Crise porcine : Charlevoix en danger plus qu’ailleurs

Par Jean-Baptiste Levêque 1:28 PM - 31 mars 2023
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Mathieu Pilote, producteur de porcs, André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, et Yves Laurencelle, président de la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord.

La crise porcine frappe partout au Québec, mais plus particulièrement dans Charlevoix. Les éleveurs de porc charlevoisiens, soutenus par l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, sonnent l’alarme sur une crise qui pourrait frapper l’ensemble de l’industrie agricole.

Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, André Fortin, a rencontré ce matin Yves Laurencelle, président de la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale–Côte-Nord, et une dizaine de producteurs de porc de la région.

« J’ai entendu énormément de détresse de la part des producteurs qui aujourd’hui prennent des décisions difficiles quant à leur avenir. Aussi performants peuvent-ils être, ils fonctionnent à perte. Dans certaines régions, il y a l’entièreté de la région qui dépend de la vitalité de l’industrie du porc, comme ici dans Charlevoix », constate M. Fortin.

Charlevoix compte 11 fermes porcines, qui produisent 90 000 porcs par année. Elles représentent 17 % des fermes agricoles du territoire, mais génèrent 54 % des revenus. Selon Mathieu Pilote, l’un des producteurs présents, « toute l’agriculture de Charlevoix en dépend ».

Les producteurs charlevoisiens demandent au gouvernement de tenir compte des particularités régionales. « Dans Charlevoix, on a des coûts de production et de transport plus importants que les autres régions. On ne peut pas avoir un programme qui ne tient compte que d’un seul coût de production à travers la province », explique M. Pilote.

Le producteur fait référence au programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles, dont le but est de protéger les entreprises contre les fluctuations des prix du marché et des coûts de production. Selon lui, il ne répond pas aux besoins des agriculteurs charlevoisiens.

« On achète 100 % de nos aliments de l’extérieur. On n’a pas les unités thermiques pour produire du maïs ou du soya. On ne peut pas influencer le coût de production à hauteur de ce que ça nous coûte », explique-t-il.

« Un agronome a mesuré le coût moyen de production supplémentaire pour un producteur de la région. C’est 65 000 $ par année. C’est sûr que c’est plus difficile ici », ajoute André Fortin.

Une dizaine de producteurs de porcs de Charlevoix étaient présents pour rencontrer l’UPA et l’opposition officielle.

Patrice Gauthier, un autre producteur en processus de relève, indique qu’il « n’est pas à fermer l’entreprise, mais on ne pourra pas maintenir la situation très longtemps. À matin, on n’a pas de valeur, l’avenir est dur à voir. Je ne vois pas le moyen d’en sortir si on n’a pas de soutien plus que celui-là. »

Les représentants de l’Union des producteurs agricoles et de l’opposition officielle ont affirmé d’une même voix qu’il faut une injection urgente d’argent dans le secteur. L’UPA s’est tournée vers le Parti Libéral car elle se plaint du manque d’écoute du gouvernement.

« On essaie de parler au gouvernement, on crie. C’est un dialogue de sourds. Ça fait quatre ans qu’on leur demande de revoir les programmes. S’il n’y a pas un signal fort du gouvernement du Québec, ça va être l’hécatombe dans Charlevoix et la Côte-Nord. Parce que les services agricoles de Charlevoix ont des répercussions jusqu’à Baie-Comeau », prévient Yves Laurencelle.

M. Laurencelle ajoute fièrement que « les producteurs de porc de Charlevoix sortent dans les 25 % meilleurs producteurs de porc au Québec. (Mathieu Pilote), il a sorti premier dans le réseau coop l’année passée. On a une élite de production porcine. Mais ces gars-là, ils n’y arrivent plus. C’est parce qu’on a un problème dans le système, c’est pas un problème de producteurs », conclut-il.

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