Ce capitaine qui nous a fait rêver

Par Lise Pilote 11:45 AM - 20 août 2022
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Le capitaine Jacques Cordeau. Photo Alain Caron

« Va voir le bonhomme Cordeau » qu’on m’a dit, « il cherche quelqu’un pour animer son chantier ». Me voici sur les battures de la rivière Malbaie, début de la vingtaine, réputée d’être un garçon manqué, curieuse et convaincue de ma place sur ce chantier, pour y rencontrer celui qui allait marquée ma perception de la vie.


Lorsqu’il m’a dit qu’il m’engageait et que je devrais porter des robes… c’était bien parce que je voulais gagner mes études que j’allais me plier aux exigences de mon nouvel employeur que je jugeais non seulement farfelu, mais un peu sexiste : et je l’ai fait et il avait raison, le costume allait faire toute la différence sur ce chantier… pas tant pour les gars (mes robes n’étaient pas sexy) que pour l’effet contrôle sur les milliers de touristes qu’on y a accueillis ensemble. C’est comme cela que notre amitié a débuté. Le choc d’une génération allait être pour moi l’affirmation de la jeune femme qui allait choisir de vivre sa vie à plein, sous le charme de la détermination de son mentor.


D’autres histoires comme la mienne ont eu lieu: des gars ont tout quitté en ville pour venir s’établir à La Malbaie pour y travailler, d’autres y ont joint les leurs, d’autres y sont venus en famille, d’autres y ont passé les étés en attendant que la neige les ramène à leur montagne, ou y ont vécu leurs premières expériences de travail; sans oublier les filles qui se sont jointes à l’accueil des touristes l’été.


Plusieurs d’entre nous y ont fait leurs premières armes, et toutes et tous y ont vécu un moment de vie sans pareil et inoubliable sous le leadership dépareillé de celui qui rêvait à la réalisation de ce projet depuis plus de 20 ans à l’époque, un rêve aujourd’hui vieux de près de 40 ans, qui continue ses effets.


Monsieur Cordeau a su nous inspirer un monde meilleur en nous partageant son trop- plein d’amour de la vie, sa confiance en lui (celle qui doit nous guider avec sagesse), franchise et honnêteté; il nous a légué en héritage la richesse humaine, celle qui est nôtre avec ses défauts, oui, mais surtout toutes nos qualités!


Symbole d’un monde meilleur, le Pélican, son Pélican, a été un lieu de rencontres, de partage, on y a créé des liens, des amitiés, des amours. Mais avant tout, le Pélican est synonyme de fierté, de vivacité et de ténacité dans la réalisation de nos rêves et de nos vies. (…) Voilà ce qui nous lient à cet homme, les gars et les filles du Pélican! Voilà ce qu’il a été semé en moi durant ces années sur ce chantier, entourée de gars et de filles vraies, audacieux, vaillants et sincères, avec la tête et le cœur remplies de rêves.


François Cordeau, tu vas me manquer. Tu as changé ma perception du monde quand j’étais au début de la vingtaine, tu as semé en moi ces graines de passion qui font que c’est mon cœur qui me dicte en quoi m’investir, que mes folies les plus extravagantes sont les plus vraies, que tout est possible et que tous tes rêves, même les plus fous, sont réalisables. Je souhaite que ton départ marque, que tes désirs d’espoir et de réalisation teintent l’avenir. Que nos destinées soient aussi riches que les battures sur lesquelles nous avons jadis semé ensemble de grands espoirs! Monsieur Cordeau, mon ami, mon mentor, merci et respect!


Lise Pilote

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