ont droit à un petit salon pour fumer pipes ou cigares et pour ces dames, un autre petit salon, éloigné du premier, pour le confort et l’intimité des passagères », raconte Hubert Desgagnés.

En 1956, le petit bateau passeur devient la propriété du capitaine Stanislas Bouchard de Petite-Rivière-Saint-François. En quelques mois, le traversier devient « caboteur » et on le baptise du nom de la benjamine du capitaine : La Marjolaine.

À l’époque, les habitants de l’Isle aux Coudres n’ont toujours pas accès à un traversier capable de naviguer 12 mois par année. La goélette en bois qui fait le service ne peut pas naviguer dans les glaces. Il faut un bateau en acier. Rachetée, La Marjolaine débute ses traversées le 29 août 1959.

La Marjolaine en 1968, assurant la liaison entre L’Isle-aux-Coudres et Saint-Joseph-de-la-Rive. Photo René Beauchamp

Le bateau dessert l’Isle-aux-Coudres durant près de 15 ans. En 110 ans d’existence, il aura vécu de multiples transformations, vocations et propriétaires. Il « atterrit » en 1997 à Jordan, en Ontario.

Finalement abandonné, le bateau « accueille bientôt des jeunes sans abris qui, par un froid matin de janvier 2003, décident d’allumer un feu pour se garder au chaud. Mais le vent vient troubler les environs et le feu devient incendie, brulant presque toute la structure en bois. Une fois les pompiers partis, il ne reste qu’une forme calcinée aux tôles déformées », relate le conseiller scientifique.

Une inspection menée en mars 2021 par la Garde côtière canadienne a révélé que « l’épave pose un niveau de danger important pour l’environnement, ainsi que pour la santé, la sécurité et le bien-être du public ». Aux moyens de barges et d’équipements lourds, la coque rivetée de l’ancien traversier est déchiquetée morceau par morceau et disparait de façon définitive en octobre 2024.

Avec la collaboration d’Hubert Desgagnés

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire également