Des travailleurs mexicains du Club Med se déclarent « vulnérables » pour ne plus y travailler

Par Jean-Baptiste Levêque 4:30 PM - 9 Décembre 2022
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Dulce Vivar, membre du regroupement Latinos en Charlevoix, apporte son aide aux travailleurs mexicains déçus du Club Med.

Face aux mauvaises conditions de travail qu’ils considèrent subir au Club Med Québec Charlevoix, plusieurs travailleurs mexicains ont fait appel à leur consulat. L’aide qui leur est proposée n’est pas leur meilleure option et certains préfèrent se tourner vers Immigration Canada en tant que « travailleurs vulnérables ».

Parce qu’ils souhaitent garder l’anonymat par crainte de représailles, ces jeunes travailleurs sont actuellement représentés par le regroupement Latinos en Charlevoix, qui a adressé une lettre au Consulat du Mexique le 1er décembre 2022.

Six demandes y ont été formulées, notamment l’accès à une aide juridique et du soutien psychologique, mais aussi l’intervention du consulat auprès du Club Med pour la délivrance de contrats et de permis de travail et la garantie du respect de leurs droits en tant qu’humains et travailleurs.

Une réponse leur est parvenue le 8 décembre. Le Consulat du Mexique à Montréal peut leur fournir de l’aide juridique, psychologique, du transport et un logement temporaire. Ils peuvent également procéder à leur rapatriement au Mexique. Pour cela, les ressortissants devront prouver leur situation de vulnérabilité.

Selon Dulce Vivar, membre de Latinos en Charlevoix, le problème est que cette aide implique que les travailleurs quittent leur anonymat. « Les jeunes ne veulent pas dévoiler leur identité pour seulement 5 heures de rencontres (avec le Consulat) », explique-t-elle.

Pour Mme Vivar et les travailleurs qu’elle représente, « ce n’est pas la meilleure option. Et les jeunes ne veulent pas être rapatriés. » Leur situation n’est pas comme celle des travailleurs agricoles saisonniers. La plupart sont diplômés, ils ont choisi le Canada pour une vie meilleure et souhaitent s’y établir.

Puisque selon eux, les démarches auprès du syndicat qui les représente ne donnent aucun résultat, la prochaine action possible est d’obtenir un permis de travail ouvert pour pouvoir changer d’employeur. Ils s’adressent donc à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour soumettre une demande de permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables.

Ce programme s’adresse justement aux travailleurs migrants liés à un employeur donné et qui sont victimes de violence, qu’elle soit physique, sexuelle, psychologique ou financière. Plusieurs jeunes affirment avoir des preuves de telles situations.

Une quinzaine de travailleurs ont entamé ces démarches et une vingtaine d’autres sont prêts à le faire. Mais Dulce Vivar mentionne que beaucoup de barrières peuvent les empêcher de faire ce pas : celle de la langue (beaucoup d’entre eux ne parlent qu’espagnol), le fait de ne pas avoir accès à un ordinateur, le temps que cela nécessite et les éventuels frais à encourir en conseils et traduction.

Le délai de traitement officiel est de six semaines. Latinos en Charlevoix a tout de même sollicité l’aide de Caroline Desbiens, députée de Beauport–Côté-de-Beaupré–Île d’Orléans–Charlevoix, dont le bureau pourrait accélérer le processus.

Même si le résultat n’est pas garanti, Dulce Vivar espère que l’intervention du bureau de Mme Desbiens pourra offrir « un délai plus court pour sortir les jeunes de cette situation toxique ».

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