Les enjeux autochtones, parlons-en

Par Karine Dufour-Cauchon 7:00 AM - 13 mars 2022
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Samian en conférence au CECC vendredi, 4 mars.

«C’est quoi ton rêve?». «C’est quoi ta plus grande peur?». Les peuples des Premières Nations ont beaucoup en commun avec vous. C’est ce que tenait à faire valoir le rappeur, conférencier et artiste Samian qui était de passage au Centre d’études collégiales en Charlevoix (CECC) vendredi 4 mars.

Sur l’heure du midi ce vendredi-là, des dizaines d’étudiants et membres du personnel du CECC ont écouté attentivement la conférence de Samian, artiste originaire de la communauté de Pikogan en Abitibi-Témiscamingue. Sa perspective sur la réalité autochtone a fasciné l’auditoire, lui qui a partagé son parcours en tant que métis d’origine Abitibiwinni. Lui qui parle français et algonquin a voulu aborde l’identité comme thème de discussions avec les jeunes du collège de La Malbaie.

«Je leur pose beaucoup de questions sur leurs rêves, leurs peurs, est-ce qu’ils se connaissent vraiment, est-ce qu’on leur demande qui ils sont avant de savoir qu’est-ce qu’ils veulent faire dans la vie? Je veux qu’ils découvrent qu’on a plus de choses en commun que de différences. On est souvent axé sur nos différences, c’est tellement facile de miser là-dessus, de les identifier, qu’on en oublie ce que l’on a en commun», indique-t-il au journal.

Les jeunes de régions comme Charlevoix n’ont probablement pas eu beaucoup de contacts avec des communautés autochtones, mis à part quelques notions historiques au secondaire.  L’artiste s’est dit confiant que le dialogue national entamé récemment contribue à rendre les jeunes curieux et ouverts sur la question autochtone.  

« Les mentalités changent, les gens le voient. C’est toujours une question d’éducation. Nos jeunes peuvent avoir une forme d’éducation sur leurs parents. D’avoir des conférences comme cela ça apporte une belle discussion autour de la table sur l’heure du souper, partager ce qui s’est passé aujourd’hui à l’école. Ça passe par le dialogue », ajoute le rappeur.

Un nouveau cours pour aborder la question

Depuis deux ans, un nouveau cours s’est ajouté aux choix de cours à options pour tous les programmes du CECC. L’arrivée de «Peuple autochtone» dans le cursus réjouit l’enseignant en histoire et responsable du cours Mathieu Bureau-Meunier.

Lui qui est nouvellement arrivé au CECC à l’automne 2021 se réjouit de ce nouveau défi.

«J’étais très content de donner ce cours, c’est un sujet qui m’intéresse énormément. J’ai travaillé étroitement avec les communautés micmaques qui sont là-bas. En montant le cours, je voulais que ça soit plus dynamique et original, donc on a invité un conférencier. J’ai pensé à Samian, un artiste que je connais par sa musique depuis plusieurs années. Je l’ai contacté par courriel et quinze minutes plus tard il me disait oui», raconte l’enseignant .

Le cours qu’il donne est une occasion de «défolkoriser» la culture autochtone aux yeux des allochtones.

La question autochtone, c’est très récent qu’on en parle ouvertement. Même moi au secondaire, je me souvenais avoir eu un cours là-dessus qui allait un peu plus loin, mais c’était une initiative d’un professeur. Rien au Cégep, mais à l’université. Il y a un spécialiste

«On parle beaucoup des autochtones sous le régime français.  On n’en parle plus après cela. L’histoire autochtone est imprégnée d’ignorance. On l’a tassé tout simplement. Le programme de sciences humaines commence à être retravaillé pour laisser plus de place à la question autochtone dans le cursus», complète-t-il.

Une vingtaine d’étudiants sont inscrits pour la session d’hiver 2022.