Les employeurs du secteur du tourisme ont hâte d’accueillir les travailleurs étrangers

Par Lisianne Tremblay 6:46 AM - 6 mai 2021
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Fairmont le Manoir Richelieu

Les employeurs du secteur du tourisme doivent faire des pieds et des mains pour accueillir des travailleurs étrangers dans leurs équipes durant la prochaine saison estivale. Étant donné la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans Charlevoix et au Québec, les employeurs font les démarches requises, mais leur patience atteint une certaine limite.
Fairmont Le Manoir Richelieu a plus de 120 postes à combler. L’établissement hôtelier a vu ses demandes être refusées par Service Canada en raison du taux de chômage qui est plus élevé au Canada.


« La démarche est devenue beaucoup plus complexe, précise Isabelle Gaboury, gérante Talent & Culture. Étant donné que ça ne fonctionnait pas pour des travailleurs mexicains, on s’est tourné vers des travailleurs français, dont les permis avaient été autorisés en 2019. Ces derniers attendent depuis deux ans de venir travailler ici. Nous espérons avoir une quinzaine de travailleurs originaires de la France et une dizaine du Maroc. »


La procédure a été alourdie par l’ajout de la quarantaine de deux semaines et par la fermeture de certains lieux où les travailleurs se rendaient pour obtenir leurs empreintes biométriques.


« Nous souhaitons accélérer les choses. Nous sommes présentement bloqués au niveau de l’ambassade. Nous avons aussi demandé à la députée Caroline Desbiens d’intervenir. Nous avons besoin d’eux puisqu’on s’attend à une bonne saison estivale. Même si nous ne ménageons pas nos efforts de recrutement ici, cela demeure difficile, surtout pour les postes de cuisiniers. Nous avons même organisé des visites virtuelles dans les écoles », ajoute Mme Gaboury.


Elle constate que plusieurs personnes se sont réorientées en raison de l’incertitude créée par les nombreuses fermetures dans le milieu de l’hôtellerie. Aussi les mesures sanitaires qui impliquent davantage de désinfection ont fait en sorte que plusieurs employeurs recherchent des préposés à l’entretien ménager.


Sans congrès ni banquets, le défi de recrutement est encore plus grand. Ceux-ci permettaient de prolonger les emplois puisqu’ils se déroulaient à l’automne et au printemps. Leur retour est attendu, indique Mme Gaboury.

Les réservations vont toutefois bon train pour cet été. «Les gens ont hâte d’être déconfinés. Nous le constatons dans le nombre de réservations. Nous en avons beaucoup pour les mois de juillet et d’août », conclut la gérante Talent & Culture.

Des idées pour accélérer les choses
David Cloutier, copropriétaire de l’Auberge des Falaises, a rempli les demandes pour son auberge et deux autres hôtels. Ils attendent 21 travailleurs au total.


Il explique qu’Immigration Canada oblige le prélèvement des empreintes biométriques des travailleurs étrangers avant que ceux-ci ne quittent leur pays, pour compléter leur permis de travail. La France a fermé les endroits où avaient lieu ces prélèvements, ce qui complique la donne.


M. Cloutier a fait de nombreuses démarches pour faire avancer les choses, mais sans succès. « On propose des idées et on n’a pas d’écoute. Les délais sont tellement longs que c’est décourageant. J’ai seulement trois cuisiniers donc, sans les huit travailleurs français, je ne pourrais même pas offrir de soupers aux clients. Malgré mes démarches, j’en ai juste un qui arrivera dans Charlevoix et seulement à la mi-juin. » Il considère que ce serait beaucoup plus simple si les données biométriques étaient prélevées à l’arrivée au Canada.


«Pour l’instant, on n’a aucune alternative. Ce qui nous sauve, c’est que les travailleurs veulent tellement venir au Canada qu’ils sont prêts à tout. J’ai des travailleurs qui vont faire 2000 km en train pour se rendre à Düsseldorf en Allemagne », dit-il. Les coûts s’élèvent maintenant à plus de 3000 $ par travailleur en raison de la quarantaine. M. Cloutier accueillera son premier travailleur le 8 mai.
Le bureau de la députée Caroline Desbiens a confirmé que les demandes sont nombreuses et complexes. Le porte-parole en matière d’immigration Yves Perron a demandé au gouvernement fédéral de trouver des solutions

Autour de la question

« C’est difficile de faire venir des travailleurs étrangers cette année donc nous n’avons pas l’intention d’en engager à court terme. Nous en avons quelques-uns qui étaient déjà en poste l’an dernier. On regarde d’autres options pour le moment. »
— Laurie Germain, directrice des ressources humaines du Groupe Germain Hôtels


« Cette année, je ne me suis pas fiée à l’international, car j’imagine les délais vraiment trop longs. J’ai accueilli un boulanger l’an passé, j’ai été très chanceuse. C’est un super boulanger et il est sympathique. Il a son permis de jeune professionnel et dans un mois, il pourra faire sa demande de résidence permanente. »
— Josée Gervais, propriétaire de la Boulangerie Pains d’Exclamation!

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