Barrages hydroélectriques: l’envers d’une énergie verte

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 1 mars 2023 Initiative de journalisme local
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La Romaine. Courtoisie Hydro-Québec.

Modification de l’habitat des animaux, apport de mercure dans la chaîne alimentaire, impact sur les populations autochtones et allochtones usagères de la forêt : l’hydroélectricité, et son corollaire les barrages hydroélectriques, n’a pas une fiche environnementale parfaite.


Pour parvenir à produire cette fameuse énergie verte, il faut canaliser la force de l’eau afin d’alimenter les turbines des centrales. Et pour ce faire, il faut beaucoup, beaucoup d’eau. De pleins réservoirs, créés à l’aide de barrages.

L’ennoiement, aussi appelé mise en eau, de superficies plus ou moins grandes pour créer ces indispensables réservoirs a des impacts non seulement sur le territoire et ceux qui y vivent, mais aussi sur les émissions de gaz à effet de serre.

Yves Prairie, chercheur et professeur à l’UQAM, est spécialiste des émissions de gaz à effets de serre des systèmes aquatiques en général, que ce soit les lacs, les rivières ou les réservoirs créés par l’homme pour approvisionner les barrages hydroélectriques.

« Tous les systèmes aquatiques relâchent des GES, il y en a très peu qui ne le font pas et pas juste sur la Côte-Nord : partout », lance-t-il d’emblée.

Les lacs et rivières, qui ont toujours émis des gaz à effet de serre, ne sont pas de nouvelles sources de GES, ce que sont, par contre, les réservoirs. «On sait depuis plusieurs années que lorsqu’on ennoie un territoire pour créer un réservoir, il y a une augmentation notable des GES pendant un certain temps. La matière organique des sols ennoyés va être décomposée et dégager des gaz qui vont atteindre l’atmosphère», résume M. Prairie.

… lorsqu’on ennoie un territoire pour créer un réservoir, il y a une augmentation notable des GES pendant un certain temps.

Ces nouvelles émissions, plus importantes peu après l’ennoiement, diminueront dans le temps.
« Ce qui est dégradable va l’être durant les premières années et on va éventuellement atteindre le maximum de dégradation. Tous les réservoirs ne sont pas nés égaux. Dans les pays nordiques, le Canada, la Norvège, la Suède, ce n’est pas parce qu’on fait bien ou mieux les choses, mais notre climat fait en sorte que nos émissions sont beaucoup plus faibles qu’en zone tropicale, particulièrement les émissions de méthane parce qu’il est sensible à la température», explique le chercheur.

Quoi qu’il en soit, « les aménagements hydroélectriques émettent en moyenne 35 fois moins de GES que les centrales au gaz naturel et environ 70 fois moins que les centrales au charbon», rappellent les experts d’ Hydro-Québec.

Suivez le déploiement de notre dossier sur la question des impacts environnementaux des barrages.

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