Maurice Lamontagne : celui qui a démystifié les tremblements de terre

Par Dave Kidd 9:00 AM - 19 janvier 2022
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En début de carrière, Maurice Lamontagne participe à l’étude des séismes de Nahanni dans les Territoires du Nord-Ouest qui ont surpris les scientifiques et le public par leur intensité et leur durée (5 octobre 1985, magnitude 6,6 – 23 décembre 1985, magnitude 6,9). Photo courtoisie

Une grande page de l’histoire des sciences se tourne. L’expert canadien des tremblements de terre et grand ami de Charlevoix Maurice Lamontagne prend sa retraite après 37 ans au service du gouvernement fédéral.

Dès que la terre tremblait, Maurice Lamontagne devenait l’homme à rejoindre. Plus la secousse était importante, plus les questions étaient nombreuses pour le réputé sismologue. Et, quand ça concernait Charlevoix, il n’hésitait pas à sortir du cadre pour bien faire comprendre ce qui s’était produit et désamorcer les craintes et l’anxiété.

« Le meilleur public est celui de Charlevoix. On sait c’est quoi un tremblement de terre ici. Il y a toujours de l’intérêt », soutient le scientifique qui, à ses débuts, n’avait que très peu de données sur la région. Charlevoix enregistrant en moyenne 200 secousses par année, Maurice Lamontagne n’en est jamais reparti sans données fraîches sur l’activité sismique.


Il connaît notre région comme s’il l’habitait depuis toujours. Il a étudié en long et en large la faille du Saint-Laurent qui longe l’impact météoritique.

Maurice Lamontagne sur la faille San Andreas, en Californie. Cette grande faille, à la limite de deux plaques tectoniques, provoque des séismes très importants et dévastateurs.


Au moment de choisir son champ d’études, Maurice Lamontagne a hésité entre l’histoire et la géologie. Il a opté pour cette dernière étant donné que le grand air l’attirait. Un de ses premiers emplois d’été a été l’installation d’équipement de mesure sur les deux rives du Saint-Laurent. « On tentait de trouver le moyen de prédire les tremblements de terre avec des explosions planifiées pour ensuite mesurer les ondes sismiques. Ça n’a pas duré longtemps, cette pratique », dit-il.


Presque 40 ans plus tard, Maurice Lamontagne part à la retraite en répétant la même réponse sur la prévisibilité d’un tremblement de terre. « Aucun signe avant-coureur n’a été découvert nulle part », précise-t-il.

Tremblement de terre 101


Le tremblement de terre de niveau 6 qui s’est produit le 25 novembre 1988 au Saguenay a été un point tournant dans la carrière du vulgarisateur scientifique. Maurice Lamontagne était d’ailleurs au Saguenay ce soir-là. Il a aussi participé à une soirée d’information organisée par le CLSC dans les jours qui ont suivi.


« Les gens du Saguenay étaient craintifs. Pour eux, les craintes venaient d’une mauvaise compréhension de ce qu’est un tremblement de terre. Quand on en parle, il y a toujours un côté qui fait peur. Ça ne donne rien. Il faut aider les gens à se préparer. Même si on étudie les tremblements de terre, cela ne veut pas dire que l’on peut gérer l’anxiété chez les gens. J’ai adapté mes communications depuis », indique l’expert.


Toujours très modeste, il refuse l’utilisation du qualificatif «sommité» lorsqu’on parle de lui. « J’ai fait mon possible. J’avais à cœur de vulgariser la science en me concentrant sur ce qui intéresse les gens », souligne le docteur en sciences de la Terre de l’Université de Carleton.

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