Printemps difficile dans les ruchers charlevoisiens: la résistance génétique s’organise

En encourageant la naissance de nouvelles reines à partir de ruches plus résistantes au varroa, l'apiculteur Alexandre Côté espère donner un coup de pouce à son cheptel, ainsi qu'à celui des apiculteurs de la région. Photo courtoisie
Le varroa destructor fait des ravages dans le monde apicole et les ruches de Charlevoix n’y échappent pas. Hydromel Charlevoix a perdu plus de 50% de ses abeilles et le constat n’est guère plus réjouissant chez les autres producteurs. Mais la résistance s’organise, une reine à la fois.
«On a eu des grosses pertes, plus que la moitié, ce qui est pas mal similaire à ce qui est arrivé ailleurs au Québec. 95% de ces pertes sont imputables au varroa », résume Alexandre Côté, apiculteur-propriétaire chez Hydromel Charlevoix.

L’autre 5% est imputable aux aléas météorologiques. « On hiverne toutes nos ruches à l’extérieur et quelques abris sont partis au vent », indique M. Côté. L’ennemi numéro 1 demeure le tenace varroa destructor, de son nom latin.
«Le varroa se reproduit dans la larve de l’abeille et pond 2 à 3 bébés par larve. Considérant que la reine pond de 1000 à 2000 œufs par jour, ça fait des infestations très dures à contrôler. Quand il y a un printemps hâtif, comme les deux dernières années, le parasite se développe de façon exponentielle. Là, on vit avec les dommages du printemps 2023», explique l’apiculteur.
La lutte est constante. « Toutes nos opérations dans les ruches sont faites en fonction de gérer le parasite. On a une approche biologique, donc pour nos traitements, on utilise des acides organiques que les abeilles sont capables de gérer, mais pas le varroa. Mais ça ne va pas toucher le parasite sous les cellules. »

Ce sont les virus que le parasite transmet qui tueront les abeilles durant l’hiver. « Même en faisant tout ce qu’on peut, le parasite résiste. On s’y attendait, on n’a pas été surpris», résume l’apiculteur.
Alexandre Côté a choisi d’élaborer une stratégie de combat sur le long terme.
« On pourrait racheter des abeilles ou faire sans cesse des traitements, mais nos abeilles ne développeraient jamais de résistance, donc j’ai choisi de travailler sur le programme de génétique », explique-t-il.
Lors des inspections menées dans ses ruches, l’apiculteur a identifié les colonies qui démontraient une résistance au varroa. « Parmi les 12 meilleures ruches de l’été dernier, on en a choisi deux pour produire nos cellules royales, les futures reines », explique-t-il.
Ces super « cellules royales » (reines sur le point d’éclore) sont également distribuées aux autres apiculteurs de la région. « Même si j’améliore la génétique de mon cheptel, s’il rentre en contact avec des abeilles infestées, c’est peine perdue. Si tout le monde a des taux d’infestation plus bas, on n’aura pas d’infestation monstre. »

Il rêve d’une région sinon exempte de varroa, du moins plus résiliente. « Il faut qu’on propage cette génétique dans l’optique de créer, éventuellement, une région où les abeilles à miel résistent au varroa, peu importe où on installe nos ruches», estime-t-il.
Le processus pourrait prendre plusieurs années. « Ce n’est pas magique, mais il y a de l’espoir », indique Alexandre Côté.
Un vétérinaire du MAPAQ offrira une conférence sur le thème du varroa le 5 juillet prochain chez Hydromel Charlevoix. Les détails seront diffusés sur la page Facebook du MAPAQ.
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