J’ai 72 ans maman : le refus d’être un vieux

Par Jean-Baptiste Levêque 7:00 AM - 26 novembre 2022
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Le titre du livre d’André Provencher fait référence à la fameuse chanson de Diane Dufresne. Photo courtoisie

À 72 ans, André Provencher aurait pu profiter d’une retraite paisible et probablement bien méritée. Mais l’auteur du livre J’ai 72 ans maman a plutôt fait un choix inhabituel : celui de devenir entrepreneur. Une façon pour lui de refuser d’être un « vieux ».

André Provencher a acheté une maison à Baie-Saint-Paul il y a environ dix ans. Résidant et travaillant à Montréal, sa conjointe et lui-même y passent beaucoup de fins de semaine. « C’est notre coin de paradis, j’aimerais y prendre ma retraite… si ça arrive! » confie-t-il avec humour.

« J’accepte mon âge, mais je refuse la vieillesse », déclare celui qui, il y a environ un an, a pris deux décisions marquantes pour sa vie : reprendre la maison d’édition d’un ami disparu et mettre par écrit ses réflexions sur l’âgisme dans un premier livre : J’ai 72 ans maman.

Après une longue carrière dans les médias, l’ancien journaliste et haut dirigeant a vécu un choc durant les débuts de la pandémie, en voyant ses effets dévastateurs sur la perception des personnes âgées. « Les réseaux sociaux ont culpabilisé les aînés comme responsables des mesures sanitaires. Les propos étaient constamment négatifs », se désole-t-il.

Il a aussi vécu personnellement l’accentuation de leur isolement. Sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, a dû déménager en résidence le 2 mars 2020 et, deux semaines plus tard, il ne pouvait plus la voir à cause du confinement. « Même si elle est encore vivante, j’ai « perdu » ma mère pendant la pandémie », illustre André Provencher avec tristesse.

L’auteur réfléchit alors sur les rapports de cause à effet entre l’âge et la valorisation sociale et humaine. « L’âgisme est un véritable fléau », ajoute-t-il. « On parle beaucoup de diversité et d’inclusion. C’est aussi valable pour les aînés. »

L’idée d’écrire un livre germe dans son esprit le jour de son 72e anniversaire. « En repassant sur mon propre cheminement, je me suis rendu compte que mon développement personnel avait peu de rapports avec le temps. »

C’est le moins qu’on puisse dire… André Provencher a commencé à travailler à l’âge de 12 ans. Il a été directeur général à 28 ans, étudiant à 33 ans, haut dirigeant à 45 ans, père à 47 ans, intrapreneur à 51 ans et marathonien à 65 ans.

« Encore aujourd’hui, mes enfants me poussent à rester « vert » et actif », affirme le septuagénaire. L’influence de sa famille est d’ailleurs ce qui l’a poussé à entreprendre comme éditeur de livres. « Je cherchais un domaine qui réunisse nos passions. Nous avons tous un grand intérêt pour la lecture et l’écriture. »

Même si cette aventure est une décision personnelle, André Provencher souhaite associer progressivement ses enfants au projet. « L’inconvénient à mon âge, c’est qu’on est exposé à la maladie. Il faut assurer une pérennité », reconnait-il.

L’ancien journaliste a passé près de 50 ans à écrire des textes de toutes sortes. Malgré tout, le nouvel écrivain a souffert du syndrome de l’imposteur lors de l’écriture de son livre. « J’étais nerveux. C’est comme se jeter à l’eau. Je n’en ai parlé à personne, même pas à ma famille. »

Même maintenant, alors que le livre vient de sortir, l’auteur reste très fébrile. « Ça me fait trembler. J’y expose ma vulnérabilité. Mais je sentais qu’il fallait aller au bout de ce projet. Pour partager mon expérience atypique et parler de l’âgisme. »

André Provencher prouve ainsi que l’on peut débuter, expérimenter et prendre des risques à tout moment de la vie. Comme il dit si bien, « il n’y a pas d’âge pour vivre pleinement. »

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