Industrie forestière: «faut que la saignée cesse», lance le directeur d’Unifor

Par Lia Lévesque La Presse Canadienne 3:40 PM - 10 septembre 2024
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De gauche à droite, Luc Vachon, président de la CSD, Daniel Cloutier, directeur québécois d'Unifor, Kevin Gagnon, de la Fédération de l'industrie manufacturière, et Dominic Lemieux, directeur québécois du syndicat des Métallos, photographiés lors de leur sortie commune en faveur d'un plan de soutien à l'industrie forestière, à Québec, le 10 septembre 2024. Photo prise par Jacques Boissinot / La Presse Canadienne

Inquiets pour les dizaines de milliers de travailleurs qu’ils représentent, les grands syndicats de l’industrie forestière demandent au gouvernement du Québec de sortir de sa torpeur face à la «crise sans précédent» qui menace les emplois, l’industrie et les régions.

«Faut que la saignée cesse», s’est exclamé en entrevue Daniel Cloutier, directeur québécois d’Unifor, qui est affilié à la FTQ. Unifor représente à lui seul 15 000 travailleurs dans l’industrie.

Droits compensatoires américains sur le bois d’oeuvre, feux de forêt, changements climatiques et protection du caribou forestier; les défis qui se posent à l’industrie forestière font que Québec doit «agir en urgence», ont plaidé ces organisations syndicales.

Québec doit adopter une véritable politique industrielle pour la forêt, avec un fonds de transition dédié à la forêt, des mesures pour soutenir le développement de la deuxième et la troisième transformations du bois, la diversification et l’utilisation du bois. À court terme, il faudra aussi soutenir les travailleurs affectés par les fermetures et consolidations.

Le dirigeant syndical plaide aussi pour un dialogue permanent sur la forêt. «Ça prend un leadership du gouvernement. On a perdu 30 000 emplois dans les 20 dernières années», a déploré M. Cloutier, qui dénonce la lenteur à agir du gouvernement du Québec.

«Pas besoin d’une chicane constitutionnelle»

Mais il écorche aussi le gouvernement fédéral, qui vient aggraver la situation avec ses ultimatums et son décret sur la protection du caribou forestier. «On n’avait pas besoin d’une chicane constitutionnelle» par-dessus tous les bouleversements que vit l’industrie, tonne M. Cloutier.

«Des pertes d’emploi de 14 000, des dizaines de milieux de travail fermés, des communautés affectées, le Témiscamingue en danger, le Nord de l’Abitibi en danger, la Gaspésie en danger, la Côte-Nord en danger. Ça, on pense qu’ils ont les bons chiffres. Maintenant, est-ce que c’est vraiment ça qu’ils veulent précipiter à ce moment-ci? Parce qu’on n’a pas besoin de ça non plus», s’est exclamé M. Cloutier.

Les quatre grandes organisations qui représentent les dizaines de milliers de syndiqués de l’industrie au Québec — Unifor et les Métallos, tous deux affiliés à la FTQ, ainsi que la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) et la Fédération de l’industrie manufacturière, affiliée à la CSN — ont ainsi fait une sortie commune, mardi, à Québec, pour réclamer que Québec agisse enfin.

«Les discussions doivent se tenir à visière levée, au grand jour, et non se résumer à des tractations secrètes entre les compagnies privées et le gouvernement. Les travailleurs(ses) doivent être impliqué(e)s; c’est de leurs emplois et de la vitalité de leurs communautés dont il est question», ont plaidé, aux côtés de M. Cloutier, Dominic Lemieux, directeur québécois du syndicat des Métallos, Luc Vachon, président de la CSD, et Kevin Gagnon, président de la Fédération de l’industrie manufacturière.

La ministre critique Ottawa

La ministre des Ressources naturelles et des forêts, Maïté Blanchette Vézina, a une fois de plus montré du doigt le gouvernement fédéral pour la «couche d’incertitude» qu’il a ajoutée au «contexte économique qui n’est pas facile» pour l’industrie, avec son intention de protéger le caribou forestier par décret.

«On pourra s’asseoir lorsque la menace de décret sera retirée», a-t-elle lancé.

Quand un reporter lui a demandé si son ministère avait toujours des discussions avec le gouvernement fédéral à ce sujet, elle a répondu: «on est toujours en canal de communications».