Plaidoyer pour un pavillon

Par Jacques Saint-Gelais Tremblay, 2:30 PM - 2 mars 2023 Premier directeur du MAC
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Le pavillon Jacques-St-Gelais Tremblay

Il y a maintenant presque cinq ans que le Musée d’art contemporain (MAC) acquérait l’école Thomas-Tremblay. On se souviendra du débat que cela a engendré et combien il a fallu peiner pour qu’il soit rattaché à cette institution.


Trois motifs principaux le motivaient : 1) Y rapatrier le symposium ; 2) Conserver cet espace de stationnement au centre ville afin d’éviter qu’il passe entre les mains de particuliers et qu’il devienne aussi un lieu pour des événements ; 3) Développer la mission muséale en le rattachant au bâtiment principal par une passerelle.


En effet son acquisition permettait d’agrandir le musée et d’en faire véritablement cette grande institution d’envergure nationale. En ce faisant nous poursuivions la grande vocation que s’était donnée la fondatrice Madame Françoise Labbé. Les gens de Baie-Saint-Paul ont toujours éprouvé une grande fierté pour l’histoire du centre d’exposition, du centre d’art et de son symposium qui ont été un moteur historique du développement culturel et économique de notre ville. Certes il y a eu des moments incertains, mais on a réussi à passer à travers.


Cette institution appartient à sa communauté. Il faut se rappeler de la grande campagne de financement qui avait été tenue pour la construction du centre d’exposition, de la cible installée au cœur de la cité et des efforts des autorités d’alors pour en faire un succès et de son inauguration officielle sous la présidence d’honneur du premier ministre du Canada en 1992.


En acquérant ce pavillon, nous avons voulu poursuivre cet élan. J’ai eu le privilège de diriger le centre devenu musée et son symposium pendant près de 14 ans. J’avais pour vision qu’il devienne un lieu d’exception pouvant accueillir entre autres l’immense collection que nous avons agrandie au cours de ces années. On parle de plusieurs millions de dollars. Elle constitue un héritage, un legs exceptionnel pour toute notre ville.


Nous avons tous travaillé très fort et j’en profite pour remercier ceux et celles qui nous ont aidé. Le pavillon, nous le savions, a besoin d’une mise aux normes pour arriver à nos fins. Il nécessite des transformations et bien des réparations. Le bâtiment date de 60 ans. Mais il est essentiel à la poursuite de la mission. Un musée qui ne se développe pas est un musée qui régresse. On ne le gère pas seulement en équilibrant ses budgets.


Malheureusement, il semble que rien ne se passe. D’où mon inquiétude actuelle. Rien n’a été fait ou presque. Un manque de vision, la pandémie, elle a le dos large, je ne le sais et je ne veux par la présente cibler quiconque. Je ne fais que constater.


Alors que presque toutes les autres institutions culturelles et muséales de Charlevoix ont reçu d’importantes sommes pour justement des mises aux normes, pour des agrandissements, pour du développement. Je les en félicite, particulièrement le Musée de Charlevoix pour son dynamisme, le Domaine Forget pour sa grande notoriété, le Musée maritime pour ses légitimes ambitions et Les Moulins de l’Isle pour leur ténacité. Mais pour notre pavillon, il ne se passe rien et de là ma présente déception que je vous partage… Nous avions mis tant d’espoir dans l’avenir de l’institution muséale que nous avons tant aimé. (…)


J’ai accepté avec humilité que ce pavillon porte mon nom. Je l’ai fait pour que d’autres futurs travailleurs issus du milieu sachent qu’en mettant des énergies au bon endroit on peut changer des choses et faire avancer la cité de nos origines.


C’est cet esprit qui me guide par cet écrit. À l’aube d’une nouvelle direction à qui je souhaite la réussite, je formule le souhait que le MAC poursuivre à nouveau son élargissement et qu’il redevienne la grande institution à laquelle notre communauté aspire qu’elle soit.


Le conseil d’administration a le devoir d’être audacieux et, je le rappelle, de poursuivre la grande mission que s’est donnée cette institution. Et pour ce faire, il a le devoir de s’allier sa communauté, comme l’ont fait ceux et celles qui les ont précédés, d’être rassembleur et de porter à nouveau la flamme et la cible vers de plus grands sommets. Bonne continuité.


Jacques Saint-Gelais Tremblay, premier directeur du MAC

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