Raymond Cloutier revisite le Charlevoix contre-culturel des années 70

Par Jean-Baptiste Levêque 4:50 AM - 28 septembre 2024
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« Partis à la dérive » est le cinquième roman de Raymond Cloutier. Photo courtoisie

Le comédien et auteur Raymond Cloutier s’est replongé dans les souvenirs de son passage dans Charlevoix il y a 50 ans pour nous offrir Partis à la dérive, un roman sur les espoirs et les désillusions de la contre-culture des années 70.

Le roman raconte les destins de deux personnages qui vivent l’expérience d’une commune fondée à Saint-Joseph-de-la-Rive dans la mouvance contestataire de l’époque. « J’ai été embarqué en 73 par une aventure théâtrale. J’ai fait partie un peu de cette dérive-là. Ce n’est pas un livre qu’on pourrait qualifier d’autofiction, mais il y a beaucoup de vécu », confie l’écrivain.

Raymond Cloutier considère que Charlevoix était une région « extrêmement forte sur le plan contre-culturel. Il y a eu beaucoup d’explosion dans cette partie du Québec, j’en ai été témoin personnellement. »

Avant de vivre cette expérience, le jeune homme de l’époque était déjà « dans cette mouvance ». Il avait travaillé au pavillon de la jeunesse de l’Expo 67, qui a permis au Québec « une ouverture sur le monde ». Il a aussi passé une partie des années 1968 et 1969 en France, marquée par les manifestations et les grèves de mai 68.

« Les conséquences de mai 68 à Paris se sont portées jusqu’ici », se rappelle Raymond Cloutier. « Ça a créé une modernité rapide au Québec. C’est une société qui était très traditionnelle, très rigide moralement et qui a basculé à l’intérieur de quelques années. »

Si la création de communes et l’amour libre ont « été un phénomène de libération majeur », Raymond Cloutier transpose aussi dans son livre ce qu’il appelle « la dérive, c’est-à-dire qu’à un moment donné, tout ça s’est décomposé et puis on a eu des conséquences des fois désastreuses ».

Il utilise même un terme bien québécois pour dire que ça s’est « déglingué », parlant d’une « remise en question assez importante. Une partie de ceux qui étaient dans ces mouvements là se sont retrouvés un peu en passivité, dans une sorte d’errance sociale ».

Pour l’auteur comme pour ses personnages, « ça a été un peu la fin du rêve ».

Partis à la dérive, publié chez Art Global, permettra à une certaine génération de le revivre et à d’autres de le découvrir.