Le bestiaire déroutant de Patrick Lamoureux

Par Jean-Baptiste Levêque 2:00 PM - 22 janvier 2023
Temps de lecture :

L’artiste Patrick Lamoureux, au centre de son exposition Passer au bestiaire.

Trois expositions sont actuellement présentées au Carrefour culturel Paul-Médéric, à Baie-Saint-Paul : Mémoire par Éric Villeneuve, Coque à l’âme par Marie Lavoie et Martin Lévesque et Passer au bestiaire par Patrick Lamoureux, un artiste urbain dont l’œuvre s’est transformée au contact de Charlevoix.

La description de l’exposition Passer au bestiaire nous apprend qu’ « après 47 ans de vie montréalaise, Patrick Lamoureux s’installe dans Charlevoix et accueille le déconditionnement qu’offre le changement de décor. Un nouveau cycle d’idées démarre, un symbolisme du terroir s’esquisse. »

Peintre et illustrateur, Patrick Lamoureux est aussi un graffeur accompli, en témoignent les nombreuses fresques réalisées à Montréal. « Mon style était alors très iconographique. J’abordais des sujets culturels et politiques », explique-t-il.

Attiré par le réseau artistique de Charlevoix et la beauté de son territoire, il décide d’émigrer de la ville vers la nature et de s’y installer à l’été 2021. « Quand je suis arrivé, j’ai décidé de ne rien créer pendant six mois. J’ai fait beaucoup de randonnées dans la nature », raconte l’artiste.

Une façon pour lui de s’imprégner de son nouvel environnement. Car Patrick Lamoureux s’en imbibe littéralement pour créer. Et c’est tout un changement de décor. « Maintenant, je m’attarde davantage au symbolisme, au sacré, aux animaux, au paysage », énumère-t-il.

Les œuvres exposées au Carrefour culturel sont toutes des peintures sur bois, faites à l’huile ou à l’acrylique. L’une d’elles a même été peinte sur une écorce trouvée lors d’une promenade. Elles mettent toutes en scène des animaux de la biodiversité boréale qui nous entoure.

Malgré ce nouveau contexte de création, le style déroutant de l’artiste, souvent composé de parties du corps entremêlées, demeure toujours là. Et les sujets politiques et sociaux reviennent. Ainsi une baleine faite de mains peintes et de masques réels nous parle de la pandémie. Deux autres, l’une blanche et l’autre noire, opposent la guerre et la paix.

Et La stratégie de l’autruche, qui représente le géoLagon de Charlevoix dans le corps d’un orignal mort, parle sans voile de ce projet controversé. « Je voulais traiter ce sujet dans une œuvre. L’idée de raser de la biodiversité pour du tourisme de luxe est absurde. Pendant ce temps on ne développe pas de logements pour les gens de chez nous. »

Avec cette exposition en place jusqu’au 19 mars, Patrick Lamoureux s’intègre avec audace dans le milieu artistique de Charlevoix. Le Musée maritime vient de lui confirmer la commande d’une murale de 50 pieds. On est déjà curieux de voir comment l’artiste mettra en scène des goélettes.

La stratégie de l’autruche, oeuvre de Patrick Lamoureux qui traite du géoLagon de Charlevoix.

Partager cet article