Plaidoyer pour le renouveau de l’insouciance

Par Emelie Bernier 6:00 AM - 29 Décembre 2021
Temps de lecture :

Qui se souvient de la légèreté des années 2010 et de leurs fêtes débridées, fabuleusement frivoles?  Rien à voir avec les Noëls timides et les jours de l’an frileux des années 2020… Il n’y aura plus jamais rien de pareil.

C’était hier que nous nous embrassions à bouche que veux-tu, « double dippions » (pardonnez le néologisme) nos crudités dans le même bain de trempette, dansions en dispersant nos gouttelettes à tout vent, buvions les bulles au goulot tour à tour!

Étions-nous jeunes et fous? Non.  Nous étions juste « avant ».

Il n’y aura plus jamais rien de pareil. Sacrifiés sur l’autel pandémique, l’élan naturel à bras ouverts vers l’autre, les effusions sentimentales, la bise mouillée, les histoires d’un soir «viré su’l top pas de cadran pas de capote », comme le chantait si bien Richard Desjardins.

Révolue, l’insouciance. Tués dans l’œuf, les coups de tête. Périmée, la spontanéité. J’ai l’impression un peu triste que nous avons pris un coup de vieux collectif.

Nous sommes devenus frileux, prudents, un brin méfiants.

La COVID est un long hiver auquel nous n’étions pas préparés. Mais que restera-t-il après le passage de cette moraine frontale implacable? Quel trésor saurons-nous extirper du cœur du grand glacier qu’elle contient quand nous nous relèverons après son passage?

Il n’y aura plus jamais rien de pareil.

Nous aurons compris que rien n’est acquis. Que notre système de santé, si admirable et adéquat soit-il, n’est finalement qu’un colosse aux pieds de porcelaine.

Que les hommes et les femmes qui y travaillent, si dévoués et résilients soient-ils, ne sont pas surhumains. Qu’ils sont faits de chair, de nerfs, d’émotions, ce qui fait à la fois leur beauté et leur fragilité.

Que tout le système et les êtres qui le tiennent à bout de bras sont infiniment faillibles.

Nous aurons compris, je crois, que nous avons le cul béni. Tout faillibles qu’ils soient, le système et ses gens sont là pour nous. Ils sont notre parachute, notre ligne de vie, notre bouée de sauvetage dans la tempête. Soyons reconnaissants.

Nous aurons compris aussi qu’il y aura toujours une frange de la population qui refusera de se rallier et qu’elle aura des meneurs bruyants et dangereux. Qu’il faudra vivre avec les dissidents, aussi inconscients et égoïstes soient-ils.

Aurons-nous compris que notre salut collectif est intimement lié à notre capacité à se rallier?

2022. Puisses-tu nous redonner l’allégresse de l’aigrette au vent. Puisses-tu instiller en nos cœurs fatigués la bienveillance. Puisses-tu nous offrir la patience d’attendre l’après tout en dénichant des petits morceaux de bonheur épars au jour le jour.

Puisses-tu venir à bout du (insérez ici tous les mots d’église qui vous passent par la tête ou vos jurons préférés) de virus SARS-CoV-2 qu’on puisse reprendre la danse et les soupers entre amis,  le karaoké et le baladi, le « bench » et les « frenchs», les voyages et la bonne humeur sans ambages!

Je vous souhaite une année de sortie de crise, une année de bas les masques, une année d’allégresse et d’optimisme, une année de rêve éveillé et de vie sans compromis!

Partager cet article