Le Massif d’où déjà ?

Par Dave Kidd 11:57 AM - 24 novembre 2021
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Le Massif de Charlevoix en automne. Photo archive

Je suis un fan du groupe AC/DC. J’ai grandi avec leur musique. Le band a évolué, mais a conservé son essence. Quand on entend un riff de guitare de AC/DC, on sait que c’est du AC/DC. Je m’en vais où avec ça? Au Massif de Charlevoix!

Avant de remonter dans le temps pour tenter de trouver ce qui pousse le Massif vers je ne sais trop quoi, je veux préciser que la hausse du prix des billets ne me donne pas du tout d’urticaire. Depuis le temps que la station se dit différente pour toutes sortes de raison, elle s’assume. C’est le reste que je n’arrive pas à suivre. Mais j’y reviendrai.


Je vais faire un parallèle avec le golf, une industrie que je connais nettement mieux que celle du ski. Il y a des clubs au Québec où le droit de jeu frôle les 200$. Ça revient à 11.11$ du trou. Il y en a aussi qui l’offrent à 35$ ou 1.94$ du fanion pour une partie de 18 trous. Il y a une clientèle pour chaque offre. C’est la même chose pour les voitures, les vêtements, les chats … alouette.


Revenons au Massif. J’ai connu les trois administrations. La Société de développement du Massif de Petite-Rivière-Saint-François, la vente à Daniel Gauthier et la récente administration par Groupe le Massif. Gauthier et Groupe, c’est pareil, me direz-vous. Oui, mais pas tant.


Daniel Gauthier a acheté le Massif en 2002. Il n’a pas fait un sou avec la station. Ne partons pas en peur avec les subventions qu’il a reçues. Je dis qu’au départ, il n’a pas fait d’argent avec la station qu’il aimait tant.


Trois ans plus tard, son plan de développement, qui s’appelait à l’époque Territoire le Massif, était présenté aux décideurs et au public. Le concept d’alors a séduit par son côté novateur. Les verts aimaient entendre «développement durable» aux trois phrases et l’expression «réinventer le tourisme» se voulait l’apothéose du respect des gens qui habitent la réserve de la biosphère. Dans ce temps-là, Charlevoix comptait pour l’homme d’affaires.


Qui ne se souvient pas de la maison-marée ? Moi, j’aimais bien les concepts d’hébergement projetés dans la version #1 du projet. « Chérie, on va fêter notre 5e anniversaire dans la maison-vent!» C’est l’intention qui compte : la maison-vent est justement partie au vent avec d’autres idées ingénieuses.


Un moment donné, je présume que l’appel venait d’Investissement Québec ou de son fidèle associé Claude Choquette : « Daniel, il faut revoir les plans. On ne fera jamais d’argent parti de même. »


C’est en 2009 que les choses ont commencé à changer. Qui ne se souvient pas des 10 M$ investis par Guy Laliberté dans le projet de son chum Daniel Gauthier? Cet argent venait boucler la boucle des partenaires financiers du projet récréotouristique de 230 M$. C’est aussi cette année-là que le nom devint Le Massif de Charlevoix. On était encore semi dans le coup.


Les gouvernements supérieurs ont contribué pour plus de 140 M$ au fil des ans à ce projet qui n’est pas du tout le même que celui qui avait été présenté au départ.


Bien avant que les gouvernements injectent de l’argent, bien avant qu’un fondateur du Cirque du Soleil s’intéresse à la station, bien avant qu’un Club Med soit imaginé au pied des pentes, le milieu s’est mobilisé pour cette montagne.
Action-Massif 92. Ça remonte dans vos souvenirs ? 1,2 M$ ont été récoltés dans la région. Cet argent était nécessaire pour qu’Ottawa finance une remontée mécanique. Je m’en souviens très bien parce qu’une des activités était une marche sur la voie ferrée entre Baie-Saint-Paul et Petite-Rivière-Saint-François. Je l’ai faite pour la couvrir de l’intérieur. Belle erreur, m’ont dit mes jambes pendant deux jours!


Dans le milieu des années 1990, il y avait beaucoup de Charlevoix dans le Massif. Pour utiliser l’expression des téléréalités, le « vibe » était puissant au Massif. C’était une fierté régionale. Quand on parlait du Massif, on savait c’était quoi. Ça goûtait le Massif juste d’évoquer le nom.


Les temps ont bien changé. On sait de moins en moins ce qu’est le Massif.


Vous pouvez toujours me reprocher de ne pas être un skieur ni un amateur de vélo de montagne. Et vous avez raison. Toutefois, s’il était un bon citoyen corporatif dans le passé, pourquoi tout le monde me texte maintenant pour me demander ce qui se passe avec eux?


J’ai l’impression qu’une montagne s’est installée entre le Massif et Charlevoix. Je peux bien comprendre que Québec vient avant Charlevoix dans Club Med Québec-Charlevoix, mais Petite-Rivière-Saint-François n’est pas située entre Grande-Allée et le boulevard de la Capitale !


La décision de mettre fin à la gratuité scolaire aurait tellement pu et dû se gérer autrement. Un simple appel à la direction de l’école pour planifier la fin de la gratuité d’ici quelques années, par exemple, aurait fait moins de bruit. Tout le monde aurait compris et aurait pu s’organiser. Mais non, il a encore fallu que ça fasse les nouvelles. En bon joueur, le directeur de la poly demande une rencontre pour obtenir des explications. Le danger avec des décisions comme celle-là, c’est qu’elles feront plus de dommages à la station qu’à la population.


Je pense qu’on a compris le message en bas des 740 mètres de dénivelé. On n’est plus d’aucune utilité. C’est correct. On vous souhaite bonne chance. Je ne deviendrai pas un anti-Massif. Je ne tirerai pas dans le canot de ma région. Cependant, je vais quand même écrire que je suis déçu de ce que je vois et entends.


Je comprends parfaitement bien les stratégies de dorloter les clients (qu’on doit désormais appeler les invités, d’ailleurs), offrir une expérience et faire de l’argent pour assurer la viabilité des installations.


C’est la même affaire au resort Casino de Charlevoix/ Fairmont le Manoir Richelieu. Sauf que là-bas, l’implication dans le milieu est plus visible.


Le Massif peut encore corriger le tir en recommençant à écouter le milieu.


Come on, come on, love me for the money
Come on, come on, listen to the moneytalk chante si justement l’excellent groupe AC/DC

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