Symposium d’art contemporain de Baie-Saint-Paul: La vie rêvée de Josiane Lanthier

Josiane Lanthier.
En 2019, Josiane Lanthier était de la première cohorte à effectuer une résidence d’artistes aux Ateliers de Maison Mère, à Baie-Saint-Paul, alors qu’elle n’avait jamais mis les pieds dans Charlevoix. Elle y réside depuis plus de trois ans maintenant et est, à sa grande joie, de la 41e cohorte du Symposium international d’art contemporain qui se déroule tout le mois d’août au Pavillon Jacques St-Gelais Tremblay du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul.

« Je ne connaissais même pas le Symposium d’art contemporain avant de faire ma résidence… Shame on me! Quand je vivais à Montréal, je ne pouvais pas voyager, je n’avais pas de cash », admet sans détour Josiane, pour qui le vent a tourné depuis. Représentée par la « galerie d’art effervescente » Champagne et Paradis, à Kamouraska, elle signe une première collaboration avec le galeriste émérite Simon Blais à Montréal cet été. Partout où elles s’étalent, ses œuvres iridescentes captivent les regards!
Dire qu’elle est tombée sous le charme de Charlevoix est un euphémisme. Entre la pétillante artiste et la grouillante Baie-Saint-Paul, le coup de foudre a été instantané. Et incarné.
« Un an après ma résidence à Maison Mère, je déménageais! », rigole-t-elle en butinant, l’air incrédule, au milieu de son immense atelier où les murs et une partie du plancher sont tapissés de tableaux à la polychromie vibrante.
Jadis criblés de trous noirs, habités de formes tortueuses écrues ou bistres, traversés de rares éclairs carmin, les tableaux de Josiane Lanthier sont aujourd’hui de gais amalgames de vert pistache ou limette, de magenta éclatant, de jaune pissenlit, de turquoise pimpant, d’orange fluo… Les corps et visages souffrants ont cédé le canevas aux montagnes psychédéliques, aux arbres phosphorescents, aux lacs et rivières bleu électrique… Les œuvres qu’elle créera au symposium se nourrissent à la même palette arc-en-ciel!
Dre Lanthier, « psy des couleurs »
Son projet au Symposium, intitulé Les muses, tire complètement parti de l’obligatoire rencontre entre l’artiste et son public. « Ça peut être exigeant pour les artistes qui participent au Sympo de jaser tout le temps. J’utilise ça, cette rencontre, pour l’intégrer. Je suis la psychologue des couleurs! », lance-t-elle.
Dans son atelier cocon chaleureux, entre son divan-lit et ses plantes, elle s’interroge sur le rapport à leur propre corps de ses visiteurs.

« J’invite les gens à venir me partager une partie d’eux qu’ils aiment, et pour quelles raisons… Ça m’aide à comprendre qui ils sont. Je fais un croquis qui deviendra une petite toile sur canevas et le résultat final à la fin du Symposium sera une grande courtepointe reliée par la couture », explique-t-elle.
La GO du Sympo
Familière avec les moindres racoins de sa ville d’adoption, Josiane Lanthier a déjà commencé à jouer les guides touristiques pour ses collègues artistes venus d’aussi loin que la Nouvelle-Zélande. « Il y a le Marché public, le Ciné dans l’pré… On va aller chercher des saucissons aux Viandes Bio, du fromage au Migneron, pique-niquer à la plage, se baigner à la rivière… Je suis comme un GO! », lance-t-elle en s’esclaffant.
Synesthésie 101

« Ça goûte bleu, hein? » Alors qu’elle partageait une collation avec un ami, Josiane Lanthier a lancé tout bonnement cette remarque. Ce jour-là, à 25 ans, elle a réalisé que tout le monde ne « goûtait » pas les couleurs… « Je pensais que c’était normal, que tout le monde était comme ça… Une recherche approfondie sur Google m’a permis de comprendre que je suis synesthète! », s’esclaffe-t-elle. Ainsi, les sons, comme les saveurs, se colorent lorsqu’ils entrent dans son champ de perception. Un rapport intime à l’échelle chromatique, en quelque sorte. « Même quand je rencontre des gens, je vois leur couleur », lance-t-elle, m’attribuant du même souffle les bien-aimées « framboise » et « sarcelle ».
Josiane Lanthier participe ce 3 août au premier 5@7 du jeudi du Symposium 2023. Elle sera de la partie avec Rosalie Gamache, Antoine Lortie et Pascal Caputo. La rencontre se tient au Pavillon Jacques St-Gelais Tremblay du MACBSP. Vous pouvez la voir tous les jours durant les heures d’ouverture dans sa classe-atelier de l’ancienne école Thomas-Tremblay.
(NDLR: Une version de ce texte a été publiée dans le magazine Destination Charlevoix été 2023.)
Choix de couleurs
Lilas : le lilas, pour moi, c’est un mauve blanchi, doux. C’est la couleur du spleen, mais du spleen réglé…
Rose : Le rose n’existe pas dans le cercle chromatique. C’est la joie !
Orange : Pour moi, l’orange c’est un rouge ensoleillé.

Des artistes inspirantes
« Hilma af Klint ! Elle était tellement avant-gardiste… Se doutant que ses tableaux abstraits choqueraient ses contemporains, elle a demandé à son héritier, son neveu, de ne sortir ses tableaux abstraits que 20 ans après sa mort ! Ça prendra un autre 20 ans avant qu’ils soient exposés. Son travail est extraordinaire, j’espère atteindre ce niveau un jour ! »
« Françoise Sullivan. J’aime ses gros tableaux, je suis sûre qu’elle danse quand elle peint tellement c’est grand et physique ! Et c’est ce que j’aime le plus moi aussi, danser avec le tableau… Comme elle, je veux peindre jusqu’à 100 ans ! »
Josiane Lanthier et Françoise Sullivan ont eu quelques occasions de se rencontrer récemment. Elles ont partagé une exposition à Montréal et Mme Sullivan était de l’ouverture du Symposium à titre de présidente d’honneur. La plus jeune se pince encore pour y croire. La plus sage a d’ailleurs confié adorer le travail de cette jeune première, qui aurait sans doute été comme un poisson dans l.eau parmi les signataires du refus global, fut-elle née à la bonne époque…

Le Symposium 2023 en bref
La présidence d’honneur
La grande Françoise Sullivan célèbre cette année ses 100 ans. Pour souligner cet anniversaire, le Symposium, auquel cette doyenne des arts visuels et de la danse au Canada a participé en 2000, l’accueille en tant que présidente d’honneur.
La thématique
Figures : Qui est « Je » ? Qui est « Nous » ?
Qu’est-ce qui nous construit en tant qu’individu, en tant que collectif ? Les artistes du 41e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul offriront, chacun à sa façon, « une réflexion sur nos assises intérieures et sur les multiples facettes qui nous composent individuellement et collectivement ».
Vous voulez y aller ?
Du 28 juillet au 27 août
Pavillon Jacques St-Gelais Tremblay du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul
27, rue Ambroise-Fafard, Baie-Saint-Paul
symposiumbsp.com
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