114 spectacles sur les 120 prévus: un Festif arrosé, mais réussi

Changement de tête d’affiche à la dernière minute, vents à écorner les vaches Highland, périlleux spectacles son et lumière venus du ciel et annulations conséquentes: l’équipe du Festif! aura vécu plusieurs premières durant sa 13e édition. Qu’à cela ne tienne: les festivaliers ont opté pour la magie plutôt que les chichis.

Au lendemain de la 13e édition, Clément Turgeon avait sa traditionnelle voix de fumeur de trois paquets de cigarettes par jour (il n’en fume aucune!) et une fatigue évidente. Le Festif! 2022 aura été celui de nombreuses premières, pas toutes souhaitées, mais le directeur général et artistique en gardera davantage de bons souvenirs que de mauvais!
La pluie et les orages ont, c’est connu, gâché une partie de la fête, forçant l’annulation des spectacles de Polo et Pan, Lisa Leblanc et Salebarbes, sur la courue Scène Desjardins.

Clément Turgeon préfère y voir une toute petite ombre au grand tableau. «C’est plate, on ne se battra pas contre la météo, mais il ne faut pas perdre de vue qu’on a accueilli 47 000 festivaliers et qu’on a présenté 114 spectacles sur les 120 prévus! », lance-t-il, fier de ses troupes.

A priori, les festivaliers ont plutôt bien réagi. «On entends beaucoup que les gens ne tiennent pas nécessairement à se faire rembourser. Ce serait apprécié, parce que ça va avoir une incidence sur notre bilan, mais on aura une politique de remboursement. » Au moment d’écrire ces lignes, elle n’était pas définie dans le détail.

Ce Festif! ne saurait se résumer à la colère des éléments, insiste le directeur artistique et général de l’événement.
« On ne veut pas que les précipitations et orages portent une ombre au reste! Les orages sont arrivés aux shows principaux, à la Scène Desjardins, mais le Festif a eu lieu en grosse partie! Quand les spectacles ont été annulés, beaucoup se sont déplacés vers les shows gratuits, on a présenté Qualité Motel en show surprise, il y avait de belles découvertes à faire et c’est ma mission: que les gens soient plus curieux musicalement», lance Clément Turgeon.

Si elle a privé Le Festif! d’un de ses têtes d’affiche internationales, L’Impératrice, la COVID n’a pas épargné les troupes. «On a perdu quelques joueurs, mais nous avons respecté en tout point les instructions de la Santé publique», résume Clément Turgeon.

Le protocole d’urgence a été mis à l’épreuve samedi quand la Scène Desjardins a dû être évacuée juste avant les prestations attendues de Lisa Leblanc et Salebarbes. La foule a obtempéré rapidement et ne s’est pas complètement dissipée, espérant sans doute l’éclaircie salvatrice. « En 13 ans on n’avait jamais eu à utiliser nos protocoles d’évacuation et cette année, on a dû le faire deux fois. Jeudi, on était un peu déboussolé parce qu’on ne s’y attendait pas et ç’a été un peu plus laborieux, mais samedi, on avait de l’expérience et tout s’est bien déroulé. On sait que ça peut arriver. Quand on tient un événement extérieur sur plusieurs jours, il y a des probabilités que des choses », indique Clément Turgeon.

Samedi, des centaines d’évacués sont demeurés à proximité du site, trouvant refuge sous les toits environnants et espérant un petit miracle avec le retour du temps clément. Des bris au matériel auront sonné le glas de leurs espérances.

« On voulait rouvrir, mais c’était carrément un ouragan sur le site. Des clôtures sont tombées. Des instruments des musiciens de Salebarbes et Lisa Leblanc étaient abîmés. C’est encore plus crève cœur parce que « météorologiquement parlant », on aurait pu aller de l’avant », ajoute Clément Turgeon.

Le post mortem inclura une réflexion sur l’avenir de la plus grosse scène.
«On va se repencher là-dessus. C’est une question qu’on se pose depuis quelques temps. Est-ce qu’on garde la scène principale avec une même jauge? Évacuer 5000 personnes, ce n’est pas comme en évacuer 300… »

Butinant de scène en scène sur son inséparable vélo, il a vécu son lot de moments de grâce.

« L’Orchestre tout puissant Marcel Duchamp, c’est mon moment de grâce. Ils sont 14, de la Suisse! Ça n’a pas été évident de bâtir leur tournée, mais c’est mon gros moment. Et ils ont trippé autant que nous! Les artistes internationaux ne savent jamais trop où ils s’en vont jouer. Tous ceux qu’on a accueillis cette année sont tombés sous le charme du Festif!, de Baie-Saint-Paul, de Charlevoix! »