Non-responsable d’avoir commis le meurtre de sa mère

Par Karine Dufour-Cauchon 1:30 PM - 10 janvier 2022
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L’individu est au palais de justice de La Malbaie cette semaine (10 janvier) pour entendre les plaidoiries sur son potentiel de récidive.

Jean-Philippe Blais est reconnu non-criminellement responsable du meurtre de sa mère, Violaine Gagnon, de Baie-Saint-Paul. Le tribunal revient sur les faits entourant cette soirée du 3 août 2019, où il a commis l’irréparable dans un épisode de schizophrénie paranoïde.

Lui qui avait confié auparavant à un psychiatre qu’il voulait tuer sa mère est passé à l’acte alors qu’il se croyait victime d’un complot d’empoisonnement. Il a commis le matricide à coups de couteau et de poêlon de cuisine, a admis le tribunal lundi 10 janvier 2022.

La lumière a été faite par le tribunal alors que les parties résumaient les faits du meurtre au second degré de Violaine Gagnon, 59 ans, de Baie-Saint-Paul.  Son fils et auteur de l’homicide, a été officiellement reconnu non criminellement responsable de ces gestes au palais de justice de La Malbaie lundi 10 janvier 2022.

Sur quatre jours, des experts sont de passage au tribunal à La Malbaie. Ils partagent leur analyse à savoir si Blais est à risque de récidives. Des plaidoiries suivront de la part des représentants de la poursuite et de la défense. Lors de début des audiences lundi matin, les deux parties ont résumé les faits de cette nuit du 3 août 2019 comme suit.

Un appel est logé à la Sûreté du Québec par un collègue de travail de la victime, s’inquiétant de son absence. À l’arrivée des agents, Mme Gagnon est retrouvée décédée dans une mare de sang et porte d’importantes blessures causées par un couteau et un poêlon.

Au fil de l’enquête, le suspect est identifié comme étant le fils de la victime, résident avec sa mère. Il sera intercepté pour conduite erratique par le service de police de la Ville de Québec (SPVQ). Blais sera arrêté puis interrogé.

Il mentionne avoir tué sa mère «car le bouchon a sauté», qu’il «s’est fait dire de faire cela par un agent du FBI et de la GRC», rapporte le résumé des faits exposé à la cour. Il «était convaincu que sa mère allait le tuer».

Lors des faits, Blais était probablement «quelqu’un de très apeuré, qui voulait se défendre. Voir, qui croyait que la personne devant lui n’était pas sa mère», partage Dr Sylvain Faucher, médecin spécialiste en psychiatrie légale lors de son témoignage au tribunal. «Après [le meurtre] il s’est senti libéré. Il craignait que sa mère et sa tante l’empoisonnent au cyanure », ajoute ce premier expert rencontré.

Au moment des faits, Blais avait cessé de prendre sa médication et était dans un état d’intoxication, rapporte la cour.

Le professionnel à la barre virtuelle des témoins soutient que le risque de récidive est moyen, car il n’a pas une haute probabilité de commettre à nouveau des gestes sur une autre personne. Toutefois, s’il récidive, la dangerosité de son geste pourrait être grave de conséquences pour autrui.

Il ne s’agit là qu’un des trois experts qui seront entendus lors des audiences pour évaluer le risque de récidives de l’individu. Au moment d’écrire ces lignes, deux autres professionnels en santé psychiatrique devaient être entendus par le juge à la Cour supérieure du Québec. 

Les plaidoiries doivent continuer jusqu’au 13 janvier.

«Comment a-t-il pu?»

La fille de Violaine Gagnon a tenu à s’exprimer à la Cour lors du verdict du juge de non-responsabilité criminelle. Mélissa Blais s’est adressée au juge Raymond W. Pronovost.

«Depuis son divorce, elle avait gagné en assurance, elle avait un emploi. Elle rêvait de partir en voyage. Depuis ce 3 août, elle n’en aura jamais la chance. Je n’arrive pas à comprendre comment elle a pu vivre avec lui en sachant qu’il désirait la tuer. Je n’aurais pas eu cette capacité. […] Il n’y aura jamais de visite chez mamie, pas de bons petits plats à partager, pas d’anniversaire, pas de fêtes de Noël… Elle ne tiendra jamais mon enfant dans ses bras. On nous a retiré ce petit bonheur» a-t-elle tenu à partager.

Elle a partagé un dernier adieu public à «cette mère formidable, aimante et bonne vivante». «Comment a-t-il pu?», s’est-elle exprimé, dans l’espoir de «pouvoir débuter sa  guérison» au terme des procédures judiciaires.

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