Le grand pic, toujours impressionnant, domine nos forêts

Par Michel Paul Côté 12:00 PM - 22 janvier 2023
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Les couleurs du Grand pic, de même que ses dimensions, rendent chaque observation mémorable.

On ne le voit pas souvent, mais il est toujours présent, et ce pendant toute l’année. Il habite dans les forêts matures, C’est son domaine.

Lorsqu’on l’aperçoit, le moment est toujours inoubliable. Impressionnant par sa taille, il fait presque 50 centimètres de long, c’est le plus grand pic d’Amérique du Nord, avec des dimensions similaires à celles d’une grosse corneille. Immense huppe rouge sur la tête, bec noir, moustache rouge pour le mâle, bandeau noir sur l’œil, ligne blanche qui va du bec aux ailes, dessus du corps noir, dessous blanc et noir, l’oiseau est imposant.


Il ne craint pas l’homme, mais a tendance à l’ignorer. Il peut arriver qu’il vous accorde l’insigne honneur de venir à un de vos plateaux où vous avez déposé des baies sauvages ou un bloc de suif, mais ce n’est pas fréquent. Il préfère s’attaquer aux arbres matures qui commencent à être envahis par des fourmis, signe que l’arbre est en phase de déclin. Il se déplace d’un arbre à l’autre, souvent silencieusement, mais parfois aussi en criant. En peu de temps, son robuste bec creusera un trou qui peut atteindre une vingtaine de centimètres (8 pouces) de diamètre. Les copeaux de bois qui volent dans toutes les directions et s’accumulent aux pieds des arbres ciblés témoignent de l’efficacité redoutable de ce pic.


Le grand pic, comme tous les pics, est parfaitement équipé pour trouver sa nourriture dans les arbres. Les pattes comptent quatre orteils, deux à l’avant et deux à l’arrière, qui se terminent par des griffes robustes et acérées, qui s’agrippent fermement à l’écorce des arbres. La queue est renforcée et sert d’appui solide, ce qui permet au bec du pic d’attaquer l’arbre avec toute la force de son corps. Les narines sont protégées par des plumes, et les yeux se ferment lorsque les copeaux de bois volent dans toutes les directions. Le cerveau est protégé par des tissus « amortisseurs » dans la boîte crânienne.

Finalement, une langue longue de 13 centimètres (5 pouces), se terminant par une surface rugueuse, collante et crochetée, se rétracte autour de la boîte crânienne et est utilisée pour capturer les insectes dans les cavités.


Monogame et territorial, le couple est fort bruyant au printemps pendant la période de grande séduction. Le nid est souvent une simple cavité creusée dans un arbre mature. Il n’est pas réutilisé d’une année à l’autre, car il contiendrait trop de parasites qui pourraient nuire aux 4 à 6 jeunes. Le couple couve pendant 14 jours, et les jeunes prennent leur envol après environ 25 jours.


Jadis fort abondant, alors que les forêts anciennes de notre continent étaient constituées d’arbres imposants, le grand pic a vu sa population décroître rapidement, au fur et à mesure que nos forêts étaient exploitées. Il y a un siècle, le grand pic était presque en voie d’extinction. Fort heureusement, certains programmes de reboisement, ainsi que la désignation d’aires naturelles protégées, ont permis d’éviter la disparition du grand pic. Il effectue un retour graduel, tout en s’adaptant aux forêts plus jeunes.


Malheureusement, son cousin le Pic à Bec Ivoire n’a pas eu la même chance. De taille légèrement plus grande, identique au grand pic mais avec un bec de couleur ivoire, ce pic fut officiellement déclaré éteint récemment. Son milieu naturel était constitué de vastes forêts matures décimées par le feu et la maladie, exactement le type de milieu qui n’existe plus. Depuis plusieurs décennies, on tentait de l’identifier dans les forêts profondes de la Louisiane, là où il fut observé la dernière fois il y a plus de 50 ans. Sans succès.


Notre grand pic a été plus chanceux. Son milieu de vie est plus vaste et flexible. L’oiseau a aussi démontré une capacité d’adaptation que son cousin n’avait pas.


Mais la vigilance est de mise. Nos vieilles forêts doivent être protégées. Si sur votre propriété vous possédez un boisé, il est important de préserver les arbres matures qui montrent des signes de déclin. Ils produisent la nourriture de base du pic, soit des fourmis et des insectes. Les arbres morts qui sont au sol constituent aussi une riche source de nourriture pour le pic. Il est fréquent d’observer le grand pic en train de festoyer au sol, s’acharnant avec entrain sur de vieilles bûches de bois en décomposition.


Notre grand pic ne migre pas et demeure fidèle à son territoire. Nous avons la chance de l’accueillir chez nous dans Charlevoix. Pour lui donner un coup de main, il suffit de penser à lui lorsqu’on nettoie un peu nos boisés.


Je profite de cette première chronique de 2023 pour souhaiter à tous les lecteurs une très belle année 2023. Bonnes observations.

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