DOSSIER Formation métier semi-spécialisé: des impacts concrets

Par Emelie Bernier 4:01 PM - 29 juin 2021
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François Tremblay a pris Patrick Dallaire-Bergeron sous son aile. Le jeune homme et son mentor sont aujourd’hui partenaires d’affaires! Courtoisie

Ils s’appellent Samuel, Aïsha, Pierre-Luc, Alexandre, Patrick… Ils ont en commun d’avoir éprouvé des difficultés dans le système scolaire dit régulier, jusqu’à ce qu’on leur offre l’option de la formation métier semi-spécialisé (FMSS). De l’échec à la réussite, il n’y a souvent qu’un pas de côté! Découvrez quelques-unes de leurs histoires.

Le match parfait

Patrick Dallaire-Bergeron n’hésite pas à dire qu’il aurait facilement pu se retrouver dans le clan des décrocheurs, mais c’est plutôt un vrai conte de fées professionnel qu’il a vécu grâce à son passage dans la classe de formation métier semi-spécialisé.


«Je n’aimais pas du tout l’école. Sincèrement, je voulais partir de là le plus tôt possible et m’en aller sur le marché du travail, mais pas sans rien. La FMSS, c’est une porte qui s’est ouverte», résume Patrick.


Avant de faire un stage à l’ébénisterie JC Tremblay, son expérience en ébénisterie/menuiserie était plutôt limitée: il avait planté quelques clous, scié deux ou trois planches, mais sans plus. «François Kearney m’avait demandé: «aimes-tu ça, le bois?» Je lui avais dit oui même si je n’y connaissais pas grand’chose. Il m’a envoyé chez JC Tremblay et là, j’ai accroché sur la gang, il y a avait une belle dynamique, et sur le travail! J’aimais pas mal ça être ici», résume Patrick.
Tant et si bien que neuf ans plus tard, il y est encore!


«Ils m’ont tout appris! J’ai appris le métier en travaillant. Mon patron François Tremblay m’a poussé à aller chercher mon équivalence de secondaire V avant de m’engager pour de bon. Je n’ai jamais eu d’autres jobs! J’ai pas un gros CV, mais j’ai trouvé mon bonheur», rigole Patrick Dallaire-Bergeron.


En décembre dernier, le «success story» de Patrick chez JC Tremblay a pris une tournure inespérée. «Depuis le 16 décembre, j’ai 25% des parts de la compagnie. François Tremblay a été fin avec moi, c’est un don qu’il m’a fait. Je me sens vraiment privilégié! Partir de si bas pour se rendre là, je n’en reviens pas encore!»

Le succès selon Pierre-Luc


Pierre-Luc Carré n’aimait pas l’école. Chaque journée entre les quatre murs de la poly était une épreuve et les sirènes du décrochage l’appelait… «Quand ils m’ont dit « ça te tente tu d’essayer FMSS?», je n’avais aucune idée c’était quoi… Mais trois stages sur un cycle de neuf jours, ça voulait dire trois fois pas à l’école!…J’ai dit oui!»

Pierre-Luc Carré.


C’est le carrossier Daniel Boily du garage du même nom, à Clermont, qui l’a accueilli dans son équipe. «C’est la première fois que je vivais des succès. J’ai commencé de rien et j’ai progressé, petit à petit. Huit ans plus tard, je suis encore là!»

Aujourd’hui, il fait partie de l’équipe qui accueille les stagiaires de FMSS. «Moi, je suis arrivé ici et je ne connaissais rien! Les gars m’ont tout appris. C’est à mon tour de redonner au suivant. Comme je l’ai vécu, je pense que mon approche est teintée par ça. J’adore la job et j’ai envie de transmettre mes connaissances parce que je sais que ça peut faire la différence dans la vie de quelqu’un!»


Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’investissement en temps et en énergie en vaut la peine, selon lui.
«On a eu un stagiaire cette année et j’espère qu’il va rester avec nous. On lui a offert des heures cet été. S’il aime ça et qu’il est positif, qui sait où ça va mener?» Pierre-Luc, lui, a trouvé non seulement sa voie, mais sa passion!

Un plus pour les entreprises

(EB) L’entreprise OK Pneus, de Clermont, est partenaire de la formation métier semi-spécialisé depuis une dizaine d’années. Trois employés de l’entreprise, Christopher Simard-Girard, Brandon Simard et Maxime Lavoie, y sont arrivés par un stage de FMSS. Samuel Morneau, qui y a effectué un stage cette année, joindra les rangs cet été.

Pour Martin Dassylva, de OK Pneus la preuve est ainsi faite que ce partenariat peut être bénéfique.

Martin Dassylva, Maxime Lavoie
et David Dufour.

«Ça donne la chance de recruter de futurs travailleurs. Parfois, on en a un ou deux qui donnent plus de trouble, mais si on en a dix bons et qu’on en recrute trois pour travailler ici, le jeu en vaut la chandelle. Et on a l’impression de donner une chance aux jeunes de se trouver une voie», dit-il.


David Dufour est superviseur des stages. Il convient que la motivation varie d’un stagiaire à l’autre. «Il y en a qui sont motivés, qui ne sont pas capables de rester à rien faire et d’autres non», illustre-t-il.

Maxime Lavoie était de la première catégorie. Le nouveau papa est à l’emploi de OK Pneus depuis quatre ans. Après son stage, il est retourné compléter ses études puis l’équipe l’a recruté. «Avec du recul, je dirais que c’est une bonne affaire l’école. Mais on n’est pas tous des universitaires et ça prend du monde pour tout! Il faut trouver ses forces dans la vie et choisir ses combats»

NDLR: Dans la version papier du Charlevoisien du 30 juin, une erreur s’est glissée et nous avons débaptisé l’entreprise OK Pneus ainsi que Pierre-Luc Carré. Toutes nos excuses.

Les «Sam» à l’école de la vie

Samuel Morneau et Samuel Chouinard étaient de la cohorte FMSS 2021. Les deux jeunes hommes y ont trouvé davantage de motivation que lors de leurs années au secteur “jeunes”.

Samuel Chouinard et Samuel Morneau ont tous les deux fait leur stage chez OK Pneus à Clermont.

«Moi, je suis pas fait pour l’école. Les stages, ça m’a appris à persévérer», commente Samuel Chouinard.
Pas plus adepte de l’école que son ami, Samuel Morneau a dit oui à la FMSS. «Je n’avais plus envie d’aller au régulier. Le stage chez OK Pneus, c’était un argument!», dit celui à qui l’entreprise a d’ailleurs offert un emploi d’été.

Selon Samuel Chouinard, qui vit avec un TDAH, l’école n’est pas adaptée à des gars comme lui «Je suis hyperactif, j’ai de la misère à rester inactif en classe. En stage, ça va, mais partir du stage pour retourner dans la classe, j’ai un down», confie celui qui ne sait pas s’il réintégrera les rangs de l’école à l’automne. «J’essaie de trouver un emploi à plein temps ou je vais peut-être aller aux adultes. Je suis un peu perdu… Si je trouve une job que j’aime, je vais rester. L’école, c’est pas pour moi.»


Samuel Morneau souhaite intégrer les rangs de l’entreprise familiale, mais vise d’abord l’obtention de son diplôme d’études secondaires (DES). «Je vais voir si je vais aux adultes ou si je fais le projet Tech, mais j’aimerais finir mon secondaire 5», conclut-il.

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