Dossier Sécheresse: Catastrophique pour le foin, mieux pour les céréales

Par Karine Dufour-Cauchon 7:00 AM - 1 septembre 2021
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DOSSIER SÉCHERESSE : Le mois d’août 2021 est l’un des plus secs qu’a connu la région depuis que les statistiques sont comptabilisées. Champs bousillés, puits municipaux à des niveaux inquiétants, restrictions sur les plans d’eau: Charlevoix vit un aperçu de ce que l’avenir réserve à la planète. Aucun doute possible: les changements climatiques sont là.

Les récoltes de foin de l’été n’atteindront pas les rendements espérés, la chose est entendue chez les agriculteurs qui seront nombreux à délier les cordons de la bourse pour nourrir leurs animaux cet hiver. Certains producteurs de céréales obtiennent toutefois des rendements records.

Par Émelie Bernier

Jean-Yves Germain, de Blé Saint-Paul, qualifie «d’exceptionnelle» la saison.

«Pour le blé, on a des récoltes qui, dans le bio, sont considérées comme records. Nous avons récolté à peine 10% de nos 250 hectares avec un rendement de 4 tonnes à l’hectare. Si on peut maintenir environ 3 tonnes à l’hectare pour le reste, on sera très satisfait. Pour le foin, c’est difficile, il a manqué d’eau à des moments stratégiques, mais dans le cas des céréales, on a eu toute l’eau et tout le soleil nécessaires quand c’était important. On a été choyé!»

Le blé est, comme son nom l’indique, la production principale de Blé Saint-Paul. Des céréales mixtes (avoine, triticale et pois), sont aussi produites en rotation. L’entreprise travaille exclusivement en régie biologique avec des propriétaires terriens de la vallée de la rivière du Gouffre à qui elle achète la production destinée à ses clients dont le Moulin la Rémy et Les Viandes Bio.

À la Ferme Harvey de L’Isle-aux-Coudres, il faudra veiller au grain pour nourrir ,sans apport extérieur, les 80 vaches du troupeau jusqu’aux prochaines récoltes l’an prochain. «Le temps chaud et les vents ont considérablement miné le rendement des champs de foin, de même que la valeur nutritive des récoltes», explique Martin Harvey. En contact avec plusieurs agriculteurs, il constate que la situation est généralisée.

«On vit la même chose que partout au Québec. C’est un peu moins pire au niveau des céréales parce qu’on a semé très tôt, mais le grain est moins bien rempli. On n’a pas eu d’eau de façon significative depuis la fin juillet, il y a eu des chaleurs caniculaires incroyables. La 2e coupe de foin a été faite un peu tard et s’est complètement grillée. On parle d’une perte de rendement d’environ 50%, selon moi. Nous allons nous en sortir pour nourrir nos bêtes parce que nous avons de grandes surfaces!», relate l’agronome de formation.

En ce qui a trait aux champs de soya, la situation est à peine moins catastrophique pour le producteur insulaire. «Il risque d’être fortement affecté, comme le reste. Ça fait environ quatre ans que c’est difficile et 2021 est une autre année décevante qui s’ajoute», conclut M. Harvey.

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