S’acheter un véhicule dans Charlevoix, une démarche transformée

Par Karine Dufour-Cauchon 3:45 PM - 14 avril 2021
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La vente de véhicules a connu de grands changements au cours de la dernière année. Cinq acteurs de cette industrie d’envergure dans Charlevoix se confient sur les bouleversements qu’ils ont constatés et sur ce qu’ils envisagent pour la suite de cette pandémie qui n’a pas dit son dernier mot.

Pas de voyages? On se gâte autrement

La dernière année aura été difficile pour les amateurs de voyage à l’international. Comme les Québécois (et les Charlevoisiens!) ne repartiront pas de sitôt au-delà des frontières canadiennes, ils s’achètent… de nouveaux véhicules!
C’est un constat que partagent plusieurs concessionnaires automobiles de Charlevoix, dont Sylvain Lajoie de chez Charlevoix Mazda.

«On le sent absolument. Les gens qui voyageaient une, deux, voire trois fois par année n’y sont pas allés depuis un an. L’argent qui allait dans ces voyages reste dans leurs poches et va être dépensé autrement. Ça donne le goût de changer de véhicule avant le temps. D’ailleurs, on remarque aussi qu’il y a des gens qui avaient prévu changer de véhicule en 2022 mais qui ont devancé ce projet en 2021», déclare-t-il.

M. Lajoie, qui agit à titre de directeur des ventes, est ébahi de voir l’essor connu par la vente de véhicules. À sa grande surprise, les objectifs de vente ont été dépassés en mars. La tendance devrait se maintenir pour la saison printanière, un signe qu’un bel été s’en vient pour le marché de l’automobile, croit-il. Les taux d’intérêt pour le financement, «très avantageux», pèsent également dans la balance.

La poignée de main laisse place à l’écran

Il est révolu, le temps où les clients et les vendeurs pouvaient se serrer la main pour faire les présentations ou pour conclure un achat. Un geste bien simple qui apportait beaucoup à l’expérience de vente de véhicules, croit Isabelle Martel de Chez L’Ami Junior Nissan Charlevoix.

Le sans-contact est la nouvelle méthode qui s’est invitée dans les succursales. Chez Nissan, on pousse l’expérience autonome en proposant des bornes de service extérieures. Pour essayer un véhicule, plus besoin de rentrer à l’intérieur de la concession. C’est une école qui fait son chemin. On compte par contre toujours 90% de la clientèle qui préfère «la vieille méthode», soit rencontrer un conseiller entre les quatre murs de son bureau.

Mme Martel soutient que les visites virtuelles des véhicules gagnent en popularité. Souvent, le client regarde ce qui l’intéresse sur le Web avant de se présenter physiquement dans la cour. Les vendeurs se sont transformés en caméramans pour faire faire le tour des autos à leurs clients de l’autre côté de leurs écrans.

«Les choses ont vraiment changé. On ne donne plus la main. C’est quand même dommage, car on passait notre vie à valoriser ce geste. Donner la main, c’est montrer ta détermination, ta franchise dans ta poignée de main. Ça n’existera probablement plus, ça fera partie de l’histoire ancienne, comme on dit», commente la directrice générale.

Saving for car concept with coins in the jar and miniature car.

Payer comptant au lieu de s’endetter

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les acheteurs de véhicules ne semblent pas manquer de liquidités. Chez Toyota Cap-à-l’Aigle, l’équipe de vente rapporte une tendance de plus en plus populaire : on délaisse le financement pour payer sa nouvelle acquisition «cash».

«Les gens ont plus d’argent. Il y a beaucoup de gens qui choisissent de payer leur véhicule tout de suite et de ne pas aller en financement. On a beaucoup plus de ventes payées comptant qu’avant. Les gens ont comme le goût de se dire qu’ils n’amèneront pas leur argent au paradis avec eux. De notre côté, c’est ce qu’on sent vraiment. Les taux d’intérêt sont un petit peu plus haut aussi pour le financement et la location. Peut-être que ça incite les gens à y aller avec un paiement comptant. Beaucoup se disent qu’avec tout ce qui se passe, ils veulent profiter de la vie», déclare la directrice générale Catherine Gagné.

La question des inventaires et des délais de fabrication des véhicules est aussi un enjeu pour Toyota Cap-à-l’Aigle de La Malbaie. Malgré tout, les volumes de ventes se maintiennent et la clientèle est au rendez-vous. Les discussions par téléphone sont populaires, mais rien ne vaut un essai «en présentiel» pour choisir son nouveau véhicule, estime la dg

C’est la folie du «pick-up»

Les amateurs de camions (ou «pick-up») ont décidé de se gâter depuis le début de la pandémie. Le printemps 2021 est loin de faire exception alors que le Performance Ford de La Malbaie croule sous les commandes.
Son président Frédéric Lajoie confirme que les camions haut de gamme ont la cote plus que jamais. Les travailleurs comme les amateurs de véhicules performants veulent de plus en plus de luxe et de fonctions électroniques.

«On ne fournit pas avec les beaux modèles! Dès que j’en ai un, il est vendu. On manque de stock. Tout ce que j’ai commandé dans le haut de gamme part vite. Tout le monde veut augmenter sa qualité. Depuis le début de l’année, j’ai plus de commandes que dans les cinq dernières années», lance M. Lajoie.

Même s’ils se paient parfois «dans les six chiffres», cela n’empêche pas les «pick-up» de se vendre comme des petits pains chauds. M. Lajoie témoigne d’ailleurs que ce luxe donne du fil à retordre aux fabricants. En plus des complications de la pandémie sur le marché international, il y a une pénurie de puces électroniques. Elles sont essentielles si l’on veut faire fonctionner les dizaines de micro-ordinateurs des nouveaux camions modernes.
Malgré les problèmes que connaît le marché des pièces, le succès monstre des camions de luxe n’aura pas tendance à diminuer avec l’arrivée du beau temps, selon les estimations du PDG.

Acheter un véhicule sans l’essayer, vraiment?

Alors que la pandémie a forcé les consommateurs à rester dans leur logis, les façons d’acheter en ligne se sont multipliées. Certains avancent même avoir fait l’achat d’un véhicule avec seulement un coup d’œil de l’autre côté de son écran.

Selon Sébastien Thibeault, de chez Hyundai Jean Roch Thibeault, le marché de Charlevoix n’est pas rendu là. Tant mieux, croit-il, puisque les nouvelles technologies et façons de faire demandent de l’adaptation du côté des vendeurs aussi.

«Les caméras 360 degrés, les démarreurs à partir du téléphone intelligent, les avertisseurs de collision… Il y a tellement de technologies possibles. Les gens n’en sont pas à assimiler toute cette technologie-là encore», souligne-t-il. M. Thibeault donne deux ans au marché pour s’adapter à cet incontournable virage numérique.

Alors que la campagne de vaccination bat son plein, les aînés, qui étaient plus craintifs depuis mars 2020, retournent magasiner chez les concessionnaires. «Quand nos clients plus âgés sont vaccinés, ils sont plus confiants et ils reviennent nous voir! C’est tant mieux», conclut M. Thibeault.

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