Des fleurs des champs pour isoler vos vêtements

Par Jean-Baptiste Levêque 4:55 AM - 3 octobre 2024
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Martin Dufour dans son champ d'asclépiades, à Baie-Saint-Paul. Photo courtoisie

Sur sa terre du rang Saint-Antoine, Martin Dufour cultive non seulement des bleuets, mais aussi des asclépiades, fleur dont la fibre représente une alternative écologique dans la fabrication de vêtements. La Coopérative Monark, dont il est président, vise la mise en marché du produit dans l’industrie textile.

« Une partie de mes terres sont marginales, il y a beaucoup de roches. Avec l’asclépiade, on n’a pas besoin de retravailler le sol, la plante est vivace », explique le propriétaire de Baie-Saint-Paul, qui développe cette filière avec une vingtaine d’autres producteurs à travers le Québec.

Ils font partie de la Coopérative Monark, qui tire son nom du célèbre papillon dont la survie dépend des asclépiades. L’entreprise veut proposer « une alternative renouvelable et biodégradable permettant de réduire les fibres synthétiques et de source animale dans la fabrication de produits textiles ».

Martin Dufour précise aussi que « l’isolant d’asclépiade est de 30 à 60 % plus léger que les équivalents synthétiques sur le marché pour la même capacité thermique. Sans compter l’apport de la fibre d’asclépiade à la réduction des fibres pétrosourcées qui se retrouvent dans les océans et sites d’enfouissement. »

Pour le producteur, la culture de l’asclépiade contribue également à la santé des sols et à la biodiversité en milieu agricole. « On est capable de valoriser la plante à 100 %. On fait du fil avec la tige, les écorces broyées servent pour des cosmétiques », ajoute-t-il.

Échantillons de matelassé d’asclépiade de la Coopérative Monark.

Martin Dufour a commencé à cultiver des asclépiades en 2016. « Ça prend trois ans à faire un fruit. (…) On a commencé par vendre des fils de tricot sur des marchés publics », évoque-t-il. Jusqu’ici, la coopérative devait envoyer sa matière première en Europe afin de la transformer en matelassé isolant pour vêtements.

« On va acquérir une nouvelle machine en janvier 2025 pour pouvoir matelasser au Québec. C’est une étape importante », mentionne le président de la coopérative, actuellement en campagne de financement pour concevoir une paire de mitaines faite à partir d’isolant d’asclépiade et de cuir végétal.

Ce nouveau produit servira de carte de visite pour une future mise en marché. Pour atteindre ses objectifs, la coopérative devra aussi grossir ses rangs. « On doit recruter d’autres agriculteurs pour intéresser un fabricant », conclut Martin Dufour.

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