Quelqu’un qui fait une crise cardiaque la nuit aura malheureusement moins de chances de survie si elle est à Baie-Saint-Paul plutôt qu’à La Malbaie.
C’est le constat qui révolte les techniciens ambulanciers de Charlevoix, alors que le système de répartition «à faction» de Charlevoix-Ouest peine à se réformer. En 2019, les ambulanciers de Charlevoix avaient remporté une partie de leur combat avec le gouvernement. Les horaires à factions avaient été abolis pour laisser place à des horaires «à l’heure». Du côté de Baie-Saint-Paul, la question tarde à se régler.
Qu’est-ce qu’on entend par horaire de faction? Emmanuel Deschênes, vice-président du Syndicat des paramédics de Charlevoix, vulgarise l’enjeu.
Un horaire à faction est un horaire où les ambulanciers sont «sur appel». Contrairement à l’horaire «à l’heure», ils ne sont pas dans leur véhicule de service au moment de l’appel. Ils sont à la maison et vaquent à leurs occupations. À toute intervention, on doit calculer de 10 à 15 minutes de plus si les ambulanciers affectés sont en «faction».
C’est ce cas lors des quarts de travail de nuit dans Charlevoix-Ouest. C’est inacceptable, indique le vp, alors que de tels délais peuvent être fatals à un patient en «urgence vitale».
«Quelqu’un qui fait une crise cardiaque à Québec, ou à La Malbaie, il a le même service ambulancier. S’il fait la même crise cardiaque à Baie-Saint-Paul de nuit, il n’aura pas le même service. Ça, on est tanné de ça. On est là pour sauver des vies, donc il faut que Charlevoix-Ouest ait le même traitement que Charlevoix-Est. Ce n’est pas une guerre entre secteurs. Nous, les paramédics, on est affectés à Charlevoix au complet, on veut donc sauver des vies sur l’ensemble de Charlevoix», déclare M. Deschênes.
La grève sera maintenue pour une durée indéterminée. Une deuxième phase pourrait voir le jour en septembre.
Grève jusqu’à nouvel ordre : quel impact sur les patients?
Les ambulanciers paramédicaux de Charlevoix sont en grève depuis mardi 20 juillet 6h00. Qu’est-ce que cela impliquera pour les patients qui auront besoin d’un transport en ambulance?
«Rien du tout», assure René Lavoie, président du syndicat des paramédics de Charlevoix (CSN). Le dérangement se veut davantage administratif, déclare-t-il.
Lui et les 55 techniciens ambulanciers qu’il représente veulent de l’avancement dans le renouvellement des conventions collectives. Ils sont sans mandat de travail depuis le 31 mars 2020.
Depuis mardi, ils ne parlent plus en code radio lors de leurs communications avec la centrale de répartition. Par exemple, ils verbaliseront leur arrivée à une intervention par «Arrivé sur les lieux», au lieu de mentionner le code 10-17.
Ensuite, les ambulanciers ne se déplaceront plus à l’intérieur du centre hospitalier. Ils rentreront les patients dans les urgences, mais c’est le personnel qui devra placer le patient dans son lit.
Finalement, finies les escortes du personnel médical lors de transfert dans un centre hospitalier de Québec. Le personnel à bord de l’ambulance pourra monter avec le patient, mais ne pourra pas revenir avec les professionnels de la CTAQ. Ils devront se trouver un autre transport pour revenir vers Charlevoix.
M. Lavoie précise que ces moyens de pression n’influenceront en aucun cas les délais de réponse à un appel
«En aucun cas les services seront coupés. Un patient qui a besoin d’un collier cervical, il va l’avoir, tout comme s’il a besoin d’oxygène ou quoi que ce soit d’autre. Je tiens à rassurer la population à ce niveau-là. Ne vous en faites pas. Ce que l’on vise, c’est faire mal au CIUSSS, au ministère de la Santé et des Services sociaux. On est un service essentiel et on est conscients de cela. Notre rôle, c’est de sauver des vies. Il est hors de questions de mettre la vie de gens en péril pour des conditions de travail, c’est impensable », indique M. Lavoie.
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