Une histoire d’oiseaux et de collaboration

Par Michel Paul Côté 12:00 PM - 17 avril 2022
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La mésange à tête brune.

La passion des oiseaux est quelque chose que les amateurs aiment partager. Les liens d’amitié se créent rapidement, et l’entraide est toujours disponible. Voici un bel exemple de collaboration.

Il y a quelques semaines, ce journal publiait une chronique sur la mésange à tête noire. À la fin du texte, je mentionnais que la cousine de cet oiseau, la mésange à tête brune, était beaucoup plus rare et discrète, sortant rarement de la protection de sa forêt boréale.

J’observe les oiseaux depuis ma jeunesse, et je n’ai jamais pu observer la mésange à tête brune. Je la cherche depuis longtemps…

On la retrouve en Gaspésie, sur la Côte Nord, parfois dans les hauteurs de Charlevoix. J’ai mentionné que si des lecteurs connaissaient un endroit où je pourrais apercevoir «la brune« dans Charlevoix, j’apprécierais grandement qu’on me contacte.

Le monde des observateurs d’oiseaux est composé de passionnés qui aiment partager.

Quelques jours après la parution de la chronique, une dame m’a contacté par courriel pour m’informer qu’un couple de mésanges à tête brune fréquente les abords de son chalet depuis de nombreuses années.

Elle m’a décrit avec une passion évidente la joie que ce couple lui procure lorsqu’elle emprunte le sentier près de son habitation. Pas toujours visibles, mais un chant caractéristique qui la suit lors de ses marches quotidiennes.

Après quelques échanges de courriels, je lui ai demandé s’il m’était possible de tenter de les observer. Certainement, mais son chalet se situe au nord de Baie-Comeau… Légère déception, mais les échanges avec cette amatrice d’oiseau furent intéressants.

Quelques jours plus tard, elle me recontacte. Son frère voit régulièrement une bande de mésanges à tête brune. La bande fréquente un boisé privé qui jouit d’un microclimat assez nordique. Et son frère habite Charlevoix, à moins de 30 minutes de chez moi! Elle m’offre de nous mettre en contact. Bien sûr !

Le lendemain, je parle à Roger. Oui, il sait où observer «la brune», et en moins de deux, nous avons rendez-vous dans son secteur en début d’après-midi.

Isabelle et Roger aiment la nature. Ils vivent au milieu de la forêt et prennent un grand soin de leurs mangeoires d’oiseaux. Sans eux, jamais je n’aurais pu trouver l’endroit, environ un kilomètre sur un chemin forestier heureusement déneigé, un peu…

Arrivés à une clairière, on stationne les camions et on emprunte un sentier récemment ouvert par une motoneige. Après environ 20 minutes de montée, Isabelle déclare: «c’est ici.»

Évidemment, pas un oiseau en vue. Même pas un son. C’est souvent ainsi.

Mais je suis heureux, car je me trouve sur leur territoire. Si je ne les vois pas aujourd’hui, je reviendrai. Pour l’amateur d’oiseaux, la recherche de l’espèce rare est aussi passionnante que l’observation, sinon plus. Oui, je reviendrai, souvent. Je ferai durer le plaisir.

J’ai grandement remercié ce couple de passionnés qui m’ont invité à revenir quand je voudrai. Si je rencontre le propriétaire du boisé, il me suffira de mentionner leur nom.


Dans les jours qui ont suivi, je suis retourné à plusieurs reprises. Sans succès, mais chaque sortie fut un plaisir.
J’ai pu observer longuement, à quelques mètres, une chouette cendrée qui semblait fort surprise de ma présence.

Un jour, j’ai rencontré le propriétaire du boisé qui s’affairait à corder du bois. Je me suis présenté, ai expliqué ma présence, utilisé le nom de Roger et Isabelle. Il m’a bien accueilli, m’a indiqué où stationner mon camion et m’a souhaité bonne chance.

Cette histoire de mésange à tête brune se termine bien pour moi. Lors d’un après-midi neigeux, en revenant bredouille de ma xième sortie, un mouvement a attiré mon regard, tout près.

Nul besoin de jumelles, «la brune» est perchée devant moi et m’observe.

Sa calotte brune n’est pas vraiment visible à cause de la mauvaise visibilité, mais le gris de son cou est évident. Et pour confirmer le tout, elle émet son cri caractéristique avant de s’envoler.

C’est terminé. Je suis évidemment heureux, mais en même temps un peu désolé que la recherche de cet oiseau énigmatique soit terminée.

Sur le chemin du retour, j’ai croisé Roger. Un pur hasard. «Puis ?», il me demande.

«Je l’ai vue.»

Il semble aussi heureux que moi. Et il ajoute doucement : «C’est une belle passion, l’observation des oiseaux».

Oui, c’est vrai.

Nouvelles de la SHEC

Le programme d’activité de la Société d’horticulture et d’écologie de Charlevoix (SHEC) est disponible sur leur site WEB. La saison sera lancée lors de l’assemblée générale annuelle qui se tiendra au Camp Le Manoir des Éboulements le 15 mai, à 10 heures. L’AGA sera suivie d’un brunch et d’une conférence sur les oiseaux de Charlevoix.
Le conférencier invité est Norbert Lacroix, président du Club des Ornithologues de Québec. Détails sur le site WEB shecharlevoix.com

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