Les promesses du futur parc national de la Côte-de-Charlevoix

À quoi pourrait ressembler un éventuel parc national de la Côte-de-Charlevoix? Dans les cartons depuis quelques années déjà, cette destination Sépaq potentielle pourrait attirer des centaines de milliers de randonneurs et campeurs annuellement et devenir une importante locomotive touristique pour Saint-Siméon, Baie-Sainte-Catherine et tout Charlevoix-Est.

Le projet du parc de la Côte-de-Charlevoix n’est pas né de la dernière pluie. En 2019, la SÉPAQ et le nouveau gouvernement de la Coalition Avenir Québec commandaient une étude pour évaluer les potentielles retombées économiques et touristiques du projet de parc national de la Côte-de-Charlevoix. La firme de recherche Touriscope a présenté ses constats le 14 octobre 2019.

Le document d’une soixantaine de pages n’a toutefois que récemment été accessible au public grâce à une demande d’accès à l’information auprès de l’organisation gouvernementale en 2021. Le Charlevoisien en a obtenu copie et vous propose un tour d’horizon du projet, toujours sur la table en ce juillet 2021.

La firme de recherche a posé ses constats en comparant les achalandages de différents parcs du réseau SÉPAQ partageant des caractéristiques similaires. L’étude d’opportunité place les grandes lignes de ce parc situé loin des grands centres, avec des «sentiers signature» et des installations accessibles.

En somme, la firme prévoit un parc plus attractif que celui des Hautes-Gorges de la Rivière-Malbaie. Jusqu’à 140 000 personnes pourraient s’y rendre annuellement dès la troisième année d’opération, selon les scénarios les plus probables. Toutefois, la firme indique que les espaces de stationnements et les installations ne pourront en accueillir que la moitié, soit 66 500 personnes.

Les estimations d’achalandage devront être réévaluées si le projet va de l’avant, puisqu’on sait que la pandémie mondiale a chamboulé le marché des voyages outre-mer. En 2019, on estimait ce bassin de randonneurs à 25% de la clientèle du futur parc. La proximité avec le parc Saguenay-Saint-Laurent est un atout stratégique majeur, croit la firme. Touriscope y voit l’occasion de développer un attrait «de calibre international».

Le projet de parc se subdiviserait en trois secteurs : Baie-des-Rochers, l’Île du Chafaud-aux-Basques et les Palissades.

Le parc en chiffres

Dès sa troisième année d’opération, le parc comporterait :
12 prêts-à-camper
170 places de camping
12 sentiers, dont un avec une tour panoramique 360°
2 centres de services
1 bloc sanitaire
De 166 à 514 emplois directs et indirects (du scénario le plus conservateur au scénario le plus optimiste)
Une offre d’escalade comme nulle part ailleurs dans le réseau SÉPAQ
Des excursions guidées en kayak et de la location de planche à pagaie
Des retombées économiques allant de 13 À 40 millions $ (selon les scénarios)

Du prêt-à-camper à Baie-des-Rochers

Selon le scénario établi par la firme Touriscope dans son étude datant de 2019, des unités de prêts-à-camper seraient construites dans le secteur de Baie-des-Rochers et sur l’île Chafaud-aux-Basques qui se dresse au milieu de la baie, avec un accès exclusif en kayak de mer.

La location des kayaks serait inclus pour la durée du séjour, permettant aux clients de naviguer la baie à leur aise. Les petits chalets minimalistes, de plus en plus nombreux dans les différents parcs de la Sépaq, sont conçus pour une expérience exclusive, avec commodités au propane et toilettes sèches.

Toujours à Baie-des-Rochers, le sentier de l’Anse-au-Sable deviendrait un «attrait Sépaq». Avec sa plage, ses points de vue et ses belvédères, le sentier bien connu du public serait un «sentier signature». Il y aurait possibilité de revenir par la batture à marée basse pieds nus. Le sentier de niveau intermédiaire aurait une longueur de 4,4 km.

Une tour d’observation 360°

Selon les plans préliminaires, dans le secteur de Baie-des-Rochers se dresserait une tour d’observation panoramique, offrant une vision sur 360°. Elle se trouverait au bout d’un sentier dit «grand public» , accessible à tous et d’une longueur de 900 mètres. La «tour d’observation signature» permettrait à la très grande majorité des visiteurs (dont ceux en autocar) d’atteindre cet endroit pour capter une photo iconique de leur séjour et faire voyager le parc sur le web. Selon Touriscope, ces «beauty shots» sont un élément important d’attractivité pour le touriste, spécifiquement ceux qui proviennent de l’extérieur de la province.

Patience, dit le politique

On sait que le projet de parc était une promesse électorale de la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré Emilie Foster. Elle soutient ne pas avoir oublié cet ambitieux projet de développement. mais devra probablement se concentrer sur la relance post-pandémie dans les prochains mois. L’annonce du parc national de la Côte-de-Charlevoix n’est donc pas pour bientôt.

Du côté municipal, les élus concernés par le dossier ont le mot d’ordre de rester discrets. Le maire de Saint-Siméon, Sylvain Tremblay, et le maire de Baie-Sainte-Catherine, Donald Kenny, n’ont pas voulu commenter en détail la venue de l’éventuel parc.

S’ils considèrent qu’à ce moment-ci, rien n’est joué, les deux élus se réjouissent de l’achalandage touristique potentiel et des impacts positifs sur l’économie locale.
Les deux maires sont optimistes quant à la création du parc national, mais n’entendent pas faire pression à court terme pour accélérer sa réalisation.