Chronique de Réjean Porlier ǀ USA, un pas de plus vers l’autocratie…

Par Réjean Porlier 9:27 AM - 6 novembre 2024
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Donald Trump. Photo Pixabay

Les partisans de la démocratie ont toutes les raisons de s’inquiéter ; Trump est de retour et par la grande porte. Il faudra bien l’admettre un jour, la victoire d’un personnage qui a tous les vices est avant tout l’échec d’un système qui a abandonné le peuple au profit des ultra-riches qui n’en ont jamais assez, et qui, pendant des décennies, ont dicté la politique américaine. 

Et ce scénario catastrophe, il se déroule à peu de chose près, dans toutes les démocraties du monde, à des rythmes différents, même ici au Canada et au Québec… je m’explique.

Un moment fort de cette tendance inquiétante est sans contredit la crise de 2008, alors que les grandes banques américaines ont floué la population. Vous vous souvenez l’épisode des papiers commerciaux ? Les banques ont proposé des investissements qui relevaient carrément de l’escroquerie, promettant des rendements qui ne tenaient qu’à la spéculation.

Ce qui devait arriver arriva… la bulle a finalement explosé et les dégâts pour l’économie furent catastrophiques.

Vous pensez que les banques ont fait les frais de leur fourberie ? Pas du tout, elles ont été renflouées et soutenues par le gouvernement pendant que les gens perdaient leur maison un peu partout au pays d’Oncle Sam.

Ce qui a fait le plus mal aux Américains, c’est que le complice de cette manœuvre pour renflouer les banques était nul autre que Barack Obama, l’homme qui représentait pour plusieurs, l’espoir, la voix du peuple, la justice.

Pensez-vous que ces grands donateurs qui mettent tous ces millions $$$ dans les campagnes électorales le font par altruisme ? On a exigé d’Obama le retour de l’ascenseur et c’est ce qu’il a fait. Voyez l’establishment comme un groupe d’investisseurs qui n’attendent rien de moins que le retour sur l’investissement.

Lorsque c’est l’argent qui mène les élections, il ne faut pas s’attendre à voir la démocratie briller de tous ses feux.

On est bien loin de la Loi électorale québécoise qui limite les dons aux candidats et aux partis politiques. Lorsque c’est l’argent qui mène les élections, il ne faut pas s’attendre à voir la démocratie briller de tous ses feux. Les riches ont le contrôle sur les candidatures et se battent entre eux pour positionner leur homme de main… car rarement, il y a des femmes, vous aurez remarqué. 

À ce moment-là, les Américains étaient à même de constater toute l’emprise de l’establishment sur la politique américaine. Un peuple qui souffre, pendant que les ultra-riches continuent de s’en mettre plein les poches. Voilà ce qui a mis, pour une première fois, la table à l’élection de Donald Trump. Il promettait de botter le derrière de l’establishment et de remettre les Américains au travail.

C’est bien connu ; lorsqu’il n’y a plus de beurre à mettre sur la table, l’homo sapiens ne réfléchit plus de la même façon et les grands discours sur la démocratie sont bien loin dans les priorités. Malheureusement pour nous, le rêve américain n’en est pas un de justice, mais d’envie. Envie d’avoir accès à ces standards de beauté et d’opulence, dont on nous bombarde continuellement.

Il y a toujours une nouvelle histoire de l’Américain parti de nulle part et devenu riche, mais rarement parle-t-on de cette autre réalité américaine d’extrême pauvreté et de la maladie comme cause de faillite.

Il y a toujours une nouvelle histoire de l’Américain parti de nulle part et devenu riche, mais rarement parle-t-on de cette autre réalité américaine d’extrême pauvreté et de la maladie comme cause de faillite.

L’establishment a vu cette première élection de Donald Trump comme une erreur de parcours et sa défaite à l’élection de 2020 les a confortés dans cette idée. Trump serait rapidement oublié, ont-ils pensé, et ses travers à l’égard des femmes et des immigrants le couleraient à jamais.

Alors, pourquoi laisser du lest et ramener un peu d’équilibre entre les classes ? Les maîtres du monde, cet establishment sans vergogne et sans le moindre intérêt pour la justice sociale a continué de faire ce dans quoi il excelle, presser le citron, toujours plus. Et le peuple excédé a de nouveau dit non à ce double standard, où une partie importante de l’Amérique a de la difficulté à joindre les deux bouts, pendant qu’une autre partie affiche sa richesse outrageusement. Une Amérique qui parle des deux côtés de la bouche, alors qu’elle s’indigne des atrocités perpétrées à Gaza, pendant qu’elle soutient la démesure des frappes israéliennes qui tuent femmes et enfants.

Probablement ces maîtres du monde se voient-ils comme les prochains oligarques d’un Donald Trump qui a tout du prochain dictateur.

Vous pensez que nous sommes à l’abri de tout ça ? Vous avez encore le droit, alors profitez-en !

Il y a cette phrase des Cowboys Fringants qui tourne en boucle dans ma tête : J’vois l’Amérique qui pleure dans mon rétroviseur.

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