Une IRM mobile dans Charlevoix, est-ce que ça tient la route ?
Yvan Dion considère que l'IRM devrait être installée à l'Hôpital de La Malbaie. Photo archives
L’automne dernier, il en a été plusieurs fois question et j’ai profité de la période des Fêtes pour effectuer quelques recherches afin de mieux comprendre la décision du Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) visant à fournir aux médecins de Charlevoix, un appareil diagnostic d’imagerie à résonance magnétique (IRM) non pas fixe, mais mobile puisqu’il ne desservira pas que ma région mais aussi celle de Portneuf, à l’ouest de Québec. Je me suis demandé quelles serait les conséquences sur la qualité des services qui me seront offerts.
Comme son nom l’indique, un appareil de 2 M $, s’il est mobile, devra être déplacé fréquemment sur la tortueuse route 138. Une solution qui me semble loin d’être la meilleure dans les conditions qui prévalent dans notre région, à plus forte raison en hiver où les risques de dérapages seraient importants.
Il faut d’abord comprendre ce qu’est une IRM, à ne pas confondre avec un TACO (tomodensitométrie), un appareil déjà disponible à l’Hôpital de La Malbaie et dont l’Hôpital de Baie-St-Paul vient d’acquérir un exemplaire. L’IRM utilise des champs magnétiques et des ondes radio pour produire des images très détaillées des structures du corps. Elle est très souvent utilisée pour diagnostiquer des problèmes aux organes internes, au cerveau et considérée comme plus sûre car elle n’utilise pas de rayons X. Les médecins y font souvent appel parce qu’elle s’avère plus précise entre autres pour détecter des tumeurs mammaires, ce que NE peut faire un appareil mobile. Les jeunes médecins s’attendent à pouvoir l’utiliser dans leur pratique car ils/elles ont pu bénéficier de ses qualités dans leurs stages. On peut facilement supposer qu’un tel appareil, et davantage s’il est installé à un endroit précis et fixe, serait un élément très attractif pour l’établissement permanent de nouveaux professionnels de la santé si difficiles à attirer dans la région.
L’utilisation d’une IRM exige des connaissances particulières de la part de l’équipe de soins, mais aussi des opérateurs du camion-remorque chargés de la transporter d’un endroit à l’autre. Pour le déploiement de cette solution, des frais importants sont à prévoir : achat, entretien et inspection de la remorque, assurances, etc. C’est un appareil fragile et encombrant qui doit être stabilisé à chaque nouveau branchement et dont le lourd aimant doit être continuellement alimenté et en mouvement, même pendant ses déplacements !? Et une fois à destination, des locaux reliant la remorque à chacun des centres hospitaliers doivent être facilement accessibles et, idéalement, à proximité des services d’urgence et de radiographie. Cette « annexe » doit abriter une salle d’attente, des toilettes, être isolée en hiver et climatisée en été. Elle doit aussi être alimentée en eau, ne serait-ce que pour le système de refroidissement de l’aimant.
Au printemps 2021, le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, décidait de « fixer » son IRM à l’Hôpital d’Amos après avoir utilisé une version mobile. Plus de 8 millions de dollars ont alors été nécessaires pour aménager de nouveaux locaux afin d’y recevoir l’appareil ! Dre Édith Beauregard, orthopédiste, affirmait à cette occasion qu’il est souhaitable que l’appareil loge dans le même établissement que le service d’orthopédie régional (ce qui est le cas pour l’Hôpital de La Malbaie) car avoir l’IRM « … dans la même bâtisse que l’équipe médicale, facilite grandement le travail de l’équipe dédiée de cliniciens (chirurgien, technologue et infirmières) en accélérant la prise en charge des patients ayant des pathologies urgentes ainsi que la planification des interventions chirurgicales. » Comme nous avons une station de ski de plus en plus achalandée dans les limites mêmes de La Malbaie, on peut raisonnablement supposer que des blessures assez sérieuses, entre autres à la colonne vertébrale, peuvent se produire en raison des sports de glisse qui y sont pratiqués.
Alors que les patients de la région de Portneuf, qui n’habitent qu’à 40 kilomètres de la Capitale (par une autoroute) peuvent y trouver plusieurs IRM, il faut jusqu’à deux heures et plus de transport à un patient de l’Est de Charlevoix pour pouvoir bénéficier du même service diagnostique. (Note : l’Hôpital de La Malbaie dessert aussi des gens de la Haute-Côte-Nord et du Bas-Saguenay). Actuellement, l’absence d’une IRM dans Charlevoix oblige tous ces patients à se rendre à Québec.
Comme le ministère de la Santé procède actuellement à l’agrandissement et à la modernisation de l’Hôpital de La Malbaie, n’est-il pas possible d’y inclure des aménagements (fixes) appropriés pour accueillir un appareil de cette importance? On éviterait ainsi une partie non négligeable des coûts additionnels comme ceux qui ont été nécessaires pour l’installation du nouveau TACO de l’Hôpital de Baie-St-Paul à peine trois ans après sa construction.
Je crois que les Charlevoisiennes et Charlevoisiens méritent de connaître les tenants et aboutissants d’une décision qui ne semble pas du tout adéquate pour leur offrir des soins à la hauteur de leurs attentes légitimes. Et que l’on ne me dise surtout pas qu’une IRM mobile vaut mieux que pas d’IRM du tout ! Cet argument serait irrecevable et ne tiendrait tout simplement pas la route.
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