Le Festif! a 15 ans, vive le Festif!

En 15 ans, Le Festif!, un petit festival créé avec trois, quatre bricoles et surtout le montant des prêts et bourses universitaires du directeur artistique et général Clément Turgeon, est devenu un solide et toujours sympathique ado que tout le monde adore!

« Ce qui est fou, c’est qu’on vieillit en même temps que le festival. Ça veut dire que tu as de 15 ans  de plus qu’au début et tout est mélangé parce que Le Festif! est tellement dans nos vies!  15 ans, c’est une étape de vie! »

Mais Le Festif! ne saurait exister sans Baie-Saint-Paul et ses citoyens, rappelle Turgeon. « Année après année on réussit à rameuter le monde autour du Festif! Après 15 ans, on est encore plus soudé avec la communauté et ça, ça permet des affaires que personne fait : des batailles de fanfare à 2h du matin, des shows dans des cours privées, dans la caserne de pompier… »

Cette idée lui est d’ailleurs venue d’un séjour festivalier en Islande. Privilège et preuve que le Festif! a pris du galon, son directeur a le plaisir de découvrir d’autres événements ici et ailleurs.

« De voir des façons de faire différentes, c’est l’fun et inspirant! En Islande, j’ai vu un show dans une banque et ça m’a donné envie de faire un truc du genre, des shows intérieurs, dans des lieux inusités. On a décidé de faire la série Urbania chez Origène, à la caserne de pompiers, d’explorer des places qu’on pense pas… J’ai dit à notre chef pompier Alain Gravel, « Si la banque le fait, qu’en penses-tu? » Et ça été oui tout de suite! »

Baby’s berserk se produira dans cette enceinte singulière cette année.

Spontanéité, renouvellement, communauté sont les trois mots que Clément Turgeon utiliserait pour décrire le Festif!

« Chaque année on s’assoit et on se dit « qu’est ce qu’on fait de nouveau? » On a tout le temps des nouveautés, des nouveaux sites, beaucoup d’artistes qui sont jamais venus, qui en sont à leur premier Festif!… On se renouvelle encore et on a encore notre place de chouchou de ben du monde! Ce n’est pas évident de garder le même engouement! »

Mais le Festif! n’est pas comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf de Jean de La Fontaine.

Son statut de grenouille (salut P’tit Belliveau!) lui convient très bien, même si on est plus de l’ordre de l’ouaouaron dodu à ce stade-ci.  On estime que plus de 40 000 personnes convergeront vers Baie-Saint-Paul cette année.

«On a changé nos angles de communication. Avant, on était en mode « vente de billets », on splashait partout à 2 semaines de l’événement pour attirer les foules. Maintenant, on est plus conservateurs dans nos partenariats. Musicalement, on reste accessible, il y en a pour tous les goûts, mais la programmation est de plus en plus nichée.  Et c’est aussi pour ça qu’on a plein de shows gratuits d’artistes peu connus. Si je les mets payant, personne va y aller! Ah!ah! »

De son côté, il a particulièrement hâte d’entendre Bombino, Soul Glow et le trio de jeunesses puissantes Leroy, la Rose et le lou(p).

Croiser les artistes dans « sa » ville l’émeut toujours un peu. « Voir les membres du groupe japonais Bo Ningen dans leurs grandes robes psychédéliques ou Xavier Rudd pieds nus dans ma ville, j’aime ça! »

Ce qui a le plus changé depuis l’an 1, outre son salaire de directeur général et artistique?

« La professionnalisation! Le fait qu’Anne-Marie et moi, on n’est plus essentiel sur le terrain. Ça m’angoisse un peu parce qu’on a tellement été habitué de tout faire, de mettre la main à toutes les étapes, de charrier des clôtures…  C’est le plus déstabilisant, mais l’équipe est rodée! »

Et quelle équipe! Cette année, 750 personnes contribueront au Festif!

« La gang de logistique sont une centaine, les techniciens aussi, la sécurité environ 70, les bénévoles 450… C’est impressionnant! », souffle Clément Turgeon, qui pratique son lâcher-prise. Et profite de l’événement!

Le Festif! est définitivement dans la cour des grands. Dans le cadre du tournage d’une série documentaire, une équipe de Télé-Québec est sur place pour toute la durée du festival. « Ils ont choisi quatre événements. Saint-Tite, le FEQ, les Franco et nous! », lance Clément Turgeon, pas peu fier.