Il faut sauver le quartier Saint-Joseph!

Baie-Saint-Paul vue du ciel, avec l'identification du mur de soutènement de la rue Ménard. Photo Google Images

« La force d’une chaîne se mesure au plus faible de ses maillons. » Cela est aussi vrai pour une digue, ou mur de soutènement, qui borde un méandre, comme la rivière du Gouffre. À la différence d’une chaîne, toutefois, son point faible n’est pas dans sa composition, mais dans sa situation.
Pour preuve, il suffit de montrer les deux photos ci-haut (une photo tirée de Google Images et un détail de la photo aérienne de 1947, dans la salle du conseil municipal de Baie-Saint-Paul) à 200 personnes qui n’ont jamais entendu parler de l’inondation du 1er mai 2023 et de leur demander à quel endroit précis la digue risque de céder un jour… Et toutes vous répondront en indiquant exactement le point où elle a cédé. C’était le maillon de la chaîne le plus faible, parfaitement visible avant le 1er mai 2023, tout comme était prévisible la dévastation du pittoresque et historique quartier Saint-Joseph, à Baie-Saint-Paul.
Une photo vaut mille mots, dit-on… à condition de les trouver. La rivière du Gouffre, comme tous les méandres, crée naturellement des presqu’îles (espaces de terre entourés d’eau sur trois côtés). L’effet de l’érosion, pendant plusieurs milliers d’années, ou par un changement subit du cours de la rivière, peut créer une île. Le quartier Saint-Joseph est une presqu’île. La photographie aérienne de 1947 montre la digue autour du quartier et les maisons déjà construites laissent croire qu’elle date d’au moins cent ans. Depuis ce temps, rien n’a altéré le profil et les dimensions du quartier Saint-Joseph, ni le cours de la rivière. Il n’y a eu aucune érosion.
Les « changements climatiques » sont une réalité à ne pas nier. Mais en ce qui concerne l’inondation du quartier Saint-Joseph, le 1er mai 2023, il semble évident que ce phénomène n’a qu’un rapport lointain avec l’évènement. L’inondation a touché plusieurs secteurs, qui ont tous leurs particularités et leur historique d’aménagement des cours d’eau et des rives, sans compter le facteur humain : réduction du lit des rivières, accélérant le débit, coupes de bois dites « à blanc », jusqu’aux rives, sans reboisement…
Et pourtant, dès le lendemain, sans consultation, ni connaissance de la région, des ministres du gouvernement du Québec, le 1er en tête, ont proclamé, sans nuance aucune, que « les changements climatiques » étaient la cause de tous les dommages, et qu’il s’agissait d’une fatalité incontournable et irréductible.
La pensée politicienne est comme l’eau, elle va au plus court. On se souvient que, dès le lendemain de l’accident d’autobus du 13 octobre 1997, le ministre Jacques Brassard annonçait, et une enquête sur les causes de l’accident, et la reconstruction de la côte des Éboulements. Et que plus d’un an, et des millions de dollars plus tard, les conclusions de l’enquête « acquittaient » l’ancienne côte de toute responsabilité.
Avant d’interdire toute reconstruction dans le quartier Saint-Joseph, avec effet sur le financement (Desjardins a déjà notifié sa désertion), et de renoncer à y accueillir de nouveaux arrivants, et aux revenus fiscaux générés, il faut que vérité soit faite, si gênante soit-elle, sur la cause de la dévastation du quartier.
En utilisant des moyens innovants de lutte aux inondations en amont des lieux habités (que les normes d’édition de Le Charlevoisien – que nous remercions – ne nous permettent pas d’exposer), et par la construction d’un rempart adapté, enfin, au cours de la rivière, la presqu’île résidentielle chargée d’histoire pourrait être restaurée, plus sécuritaire encore qu’avant le flot. Il faut sauver le quartier Saint-Joseph!
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