La pandémie fragilise Diabète Charlevoix

Par Karine Dufour-Cauchon 8:00 AM - 7 mars 2022
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La vice-présidente Marianne Boily et Jacynthe Bilodeau présidente de Diabète Charlevoix.

Sans une aide financière de Québec, Diabète Charlevoix risque de ne pas survivre à la pandémie. L’organisme qui accompagne les diabétiques n’est plus capable de joindre les deux bouts. 

D’ici la fin de l’année financière, l’organisme aura besoin de quelques milliers de dollars pour assurer la continuité de ses services.

Depuis 35 ans, Diabète Charlevoix était en mesure de boucler son budget  avec la tenue d’activités de financement. Il a toutefois été impossible d’en tenir une seule durant les deux dernières années. Le projet d’ouvrir un bureau à Baie-Saint-Paul doit attendre. L’organisme a besoin de 50 000$ pour survivre à la prochaine année financière.

«C’est un cri d’alarme, lance Marianne Boily, vice-présidente de l’organisme. Cette année, nous ne pourrons pas continuer de donner nos services si nous n’avons pas de financement. Nos activités de financement n’ont pas pu avoir lieu, et nous avons étiré nos ressources.»

Diabète Charlevoix n’a pas attendu d’être mal pris avant de demander de l’aide. Un peu avant la pandémie en 2019, l’organisme a fait une demande de financement récurrent au Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC). 

La demande reçoit une réponse négative. On leur  suggère alors  de développer plus d’ancrage avec la population régionale et la clientèle. Les activités et efforts de communications se multiplient, mais la
pandémie qui arrive en
mars 2020 complique les choses.

Cela n’empêche pas Diabète Charlevoix de faire ses devoirs. Appels téléphoniques, ateliers informatiques, club de marche, plusieurs activités se développent malgré tout.

État des lieux

1 personne sur 11 a le diabète.
1 personne sur 4 qui en souffre l’ignore.
Environ 2300 Charlevoisiens en seraient atteints*
Diabète Charlevoix compte 130 membres, dont 20 nouveaux membres en 2021.
Les saines habitudes de vie, l’alimentation et l’activité physique peuvent permettre d’éviter 80% des cas de diabète de type 2.
*selon les derniers chiffres de l’organisme de 2018

Une autre demande est faite au PSOC en 2020. Les administrateurs du regroupement communautaire sont remplis d’espoir, mais essuient encore un refus.

Cette fois-ci, difficile de savoir ce qui ne va pas lorsque l’on contacte les responsables du programme, affirme Karine Chiasson, coordonnatrice. Une autre demande est envoyée en janvier 2022.

«Notre survie demeure conditionnelle à l’obtention du financement du PSOC. La pandémie nous a affectés. Comme pour les autres organismes, nos événements de financement ont été suspendus. Diabète Charlevoix ne sera bientôt plus en mesure de pouvoir fournir les services d’une permanence à nos bureaux afin d’assurer les besoins grandissants des membres, de la population et de l’organisme», statut l’OSBL dans sa lettre de demande d’aide financière 2022.

L’organisme a d’ailleurs envoyé une lettre à ses membres en début mars les informant de la situation. Dans la missive, on réitère que du financement récurrent est essentiel.

«On est prêt à retravailler notre créneau et aller chercher encore plus la population. On aimerait vraiment ouvrir un bureau dans Charlevoix-Ouest également. On cogne aux portes présentement», indique
Mme Bilodeau. Une rencontre est prévue avec la députée de Charlevoix-Côte-
de-Beaupré Émilie Foster.

«Cette année, c’est le deadline», conclut la présidente de l’organisme. Diabète Charlevoix tiendra son assemblée générale annuelle le 27 mars à l’auberge des Trois Canards.

«Comme si on m’avait enlevé le tapis d’en dessous des pieds»

Il y aurait plus de 2000 personnes atteintes de diabète dans Charlevoix selon l’organisation. «On ne peut pas aller chercher ces gens-là si nous n’avons pas d’aide financière», réitère la vice-présidente.

Marianne Boily a elle-même dû avoir recours aux services de Diabète Charlevoix. «Quand j’ai reçu le diagnostic, c’est comme si quelqu’un m’avait tiré le tapis de dessous les pieds. Une chance que j’ai eu de l’accompagnement. Échanger là-dessus avec d’autres, ça m’a libérée! Arriver à l’épicerie dans l’allée des céréales peut devenir angoissant avec cette nouvelle réalité, témoigne-t-elle.

«Dans les grandes allées de céréales, de pains, c’est un défi de bien choisir. Il y a beaucoup de variétés et elles se disent toute «santé». En regardant de plus près les valeurs nutritives, on se rend compte que ce n’est pas le cas. L’accompagnement en épicerie, c’est un des exemples de nos services qui peut être très important pour les personnes qu’on accompagne», indique Mme Boily.
L’organisme offre également des conférences et ateliers avec des pharmaciens et des cafés-rencontres. Il finance également des soins de pieds et paie pour des inscriptions en camp de vacances pour des enfants diabétiques de Charlevoix.

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