(Comment observer les oiseaux ?) Quel guide choisir ?
Au centre, le guide de Claude Mélançon, publié en 1947. Mon premier guide, que je garde précieusement … De chaque côté, les guides Peterson et Sibley, en français. Au bas, toujours un Peterson, en anglais. Il a eu une très longue vie ! On ne se sépare jamais de nos vieux guides. Ce sont de bons amis.
La dernière chronique portait sur le choix des jumelles pour se lancer dans le fascinant loisir qu’est l’observation des oiseaux. Mais voir l’oiseau est la première étape. Maintenant il faut l’identifier.
Cette semaine, nous allons voir les différents guides disponibles sur le marché québécois. Ces livres compacts accompagnent l’observateur sur le terrain et permettent l’identification du spécimen bien visible dans la jumelle.
Je ne peux parler de guide sans mentionner l’immense popularité des applications qui s’installent sur un téléphone intelligent et qui sont très complètes, beaucoup plus que les guides papier. Mais rien ne remplace pour le débutant le guide papier qui peut être consulté rapidement, sur le terrain, dans la voiture, à la fenêtre du salon, sur la table de chevet. Les applications peuvent toutefois devenir une alternative intéressante pour ceux qui sont des inconditionnels des téléphones portables.
Le premier recueil d’oiseaux nord-américain est probablement celui de John James Audubon, publié par sections entre 1827 et 1838. Grand naturaliste et peintre de talent, Audubon a réalisé 435 œuvres mesurant chacune 1 mètre sur 66 cm, avec des textes qui furent publiés séparément. C’est une histoire absolument fascinante. Les universités et quelques nobles de l’époque se sont procuré les quelque 200 exemplaires qui furent éventuellement publiés.
Inutile de spécifier qu’il ne s’agissait pas d’un guide de poche…
Mais cela marqua le début d’un grand mouvement. Au cours des années qui suivirent, différentes publications beaucoup plus modestes et abordables virent le jour. Le grand public commença à s’intéresser à l’identification des oiseaux. Mais la véritable révolution arrive en 1934. L’artiste peintre Roger Tory Peterson en fut l’instigateur. Alors âgé de de 26 ans, il publia un guide d’observation des oiseaux qui allait propulser ce hobby au rang de l’activité numéro un de la planète, détrônant le jardinage.
Alors qu’il faisait son service militaire, il fut chargé de créer un guide qui permettrait à la population d’identifier les avions ennemis. Il met au point un système de flèches identifiant les caractéristiques uniques aux différents avions. Ce fut un grand succès.
Peterson était un grand observateur d’oiseaux. Il eut l’idée d’utiliser son système de flèches pour identifier les oiseaux. C’est ainsi que le premier véritable guide d’identification vit le jour. La suite des choses appartient à l’histoire. À son décès en 1996, le père de l’ornithologie moderne avait vendu des dizaines de millions de copies de son fameux guide, qui furent améliorées et rééditées maintes fois au cours des ans.
Au Québec, ce guide fut traduit en français dans les années 1980 par une équipe de spécialistes, messieurs Blain, Cyr, David et Gosselin. Normand David et son équipe continuent de réviser les nouvelles éditions.
Pourquoi le guide Peterson est-il bien adapté aux débutants ? Les illustrations sont claires, dégagées, presque exagérées au niveau des caractéristiques. Le système de flèche, unique aux guides Peterson, permet au débutant de tout de suite concentrer son attention sur l’élément qui permettra de différencier l’oiseau de ses cousins.
Le Peterson n’est pas parfait, rien ne l’est… Les observateurs expérimentés lui reprochent de ne pas accorder suffisamment d’espace aux oiseaux d’automne, si difficiles à identifier. On lui reproche aussi le fait que les illustrations « exagèrent» les caractéristiques. Mais ce sont justement ces reproches qui rendent ce guide idéal pour le débutant. Et si vous demandez aux amateurs, aux experts, avec quel guide ils ont débuté, tous sans exception vous diront que c’est avec le Peterson.
Une fois que le débutant aura accumulé beaucoup de semaines, mois, années d’observations, il souhaitera possiblement un deuxième guide qui permettra de mieux identifier certains oiseaux plus difficiles. C’est alors qu’un deuxième guide, le Sibley, devient intéressant.
David Sibley est un autre artiste peintre de grand talent qui depuis 30 ans publie des guides qui prennent la relève des guides Peterson. Ici, on retrouve beaucoup moins d’illustration de mâle en apparat nuptial, mais on y voit abondamment les femelles en plumage d’automne … C’est le standard utilisé par tous les amateurs d’expérience.
Il est fréquent de débuter la saison avec le guide Peterson. Certains, dont je suis, oublient pendant l’hiver les caractéristiques des 25 espèces de parulines qui reviennent au printemps. Peterson n’oublie pas.
En cours d’été, le Sibley est de plus en plus consulté, pour finalement prendre toute la place à l’automne.
Depuis les années 1990, de nombreux auteurs québécois ont produit d’excellents guides qui permettent d’identifier les oiseaux du Québec. Ces guides utilisent des photos pour illustrer les oiseaux. Pour le débutant, il est plus facile de reconnaître correctement et rapidement un oiseau avec la reproduction en peinture de l’oiseau, car l’artiste a pris soin de mettre en évidence les caractéristiques d’identifications.
Les guides utilisant des photos sont toutefois intéressants comme référence d’appoint.
La nomenclature des oiseaux est revue à une fréquence régulière. Les classifications changent, même les noms d’oiseaux. Depuis longtemps ont disparu des guides les noms: pinson, fauvette, huart, etc. Les cartes de répartition des oiseaux évoluent aussi beaucoup, en fonction du réchauffement climatique. Les guides sont réédités régulièrement pour tenir compte de ces changements.
Bonnes observations!
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