Demandeurs d’asile: Ottawa protégera «les droits fondamentaux», rétorque Trudeau

Par Michel Saba 12:43 PM - 5 octobre 2024 La Presse Canadienne
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Le premier ministre Justin Trudeau tient une conférence de presse lors du Sommet de la Francophonie à Paris, en France, le samedi 5 octobre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a envoyé une pointe samedi à son homologue du Québec, François Legault, qui suggère que la moitié des demandeurs d’asile déjà établis au Québec doivent être déplacés de force vers d’autres provinces.

«Nous sommes là pour travailler de manière constructive tout en défendant les droits fondamentaux des personnes», a dit M. Trudeau, à Paris, lors d’une conférence de presse en marge du deuxième et dernier jour du Sommet de la Francophonie.

M. Trudeau a d’emblée affirmé qu’il veut éviter de mettre l’accent sur«des différents politiques domestiques» lorsqu’il est en voyage à l’international.

C’est pourtant précisément ce qu’a fait M. Legault tout au long de la semaine lors de sa visite en France qui débutait par une mission économique de trois jours.

Il a tour à tour évoqué l’idée de s’inspirer de la France pour créer des «zones d’attente» pour les demandeurs d’asile, puis de déménager de force 80 000 d’entre eux qui vivent au Québec vers d’autres provinces, ce qui lui a notamment valu les critiques des oppositions à Québec, du gouvernement fédéral et du Bloc québécois.

Or, des transferts obligatoires violeraient la Charte canadienne des droits et libertés, a signalé Ottawa. Et le gouvernement fédéral affirme qu’il est «hors de question» d’y déroger en invoquant la clause nonobstant.

Quant aux zones d’attente, M. Trudeau a simplement dit que «différents pays ont différents enjeux et différentes façons de s’y approcher». Et Ottawa travaille avec les provinces pour accueillir les demandeurs d’asile «de façon appropriée», a-t-il dit.

Le gouvernement Legault s’évertue à répéter que le nombre de demandeurs d’asile que le Québec reçoit «n’est plus tenable». Il constate aussi que l’approche d’Ottawa, de miser uniquement sur «la volonté» des provinces et des demandeurs d’asile, n’a en fait donné «aucun résultat».

Sur X, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a qualifié la visite de M. Legault en France de «voyage de la honte». Selon lui, M. Legault a été «incapable de faire preuve de la hauteur» qu’exige sa fonction de premier ministre.

«En 2018, après une série d’errances en matière d’immigration, il avait reconnu « ne pas être un génie en herbe » dans le domaine. Force est de constater que six ans plus tard, il n’a toujours pas réussi à y démontrer la moindre compétence ou pire, sensibilité», écrit-il.

M. Legault n’a pas prévu s’adresser aux médias samedi et son équipe a indiqué qu’il ne comptait pas réagir pour la journée.

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