Carolyne Labonté doit être la dernière victime d’homicide conjugal

Par Karine Dufour-Cauchon 11:22 AM - 15 avril 2021
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Valérie Bilodeau et Diane Néron respectivement du SHIC et de la Maison La Montée

Il ne faut pas que le drame conjugal qui a emporté la vie de Carolyne Labonté tombe dans l’oubli.

Pour ce faire, des services doivent être bonifiés autant chez les femmes qui subissent de la violence conjugale que chez les hommes qui commettent ces gestes*. C’est ce que défendent deux organismes de Charlevoix.

Valérie Bilodeau, directrice du Service pour hommes impulsifs et colériques de Charlevoix (SHIC), est chamboulée par l’événement de Notre-Dame-des-Monts. Celle qui travaille auprès d’hommes ayant des comportements violents a une bonne carapace professionnelle, d’habitude. L’histoire du meurtre dans un contexte de violence conjugale de Carolyne Labonté, 40 ans,  a toutefois «de la misère à passer».

Elle et la représentante de la Maison La Montée Diane Néron ont décidé de réagir conjointement au drame. L’une travaille à responsabiliser les hommes de leurs gestes, et l’autre à dévictimiser les femmes qui vivent ces situations de violence. Un 9e féminicide de la province en 9semaines est difficile à digérer.

«C’est triste.Pour nous qui travaillons là-dedans, c’est ébranlant. On a vraiment un sentiment d’impuissance. On aurait aimé faire plus prévenir. En même temps, c’est difficile d’aider les gens qui ne viennent pas cogner à notre porte», débute Mme Bilodeau.

De son côté, Mme Néron regrette de ne pas avoir pu agir auprès de la famille. «On a énormément de tristesse et d’indignation. On est triste de ne pas avoir pu aider cette femme-là. Ça nous interpelle énormément», déclare ensuite la directrice de l’organisme d’hébergement.

Le drame de Notre-Dame-des-Monts aurait-il pu être évité? Encore trop tôt pour le dire. Une chose est sûre, c’est qu’il n’est pas trop tard pour empêcher que de telles tragédies ne se reproduisent, à commencer par le territoire de Charlevoix. Elles réitèrent que la violence conjugale est l’affaire de toute une société. La violence ne s’arrête pas au pas de la porte des familles victimes.

Photo tirée de Facebook – la victime Carolyne Labonté.

Les intervenantes du SHIC reçoivent d’ailleurs des critiques quant à leur intervention. Les hommes qui posent ces gestes sont, après tout, la cause de la violence à la maison. «Pourquoi les aider?», se font-elles demander. Car ils sont une partie indéniable de la solution.

«On est contre tout geste de violence faite aux femmes et aux enfants, en contexte de violence conjugale ou non.  On ne cautionne pas cela. Il faut que cela cesse et il faut travailler pour mettre fin à cela. Il faut accueillir la violence. Les hommes qui viennent dans notre bureau, ils doivent nommer la problématique. On travaille à responsabiliser les gestes de comportements de violence qui sont commis. On ne va pas dans l’approbation pour autant», rappelle Mme Bilodeau.

Avec la Maison La Montée, les deux organismes ne travaillent pas en vase clos. Les deux doivent faire de la prévention, de l’éducation, autant dans les écoles que dans les milieux de travail. Le financement et la tâche actuelle ne le permettent pas pour l’instant.

Une cellule de crise pourrait voir le jour dans un avenir rapproché. Elle était déjà annoncée avant les événements de Notre-Dame-des-Monts. La cellule unirait le CIUSSS, la Sûreté du Québec, la Protection de la jeunesse parfois, et les organismes mentionnés. Des nouvelles viendront ce printemps à ce sujet.  

*Le masculin est utilisé ici pour désigner la personne qui commet des actes de violence et le féminin est utilisé pour désigner la victime. Bien qu’il ne s’agit pas du profil de l’ensemble des cas de violence conjugale, la tendance statistique veut que ce sont les hommes qui commettent ces actent envers des femmes. C’est pourquoi le présent entretien est écrit de cette façon.

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