Pour une révolution verte en éducation

Connaissez-vous  l’écoéducation par la nature? Dans Charlevoix, Anik Pommier est une ambassadrice passionnée de ce mouvement pédagogique qui fait éclater les murs de la classe et dont les bienfaits sont de plus en plus reconnus à l’échelle mondiale. Dehors, les enfants!

«L’éducation par la nature fait lentement son chemin dans le milieu scolaire québécois. On voit de plus en plus de profs intéressés. D’ailleurs, l’Université de Sherbrooke a une chaire de recherche sur l’éducation en plein-air de la faculté de l’éducation assez réputée», explique Mme Pommier. Enseignante en adaptation scolaire, cette dernière a également complété un AEC en écoéducation par la nature au Cégep de Rivière-du-Loup, l’une des premières écoles à offrir la formation dans la province.

Les bienfaits de l’écoéducation par la nature sont quasi innombrables, s’enthousiasme la pédagogue, elle-même maman d’une fillette de moins de deux ans.

« Une étude de la société canadienne de pédiatrie publiée en 2024 réitère que c’est important de favoriser la prise de risque, la pratique du jeu libre… L’éducation par la nature a des impacts positifs sur les enfants. On constate une augmentation de la capacité de concentration après un 20 minutes en nature. Ça favorise l’autonomie, la confiance en soi, le leadership, la résolution de conflit… »

Ce point est particulièrement intéressant. «On travaille le volet socio affectif avec la régulation de l’humeur. La sensibilité au conflit est vraiment moins grande en nature! Je le vois avec ma propre fille et ses amis : il y a beaucoup moins de chicane quand on est en forêt!», illustre-t-elle avec un sourire convaincant.

Le développement moteur est amélioré par l’écoéducation. « On parle d’un meilleur équilibre, d’une acuité visuelle accrue, d’amélioration de la proprioception… », enchaîne cette enseignante version plein air.

Les bienfaits sont nombreux pour toutes les tranches d’âge. « C’est certain que c’est plus facile à intégrer avec les tout-petits, mais on parle aussi souvent d’éducation par le plein air pour les élèves en difficulté au secondaire, par exemple. L’objectif devrait être de démocratiser cette nouvelle forme d’apprentissage, parce que pour l’instant, ce sont surtout les écoles alternatives, avec des enfants dont les parents sont déjà sensibilisés, qui intègrent l’écoéducation dans leur cursus », indique Mme Pommier.

Affiliée à la coopérative saguenéenne Au Grand Air, elle compte faire sa part pour que les jeunes de Charlevoix y aient accès. Les activités en nature, les Clubs Explorateur et les formations sont les trois grands axes d’intervention d’Au Grand Air.

Cet été, un premier Club Explorateur a vu le jour sur le site des Jardins du Cap-aux-Oies. Anik Pommier en est la facilitatrice. «Les enfants ont entre 2 et 5 ans. On a un petit coin en forêt pour nos activités. On se réunit 4 fois cet été pour des périodes de trois heures. Il y a beaucoup de jeux libres, la lecture d’une histoire, des activités proposées… »

Pour la suite, le volet scolaire est à développer.

«J’ai fait des ateliers dans quelques écoles, et je vois l’ouverture du milieu scolaire et j’aimerais qu’Au Grand Air soit une ressource pour le centre des services scolaires, pour animer des activités en nature et pour former des profs qui ont un intérêt envers l’écoéducation. »

Diplômée de l’université il y a 6 ans,  elle se rappelle que l’éducation par la nature n’était absolument pas à l’ordre du jour.  

« Ce n’était pas du tout dans mon cursus. Ce qu’on apprenait était très très « intraclasse »,  mais j’ai fait mon projet de fin de bac sur l’éducation à l’extérieur de la classe.  Mais je pense que ça change et que ça dépend où on est formé.  Au Saguenay, par exemple, ça fait longtemps que les écoles intègrent la nature dans leur curriculum. »

Dans cette même région, Au Grand Air travaille depuis 2018 dans différents milieux et forme de plus en plus de personnes-ressources dans les écoles, les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies.

« C’est le but, de toucher le plus de monde possible! » conclut l’ambassadrice de l’éducation par la nature.

Photos des ateliers: courtoisie Au Grand Air Charlevoix