Tantôt pour une cirrhose du foie, pour une blessure suite à une chute en état d’ébriété ou pour une psychose, le personnel soignant de l’Hôpital de La Malbaie prend en charge son lot de personnes intoxiquées. Plus qu’ailleurs dans le reste de la province, soutient un médecin de famille qui s’implique pour changer la donne.
Dr François Turgeon-Marceau est médecin à l’Hôpital de La Malbaie depuis un peu plus d’un an et demi. Le professionnel de la santé lève un drapeau quant aux habitudes de consommation d’alcool et de drogues sur le territoire de sa région d’accueil. L’Hôpital de La Malbaie traite dans une proportion de personnes intoxiquées par la boisson qui semble démesurée par rapport à son bassin de population.
Dès son arrivée dans la région, il veut s’impliquer. À l’Hôpital de La Malbaie, il y découvre une pratique «intéressante et à échelle humaine». Le nouvel arrivant prend la relève du Dr Pierre Carrier, aujourd’hui retraité, au sein du conseil d’administration de Ressource Genesis. Il siège donc depuis à l’organisme qui œuvre dans l’accompagnement des personnes aux prises avec des problèmes de dépendances en tout genre.
Aujourd’hui, il partage un constat «en son nom personnel, qui n’engage ni le CIUSSS ni ses collègues». Même s’il n’y a pas d’études quantitatives qui chiffrent la problématique, le professionnel qui a travaillé dans plusieurs régions du Québec sent dans sa pratique qu’il y a davantage de personnes en état de consommation qui font l’objet d’une intervention à l’établissement malbéen.
«Il n’y a pas une communauté qui est épargnée par l’alcool ou la drogue. La Malbaie ne fait pas exception. Ceci dit, il y a définitivement une problématique par rapport à la consommation d’alcool. Plus qu’ailleurs où j’ai travaillé, on voit des gens qui ont des complications liées à l’alcool dans tous les groupes d’âge, ce ne sont pas seulement les jeunes. On remarque que les gens boivent beaucoup. Il y a une problématique à ce niveau-là, qui est présente pas
mal dans Charlevoix-Est», déclare-t-il.
Si l’alcool semble toucher l’ensemble des tranches d’âge, la méthamphétamine (plus communément appelée peanut ), elle, est le fléau des plus jeunes.
« Malheureusement, ça nous amène un renouvellement de notre clientèle psychiatrique. Autant pour l’alcool, nous avons beaucoup de patients qui font la porte tournante, qui entrent, qui ressortent une fois soignés, et qui rentrent à nouveau quelques jours ou quelques semaines plus tard pour la même problématique», fait part Dr Turgeon-Marceau.
Dans ce contexte, il ne passe pas sous silence son désappointement face aux complications que connait l’organisme dans son projet de déménagement (Voir page suivante).
«C’est sûr que Ressource Genesis a définitivement sa place. Je pense que le conflit avec la Ville est une aberration. On est dans le centre-ville, on voit bien que notre patientèle est là. Non, ce ne sont pas des gens qui sautent sur le monde, mais il faut qu’on aille rejoindre la patientèle là où elle est. C’est pour cela que je m’implique dans cet organisme-là, c’est pour éviter qu’ils se ramassent chez nous après, à l’hôpital, et qu’ils occupent des lits de soins intermédiaires », ajoute-t-il.
Le médecin termine avec un message d’espoir. Pour ceux qui sont aux prises avec une consommation problématique, il y a de l’espoir, à condition de prendre la main tendue.
Ceci dit, le chemin de la guérison n’est pas toujours évident. Le sevrage à l’alcool est le seul potentiellement mortel. L’accompagnement dans une telle démarche est donc très important, estime-t-il.
« Il n’y a pas de «one size fits all» en dépendance. C’est peu adapté à notre réalité de 2022. Ça prendrait une prise en charge multidisciplinaire, avec des intervenants, des travailleurs sociaux. Les groupes de soutien anonyme conviennent à certains, mais pas à tous. Ce ne sont pas des admissions qui sont nécessairement urgentes, mais qui passent
par l’urgence. Malheureuse-ment, je trouve que ce n’est pas optimal. Nous sommes en train de travailler avec les services professionnels et la direction, le Centre de réadaptation en dépendances de Québec, voir si
on peut travailler à éla- borer une trajectoire pour ces patients», termine Dr Turgeon-Marceau.
De l’aide au bout du fil
Ressource Genesis : 418 665-3912
Unité Domrémy de Clermont : 418 439-2359
Vision d’espoir et de sobriété : 418 435-2332
Alcooliques Anonymes – ligne d’aide 24/7: 1-866-376-6279
En cas d’urgence : 310-4141 ou 911
Info-Social et Info Santé : 811
CLSC de La Malbaie : 418 665-6413
CLSC de Baie-Saint-Paul : 418 435-5475
CLSC de L’Isle-aux-Coudres : 418 438-2788
CLSC de Saint-Siméon : 418 638-2369
CLSC de Baie-Sainte-Catherine : 418 237-4272
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