REPORTAGE : Marina Lavoie a répondu à l’appel de Legault

Par Karine Dufour-Cauchon 3:30 PM - 2 juin 2021
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Marina Lavoie ne retournerait pas en arrière. L’appel de François Legault lui a permis de «recommencer à vivre».

Marina Lavoie, 45 ans, n’avait connu que la restauration après avoir décroché de l’école secondaire. En 2020, une crise sanitaire et un certain François Legault ont permis à la vaillante serveuse de Clermont de changer de vie.

Il y a un an, le premier ministre François Legault lançait un cri du cœur et appelait les Québécois à s’enrôler dans une «armée» de préposés aux bénéficiaires. La mission? Voler au secours des CHSLD mis à mal par un virus dévastateur.

Ce 2 juin-là, Marina Lavoie est assise dans son salon. En raison de la COVID-19, elle est en arrêt de travail, un choc pour celle qui s’investissait dans un domaine qui n’arrêtait jamais, la restauration.

Depuis qu’elle a quitté l’école avant l’obtention de son diplôme d’études secondaires, Marina gagne sa vie avec ce travail de serveuse qu’elle aime bien. Elle se sent quand même mûre pour un changement. À ce moment-là, elle ne se doute pas qu’une autre vocation lui sera suggérée via l’écran.

Marina Lavoie est bien entourée : de gauche à droite, les résidents Denise Guérin ,Louis-Marc Savard, Angèle Lavoie et Alex Gagnon

L’appel entendu

«C’est rare que j’ouvre la télé, mais ce midi-là, j’ai écouté les nouvelles. M. Legault avait fait son annonce sur la formation accélérée des préposés aux bénéficiaires. Je ne me suis pas arrêtée à cela sur le coup. Pas longtemps après, je reçois un téléphone de ma sœur, Thérésa. Elle me demande si j’ai vu l’annonce de Legault. Je lui répond «ouais, pis?» Et là, elle me dit qu’elle me verrait vraiment là-dedans», raconte-t-elle.
Retourner aux études à 44 ans, sans secondaire 5? «Un plan de fou», se disait-elle.

«C’était impossible dans ma tête. À l’époque, j’avais lâché l’école pour m’occuper de mes frères et sœurs et de nos grands-parents. Je n’avais pas confiance en moi, mais j’ai quand même fait ma demande», soutient celle qui n’espérait rien.

Les responsables de la formation dans Charlevoix la rappellent et lui confirment qu’elle est une «excellente candidate».
La peur d’échouer est là, mais l’envie de relever le défi prend le dessus. Dès l’entrée en classe, elle est motivée par ses cours et obtient même des 100%! Aussi vite que tout a commencé, la voilà en stage au CHSLD Bellerive de La Malbaie. C’est là qu’elle travaille encore aujourd’hui, un an plus tard.

46 diplômés dans Charlevoix

La première cohorte charlevoisienne de la formation accélérée de préposés aux bénéficiaires a débutée le 12 juin 2020 et a permis de diplômer 35 personnes. L’automne dernier, une autre cohorte a permis d’ajouter 11 nouveaux préposés dans les CHSLD de la région. Enfin, une troisième cohorte est lancée pour l’automne. Le cours comprend 355 heures de formation en classe et en milieux d’hébergement.

« Petite tornade» au Bellerive


Marina la «petite tornade», c’est le surnom affectueux que lui donnent ses collègues. Tel un coup de vent, elle est toujours prête à se lever, à répondre à un résident, à aider pour le coucher des usagers… Dans son torrent de tâches, elle prend tout de même le temps de divertir les résidents en leur mettant de la musique ou en transformant le salon en piste de danse pour un instant.

«Les résidents sont mes rayons de soleil. Je sors d’ici toute heureuse. Ce que j’ai fait dans ma journée, je l’ai donné à 110%. On prend le temps de leur parler, d’avoir du plaisir avec eux. C’est vraiment comme une deuxième famille. J’arrive une heure à l’avance pour prendre le temps avec mes collègues de voir comment ils vont. Mes quarts de huit heures sont exigeants, mais très valorisants», confie-t-elle.

Elle partage des moments heureux avec ses usagers, mais aussi des moments tristes. «Certains changent d’humeur vite, d’autres se confient, d’autres vivent des frustrations. C’est tout à fait normal. Il ne faut pas se décourager, c’est un apprentissage. La pandémie n’a pas été facile pour eux. Il faut être là quand ils sont heureux, mais il faut prendre le temps de les écouter aussi quand ça ne va pas», explique Mme Lavoie.

Alors qu’elle croyait terminer ses jours en restauration, elle se sent revivre grâce à sa nouvelle vocation.

«Tu t’imagines toujours que le résident ou la résidente dont tu t’occupes, ça peut être ton père, ta mère, tes grands-parents, ou même toi. J’aimerais ça un jour, si j’arrive dans un CHSLD, être bien soignée comme moi je le fais. Il faut toujours se mettre à leur place. Tous les efforts que j’ai faits dans ma vie, je crois que c’est la vie qui me les redonne en cadeau», termine-t-elle.

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