La croisière s’amuse, avec les oiseaux

Par Michel Paul Côté 8:00 AM - 25 septembre 2022
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En croisière, on observe surtout les oiseaux au vol, et bien souvent ils planent doucement à la hauteur de l’observateur. L’expérience est très différente de l’observation au sol. En haut, de gauche à droite, le fou de Bassan et le macareux; en bas, la sterne et l’eider.

Les vrais amateurs, ceux qui n’hésitent pas à parcourir des centaines, souvent des milliers de kilomètres pour avoir la chance de “peut-être” observer un nouvel oiseau, n’hésitent pas à investir des sommes importantes pour participer à des croisières pélagiques. Il s’agit de prendre un bateau le matin avec d’autres amateurs pour observer les oiseaux de mer pendant quelques heures. Floride, Texas, New Jersey, Cap Hatteras, Vancouver / Seattle, ce sont toutes des destinations qui permettent de telles sorties en mer.

Mais une telle croisière est également possible dans Charlevoix. Et à un coût fort raisonnable d’environ 8.60 $ de l’heure! Intéressé? Il s’agit de la traverse Saint-Siméon / Rivière-du-Loup qui permet aux piétons de faire un aller retour pour 26$ (23.80$ pour les aînés).


Emprunter le traversier en voiture pour se rendre à un rendez-vous sur la rive Sud n’est pas la même expérience que de flâner sur le pont du navire, jumelles au cou, pour observer les oiseaux. Et les oiseaux sur le fleuve, ils sont nombreux et intéressants. L’automne est une période particulièrement propice pour observer des raretés qui se déplacent pendant la migration.


Tenté par l’aventure? Voici les recommandations pour faire un succès de votre croisière pélagique dans Charlevoix.


Choisir le bon moment

Contrairement aux passereaux, les oiseaux de mer ne sont pas actifs seulement tôt le matin ou en fin d’après-midi. Ils volent pendant toute la journée, occupés à se nourrir et à enseigner aux jeunes comment devenir autonomes. Une journée pas trop venteuse ni trop froide assurera un certain confort à l’observateur. Mes plus belles observations ont eu lieu alors que la mer était totalement calme, par des journées sans vent. On observe alors facilement les petits oiseaux de mer qui nagent à la surface du fleuve, avant de plonger puis réapparaître un peu plus loin avec un air satisfait. Donc surveillez la météo, et si possible optez pour une journée sans vent.


Les espèces à surveiller : lors du passage entre l’Île aux Fraises et l’Île aux Lièvres, c’est par centaines que les eiders à duvet seront regroupés près des rives des îles. Il n’est pas rare d’y voir l’eider à tête grise, majestueux. Les guillemots à miroir abondent, les macreuses, de même que les guillemots marmettes. On y voit l’occasionnel mergule nain et le petit pingouin, surtout par mer calme. Les cormorans à aigrettes sont omniprésents, volant comme des flèches. Le grand cormoran, plus rare, est tout de même présent.


Les goélands seront au rendez-vous, et en grand nombre. Becs cerclés, argentés, bruns, marins. Ils vont souvent suivre le traversier, volant au niveau du pont, offrant de merveilleuses opportunités de les observer et de les photographier. À l’automne, les labbes sont présents. Ces oiseaux nous fréquentent surtout l’automne, arrivant du golfe St-Laurent. Ainsi le labbe parasite et le labbe pomarin sont régulièrement observés, surtout au large du quai de Saint-Siméon. On y voit même le labbe à longue queue à l’automne. Si vous remarquez un mouvement de panique dans une colonie de goélands, regardez autour. Le labbe est en chasse.


Un autre oiseau observé très régulièrement, cette fois du côté de Rivière-du-Loup, est le fou de Bassan, ce célèbre résident estival de l’Île Bonaventure en Gaspésie.

Plusieurs disent que les fous de l’île doivent parcourir des distances de plus en plus grandes pour trouver de la nourriture. La réalité est probablement plus simple: une petite colonie niche probablement chaque été sur le Saint-Laurent, sur les rochers entre l’Isle-aux-Coudres et la rive sud. Vous avez admiré le macareux moine, ce fameux perroquet des mers, près de Mingan. Il fréquente nos eaux vers la fin septembre, jusqu’à la mi-octobre.


L’équipement requis

Pour débuter, laissez le trépied et le télescope à la maison. Le traversier est propulsé par d’immenses moteurs qui transmettent une vibration à l’ensemble du bateau, rendant impossible toute utilisation d’un télescope sur un trépied. Les jumelles 8x et même 10x sont idéales. Au niveau photographie, une lentille zoom de 200 à 400 mm ou plus est de mise si vous pouvez l’utiliser à main levée. Peaufinez vos ajustements avant votre croisière si vous voulez éviter de revenir avec des centaines de photos d’oiseaux sous-exposées.


Au niveau vêtements, la température sur le fleuve est très différente de celle sur la terre ferme. Les eaux froides du fleuve, combinées au vent léger produit par la vitesse du bateau, rendent une longue observation sur le pont inconfortable si vous n’êtes pas suffisamment vêtus. L’arrière du traversier, du côté sous le vent, permet de s’abriter et de se réchauffer.


Évidemment, la cafétéria du traversier offre des repas chauds et un bon café. Alors si vous souhaitez ajouter un peu de diversité dans vos observations d’oiseaux, et êtes à la recherche d’un nouvel environnement, la traverse de Saint-Siméon vous attend. Vous ne serez pas déçus.

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