Agressions sexuelles par des religieux : des victimes réclament  20 M$

Par Dave Kidd 11:54 AM - 17 juillet 2023
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Un homme de 70 ans de Baie-Saint-Paul est le demandeur d’une action collective de 20 M$ pour des personnes agressées sexuellement par des religieux de la congrégation des Frères Maristes au Québec. 

Dans la requête déposée en Cour supérieure le 11 juillet par la firme Kugler Kandestin de Montréal, on apprend que 6 autres personnes auraient été agressées dans des établissements de Charlevoix entre les années 1950 et 1984. Le document fait état de 22 victimes.

L’action vise à établir la responsabilité solidaire des défenderesses pour la réparation des agressions sexuelles systémiques par de nombreux religieux de la congrégation religieuse connue comme l’Institut des Frères Maristes des Écoles.

Les agressions relatées dans la requête concernant Charlevoix se seraient produites au Collège de Baie-Saint-Paul , à Saint-Urbain, à Baie-Saint-Paul et Clermont. Les frères Athanase Fortin, Roger Langlois, Philippe Pinard, Ludger et Ferland sont cités.

La demande introductive d’instance en action collective vise Les Frères Maristes et Œuvres Rivat (jadis les Frères Maristes d’Iberville, Fonds Arthur-Caron, Fonds Bedford, Fonds Mission Maristes et Œuvre vie nouvelle (jadis les Frères Maristes de Québec).

Le cas du Demandeur

Dans la requête, on écrit que le Demandeur, identifié par B. , a grandi à Baie-Saint-Paul et qu’il a connu une enfance heureuse et s’entendait bien avec ses parents qui étaient stricts sur le plan scolaire et religieux, mais affectueux et aimants.

En 1960, B. est âgé de 8 ans. Il fait la rencontre du Frère Athanase Fortin. À cette époque le religieux est conseiller en orientation auprès des jeunes et travaille dans des écoles de la région.

Le frère est décrit dans le document légal comme un « homme très charismatique qui voulait se rapprocher de B. et de se frère ainé au prétexte de vouloir aligner les enfants adéquatement dans les études ce qui plaisait au père de B. puisque ce dernier travaillait dans le domaine de l’éducation ».

L’action mentionne que le Frère Fortin « donne beaucoup d’attention à B. et à son frère et il amène les enfants faire des tours d’automobile dans de petites routes rurales au prétexte de leur apprendre à conduire ».

« C’est ainsi que les agressions sexuelles ont commencé alors que le Frère Fortin fait conduire son frère, il met sa main à l’intérieur de ses pantalons puis des culottes de B. et fait des attouchements pendant plusieurs minutes qui se transforment en masturbation », lit-on aussi.

« Les agressions sexuelles ont lieu à l’occasion de chaque tour d’automobile soit plusieurs fois par mois », soutient-on dans la requête. Des agressions auraient aussi été commises dans la chambre du Frère Fortin située dans son bureau de l’école Baie-Saint-Paul au cours de la fin de semaine.

Le Frère Directeur à cette époque était le Frère Benoit Paré. Il aurait été témoin que le Frère Fortin amène B. dans sa chambre. « B. se souvient d’une altercation entre les deux religieux dans le couloir…durant laquelle le Frère Pagé confronte le Frère Fortin à savoir ce qu’il fait avec le petit dans sa chambre. Les deux montent la voix et le Frère Fortin rétorque : toi tu t’envoies (sic) ta secrétaire, viens pas me faire chier (sic ) avec mes affaires ».

« Malheureusement, le Frère Paré ne fait rien et le Frère Fortin continue à agresser sexuellement B. et d’autres enfants », souligne aussi la requête.

B. aurait été agressé pendant 7 ans.

Le Frère Fortin est aujourd’hui décédé. Il est mort dans un accident de voiture.

« B. réclame des dommages-intérêts non pécuniaires au montant de 450 000$ pour compenser toute sa douleur, souffrance, angoisse, perte d’estime de soi, honte, humiliation, inconvénients, etc., découlant des agressions ».

Il réclame également des défenderesses, solidairement, une somme de 500 000$ pour ses pertes pécuniaires découlant des agressions sexuelles, incluant sa perte de productivité et de capacité de gains, et le frais de thérapie qu’il souhaite entreprendre pour traiter les séquelles découlant des agressions sexuelles ».

Les avocats Kugler Kandestin affirment avoir reçu plusieurs dénonciations et victimes de religieux des Frères Maristes sous le sceau de la confidentialité et du secret professionnel.

Le cas du membre #1 que l’on peut lire dans la requête fait état d’un élève de l’école Jean-Talon de Clermont où le Frère Fortin enseignait.

« Le Frère Fortin demandait au membre #1 de venir à son bureau où il l’a agressé sexuellement à de nombreuses reprises ». Des gestes qui se seraient produits tout au long de l’année scolaire 1961-62. « Il est resté marqué à tout jamais par les agressions sexuelles qui le hantent encore aujourd’hui », écrit-on dans la procédure qui tient sur 33 pages.

Pour les avocats, « vu le caractère systémique des agressions sexuelles et la facilité avec laquelle les Religieux FM ont perpétré celles-ci, il est évident que l’Institut était au courant que les agressions sexuelles étaient commises par ses Religieux FM ».

Ils ajoutent que l’Institut a notamment omis d’instaurer des politiques et des mesures de sécurité ou de surveillance permettant de prévenir et de mettre fin aux agressions sexuelles ».