Inondations : le système de surveillance des eaux a-t-il fait une différence?

Par Jean-Baptiste Levêque 12:12 PM - 5 mai 2023
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Vue aérienne du Camping Le Genévrier, lors des inondations du 1er mai. Photo courtoisie

Le système de monitorage hydro-météorologique de Charlevoix, qui permet notamment aux villes de Baie-Saint-Paul et Saint-Urbain de surveiller le niveau des rivières, a-t-il permis de prévenir efficacement les inondations survenues lundi dernier?

La réponse est certainement oui, selon Philippe Bourdon, géologue-consultant pour la Ville de Baie-Saint-Paul. Le système de surveillance « nous a permis d’apprendre sur le comportement de la rivière, suivre sa hauteur et sa trajectoire, et d’anticiper ce qui s’en venait », affirme-t-il.

L’équipe de sécurité civile de la Ville de Baie-Saint-Paul était en alerte dès le dimanche soir et surveillait les rivières de près. Mais comme disait Alain Gravel, directeur de la sécurité publique, le soir du 1er mai, « on se prépare au pire, mais des fois, ça peut être pire encore que ce qu’on avait imaginé ».

Le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, a reconnu que la Ville « a été (prise) au dépourvu. On avait anticipé quand même quelques scénarios. On a travaillé tout au long du week-end en fonction de la météo. Force est de constater que Dame Nature a été plus forte que nous. »

Selon des données partielles prélevées à la station de surveillance de Saint-Urbain le 1er mai, le débit de la rivière du Gouffre atteignait 425 m3 d’eau par seconde à son pic, vers 15h. Pour référence, 1 m3 équivaut à 1 000 litres d’eau. Le 3 mai au matin, le débit était revenu à 106 m3/s.

Philippe Bourdon explique un tel débit d’eau par le fait qu’elle « arrivait des montagnes, de deux sous-bassins de 100 km2, qui ont fait sauter la rivière du Gouffre ».

Selon les données d’Environnement Canada, « seulement » 57 millimètres de pluie sont tombés sur Baie-Saint-Paul entre dimanche et mardi. Plus de 100 mm seraient tombés localement dans les secteurs montagneux. Mais il s’agit d’une moyenne, indique Philippe Bourdon. Selon lui, certains secteurs montagneux auraient pu recevoir jusqu’à 150 mm de pluie.

« On s’en va vers des systèmes (dépressionnaires) de plus en plus intenses », prévient le géologue. D’où la pertinence pour lui d’avoir un système de surveillance pour instrumenter la météo, planifier et mieux anticiper.

Hydrométéorologie Charlevoix peut compter sur plusieurs stations hydrologiques, météorologiques et des caméras pour surveiller le niveau de l’eau et collecter des données. « C’est une initiative d’Alain Gravel. Au Québec, il n’y a pas beaucoup de systèmes de surveillance au niveau municipal. La Ville a innové », termine Philippe Bourdon.

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