« Charlevoix était déjà sur la map. Je lui ai permis de rayonner un petit peu plus ».
Pour Daniel Gauthier, la mise sur les rails d’un train et la construction de l’hôtel devenu le Germain Charlevoix ont marqué un « tournant » dans l’offre touristique. « C’est ça qu’on voulait faire en créant quelque chose de plus grand que la montagne. Le Club Med fait aussi sa job. Des vols directs de Québec vers l’Europe, il n’y en avait pas avant », analyse-t-il.
Le projet du Massif constitue le risque financier le plus important de l’homme d’affaires. « J’en ai mis pas mal d’argent. Il y a eu des essais-erreurs. Ne pensez pas qu’on a fait de l’argent en revendant le premier train qu’on a eu », dit-il.
C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il confie que, pour la première fois de son histoire, la station de ski de Petite-Rivière-Saint-François a dépassé cette saison la marque des 200 000 jours-ski pour atteindre le plateau des 210 000. Une marque réalisée dans un contexte où la station applique une politique de contingentement, faut-il rappeler. « On n’avait jamais fait ça », avoue-t-il.
Club Med aide
Son voisin l’a aidé à atteindre ce sommet, puisque 54 000 jours-ski reviennent à des clients du Club Med. L’an dernier, c’était entre 25 000 et 30 000. « Des journées de 600-700 skieurs dans des périodes différentes que celles des Québécois, ce n’était pas rare. En janvier, on voyait des Mexicains et des Brésiliens sur les pentes. On n’aurait jamais été capable seul de les attirer. Il faut savoir aussi que notre clientèle américaine et ontarienne a doublé », commente Daniel Gauthier.
Dans cette entrevue accordée en primeur au Charlevoisien, il est lui-même revenu sur la hausse du prix des billets – il en a entendu parler – ce à quoi il répond que « des formules (abonnements) existent et que le produit développé en est un haut de gamme qui courtise une clientèle haut de gamme. Tout le monde doit comprendre que la montagne sert l’économie régionale », soutient-il.
Avec la flambée des coûts et des salaires, il mentionne avoir ajouté de l’argent dans la convention collective. « On ne parle plus de salaire minimum ici. Pour offrir de bons salaires, attirer et garder les travailleurs, il faut charger le prix qui correspond à ce que ça coûte. La région a son importance, mais elle ne peut pas prendre toute la place », dit-il avant d’ajouter avec philosophie qu’il est « la cause de tous les problèmes et d’autres fois la solution à tous les maux ».
Critiques et jugement
Des critiques et commentaires négatifs, le Massif et son propriétaire en ont reçu dans les dernières années. Daniel Gauthier ne vit pas sur une autre planète et les a vus et entendus. Il pense être jugé sévèrement « si on ne voit pas l’impact positif des investissements. On n’est pas déconnecté de la région, mais en même temps on demande à notre monde de penser plus large que la région. On grandit, et dans les dernières années on a grandi pas mal vite. Au-delà de ce que les gens semblent vouloir du Massif, il faut reconnaitre l’apport. Charlevoix, c’est une région touristique. Si on ne veut pas qu’elle devienne un dortoir de retraités, ça prend des jobs intéressantes à l’année, lesquelles vont attirer de jeunes familles et des gens d’ailleurs au Québec ou de l’étranger à demeurer ici », dit-il.
Daniel Gauthier a dû « ravaler une couple de fois en cours de route ». Il croit cependant qu’avec ses partenaires, le défi a été relevé. Pour mesurer le tout, il suggère de regarder « l’effet de l’ensemble ». Un ensemble qui a pris plus de temps et plus d’argent à réaliser qu’il pensait. « On est passé à un autre niveau. Les cibles sont Boston et Toronto. On cherche à développer les marchés extérieurs. Beaucoup de joueurs comme le Château Frontenac voient l’impact de ce qu’on fait », poursuit-il.
Le propriétaire du Massif de Charlevoix attendra bientôt l’âge de la retraite. Il n’est pas encore rendu à l’étape de vendre ses parts. Son regard brille encore quand il se lance dans l’explication de son plan pour la base de la montagne. « Le village au pied des pentes, on va le faire. Il manque des restos, des boutiques. Ça manque de vie. La masse critique s’en vient », précise-t-il.
Il veut encore créer des opportunités d’affaires. L’une d’entre elles est la mobilité. « C’est encore un enjeu pour ceux qui arrivent en avion. Charlevoix, c’est un territoire immense. Tout le monde qui vient ici devrait aller aux Hautes-Gorges, à La Malbaie et à L’Isle-aux-Coudres. Le transport coûte une fortune. Le Club Med en souffre parce qu’il veut offrir plus d’activités. C’est compliqué actuellement, sortir de Petite-Rivière-Saint-François », analyse-t-il.
Ses yeux brillent encore
Daniel Gauthier admet que depuis quelques années, il s’est retiré des opérations. Le Massif peut compter sur « une bonne équipe de plus en plus forte. On est rendu gros. On aime ça quand ça va vite. On est conscient que tout ne peut pas aller à notre vitesse. L’opinion publique pèse sur tout, ici comme ailleurs », continue l’homme d’affaires.
L’amoureux du Massif n’a pas encore défini le moment de son départ. « À qui pourrais-je vendre? », se demande-t-il à haute voix. Dans le moment, il a encore son mot à dire dans les décisions de la compagnie. « Le statu quo fait reculer. Moi, je vais toujours de l’avant ». On comprend que son plan n’est pas complété. Le Vol de l’oiseau mécanique n’est pas le chapitre final de l’histoire de Daniel Gauthier.
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