De Saint-Siméon à Lviv : une nouvelle mission pour Frédéric Tremblay

Par Karine Dufour-Cauchon 7:00 AM - 5 mars 2022
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Andrew Elli (garde du corps), Philippe Leblanc (Journaliste Radio-Canada), Frédéric Tremblay (Caméraman de Radio-Canada) et Nicolaï, samaritain qui a offert de traverser les deux canadiens de l’autre côté de la frontière

Frédéric Tremblay de Saint-Siméon est au front en Ukraine. Caméraman pour Radio-Canada, il est aux premières loges du conflit qui tient la planète en haleine. L’expérience, la débrouillardise et le sang-froid sont aussi importants que son matériel pour bien faire son travail.

L’Ukraine est présentement prise d’assaut par la Russie. Les yeux du monde entier sont tournés vers cette partie du globe. Tous les grands médias ont des envoyés spéciaux.  Frédéric Tremblay a dit « oui » lorsqu’on a pensé à lui pour cette nouvelle mission à l’étranger.

Lui qui travaille avec le média canadien depuis 2003 en a vu des conflits, des guerres, des crises humanitaires. Un mandat en Ukraine ne l’intimidait pas, raconte-t-il en entrevue avec le journal en direct de sa chambre d’hôtel à Lviv, où il est stationné pour l’instant. Cela sera sûrement une dose d’adrénaline après quelques semaines en Chine pour la couverture des Jeux olympiques de Pékin.

L’adrénaline, c’est le carburant de Frédéric Tremblay. Lui qui cumule plusieurs reportages à l’étranger témoigne humblement que ce nouveau défi est «un travail comme un autre».

Du sirop pour traverser les douanes

L’homme originaire de Saint-Siméon garde toujours près de lui du sirop d’érable de son patelin natal lorsqu’il part à l’étranger. Une petite bouteille de l’Érablière le Boisé de Saint-Siméon lui a été fort utile lors de son passage à la frontière polonaise vers l’Ukraine mercredi.

C’était impossible de savoir si notre chauffeur allait être en mesure de venir nous  chercher à la frontière, il y avait des files de véhicules qui attendaient pour sortir du pays. Moi et Philippe [Leblanc, journaliste à Radio-Canada], on arrêtait des gens qui entraient au pays pour nous trouver un transport. Finalement, un Ukrainien nous a fait de la place dans son véhicule déjà plein. On lui a dit que nous étions Canadiens. Il disait être reconnaissant de voir le Canada aider son pays. À la fin du voyage, nous lui avons offert de l’argent, mais il n’en voulait pas. Je lui ai offert une petite bouteille de sirop d’érable, il était bien content.

Frederic Tremblay
Il a fallu un peu de logistique pour faire place aux nombreux bagages des deux Radio-Canadiens. Courtoisie

«J’ai un travail à faire»

La ville de Lviv que Frédéric a connu autrefois, lors de voyage touristique en Ukraine, garde son charme par son architecture médiévale. Par contre, les foules monstres qui s’accumulent aux gares de la ville n’ont rien d’enchanteur, soutient-il.

«Ici, les gens fuient, on le voit. Il y a des foules monstres. C’est l’exode. Il y a des femmes, beaucoup d’enfants, des hommes aussi», ajoute-t-il.

Comment gardes-tu ton son sang-froid?

C’est sûr que de voir cela, nous ne sommes pas insensibles. Ça prend de la compassion face aux difficultés humaines qu’on voit. Que ce soit en Haïti, au sud de la Colombie, avec la crise de l’Ebola en Afrique, après toutes ces années, on relativise. Il faut garder son sang-froid et avoir une certaine distance avec son sujet, car il ne faut pas oublier que nous avons un travail à faire. C’est sûr que ce n’est pas toujours évident, moi aussi je suis un spectateur de l’autre côté de ma caméra.

Frédéric Tremblay

Couvrir des événements en zone de guerre vient avec son lot d’imprévus. Pour assurer la sécurité des journalistes et des caméramans sur les lieux, ils sont accompagnés d’un agent de sécurité qui surveille les alentours. Si les journalistes sont en zone de conflits armés, ils doivent porter des vestes pare-balles et un casque de protection avec la mention «PRESS».

«Heureusement, nous n’en avons pas eu besoin encore. Nous prenons nos précautions et on calcule les risques. Il y a un dicton qui dit qu’il faut faire des nouvelles, et non pas faire la nouvelle », témoigne Frédéric finalement. 

Pour les prochains jours, il accompagne la journaliste correspondante à Radio-Canada Marie-Ève Bédard, du moins, à moins de changements. En plein cœur d’une zone de guerre, les imprévus sont le lot quotidien des artisans de l’information.

PHOTO ARCHIVES – Frédéric Tremblay lors de son passage en Colombie pour un Reportage avec la milice populaire du FARC. LIEN DU REPORTAGE ICI .

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