Vital Lévesque subit un procès pour avoir proféré des menaces

Par Dave Kidd 8:12 AM - 22 février 2022
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Le palais de justice de La Malbaie.

Le procès de l’avocat à la retraite Vital Lévesque, accusé de menace de mort à l’endroit de deux employés de la municipalité de Saint-Siméon, s’est ouvert lundi 21 février au palais de justice de La Malbaie.

Les événements reprochés à l’homme remontent au 28 août 2020 dans le cadre d’une rencontre portant sur un permis de construction. L’accusé voulait reconstruire son chalet rasé par un incendie en 2019. Il avait rapporté la perte à la Sûreté du Québec le 19 mai de cette même année.

Les gestes auxquels doit répondre Vital Lévesque ne sont pas des menaces directes. Selon ce qui a été présenté devant la cour, il aurait dit : « Ne revenez pas sur mes terres durant le temps de la chasse. Il y a des tireurs d’élite ici ».

Le directeur général adjoint et inspecteur municipal, Gérald Bouchard, et Johanne Dallaire, agente de développement et inspectrice adjointe, ont raconté leur version des faits.

Me Jessica Tourigny Lambert a fait ressortir l’attitude de l’accusé dans ces échanges avec les plaignants. L’avocate leur a demandé de revenir sur une visite au chalet de l’accusé en 2019 relativement à plainte du ministère de l’Environnement du Québec datant de 2017 pour les installations septiques dudit chalet.

« La visite a été reportée pour ne pas envenimer la situation », a déclaré Gérald Bouchard. On se souviendra que dans ce temps-là, la saga du sentier de motoneige faisait les manchettes. Le dossier s’est d’ailleurs retrouvé en Cour supérieure qui a donné raison à Vital Lévesque. Un appel a été interjeté par les parties défenderesses.

En preuve, une vidéo de la visite du 9 octobre 2019, corroborant les témoignages entendus, fait entendre Vital Lévesque qui est mécontent de la venue des inspecteurs municipaux. « Vous deviez m’aviser de votre visite. Votre maire est un Bougon. Il me harcèle. Il a incité des gens à commettre des actes illégaux contre moi », l’entend-on maugréer.

Un second enregistrement a été présenté. Il a été réalisé lors de la rencontre du 28 août 2020 dans la salle de conférence de l’hôtel de ville de Saint-Siméon. On n’entend pas l’accusé prononcer les paroles qui ont été rapportées par les employés municipaux. Par contre, il n’est pas tellement heureux de la tournure des événements. Il rappelle que le maire l’a harcelé. Il menace aussi des prendre des recours contre la municipalité s’il est lésé. Il lance aussi que « s’il le faut, il va se présenter à la mairie de l’endroit. »

Dans les faits, la municipalité ne lui aura pas refusé un permis. La demande et les documents pour l’obtenir ne sont arrivés au bureau municipal. Vital Lévesque demandait verbalement le permis de construction.

Les employés municipaux ont dit garder de bien mauvais souvenirs des deux rencontres avec l’accusé. Johanne Dallaire a versé quelques larmes devant la cour et a mentionné qu’elle est désormais « incapable de réaliser une inspection municipale seule ».

L’auteur de l’incendie identifié ?

Vital Lévesque témoigné en défense. Sa version de l’histoire diffère de celle avancée surtout sur la forme. « J’étais fragile à cette période. J’ai eu un infarctus. J’ai été hospitalisé à l’hôpital Laval. « Je n’ai jamais dit que j’allais les tuer », a-t-il déclaré.

Il a fait une déclaration surprenante : « J’ai trouvé récemment qui est l’auteur du feu », (de mon chalet) sans en dire plus à la cour. Il a affirmé sous serment « n’avoir jamais menacé » les employés de la municipalité même s’il est clair pour lui « que le maire les a mandatés pour réaliser une inspection à son chalet ».

Il a répété à plusieurs reprises à la juge Rachel Gagnon de la Cour du Québec que toute cette affaire s’inscrit « dans la trame de la saga du sentier de motoneige ». Le septuagénaire a rappelé qu’il avait coupé l’accès au sentier en raison d’actes de vandalisme perpétrés sur ses terres et à son chalet du lac Épiphane.

L’accusé ignorait jusqu’au procès qu’il faisait face à une plainte du ministère de l’Environnement pour les installations sanitaires de son chalet. Il a aussi dit qu’il « sentait que la municipalité ne lui accorderait pas de permis » pour reconstruire le chalet incendié. Il dit avoir appris plus tard que c’est en raison de la déclaration d’appartenance prononcée par le gouvernement du Québec qu’il lui serait impossible de reconstruire.

Contre-interrogatoires serrés

Me Suzanne Corriveau en défense et Me Jessica Tourigny Lambert pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales ont mené des contre-interrogatoires serrés. La défense a fait admettre à la plaignante que les tireurs d’élite dont elle parlait n’étaient pas dans sa déclaration ni dans les preuves audios et vidéos entendus. « Sous le coup de l’émotion, je ne l’ai pas dit à l’agent de la paix », a expliqué Johanne Dallaire.

Vital Lévesque a vu les tireurs d’élite revenir. La Couronne a sorti une déclaration qu’il avait faite sur les ondes du FM Charlevoix en décembre 2019. « Ce sont des retraités de l’armée depuis 25-30. Ce sont des amis qui m’aident.  Ils viennent pêcher et chasser sur mes terres », a-t-il reconnu.

La Couronne a poursuivi en parlant de son attitude durant la rencontre du 28 août 2020. « Une rencontre exigeante », a dit l’ancien avocat admettant avoir « son franc-parler ».

Vital Lévesque a dit qu’il n’avait pas menacé personne. Pour lui, d’avoir dit en 2019 à Johanne Dallaire et Gérald Bouchard, « sortez d’ici sinon vous ne sortirez pas » n’était pas une menace.  Il affirme avoir mentionné en août 2020 « que s’ils revenaient sur ses terres, pour une inspection, en automne durant la période de chasse, ça se peut que ça tire ».

Le septuagénaire va plaider coupable à une accusation de possession d’armes à feu sans détenir de permis, a annoncé son avocate au début du procès.

Ce mardi matin, les avocates présenteront leurs plaidoiries.

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