Les profs sont en grève

Par Lisianne Tremblay 7:37 AM - 14 avril 2021
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Les enseignants manifestent devant l’école Léonce-Boivin des Éboulements. Photo : Émélie Bernier

Depuis minuit, les 73 000 profs du primaire, du secondaire et de la formation professionnelle, dont les 350 de Charlevoix manifestent leur mécontentement au gouvernement Legault.

Leurs doléances sont nombreuses. Jessica Fillion-Gagné est titulaire de la classe de 2e et 3e année à Léonce Boivin. Elle manifeste d’abord et avant tout pour les services aux élèves, nettement insuffisants selon elle et ses collègues des Éboulements. « On a des classes avec des compositions très peu homogènes, des élèves avec des troubles du langage, des troubles moteurs du développement… On peut diagnostiquer un trouble de langage et on doit apporter un soutien spécifique, mais on n’a pas les ressources pour l’apporter. On se sent toujours tiraillé entre les élèves en difficulté et les autres. Ça fait en sorte qu’on n’a pas l’impression de faire notre travail de façon équitable pour tous les élèves », dit-elle.

Les degrés multiples, avec parfois des doubles cycles et par conséquent, des contenus différents à livrer au sein d’une même classe alourdissent la tâche. « On enseigne plusieurs matières, c’est très chargé et on a l’impression de se disperser. On aimerait mettre notre énergie à donner des bases solides aux enfants. On pourrait épurer le programme pour aller à l’essentiel, sans négliger le savoir-être », avance Mme Fillion-Gagné. A titre d’exemple, elle cite les 15 heures par année sur la sexualité qui ont été récemment ajoutées au cursus. « Mais on ne coupe pas ailleurs. On ne fait qu’en ajouter, sans cesse! »

Le temps supplémentaire non reconnu, les budgets faméliques d’acquisition qui poussent plusieurs professeurs à sortir de l’argent de leurs poches et le manque de reconnaissance envers la profession sont aussi des irritants. « On ne fait pas qu’enseigner, c’est quelque chose de beaucoup plus global. Les gens ne sont pas au fait de tout ce qu’on apporte, au-delà de notre matière. Des profs qui amènent des poches de linge, des collations, pour dépanner, il y  en a plusieurs! », indique l’enseignante titulaire en musique au secondaire, Karine Simard.

La COVID-19 a évidemment ajouté une pression supplémentaire sur les enseignants. « On ne veut pas que les enfants le ressentent alors on en prend plus sur nos épaules pour éviter que ça paraisse. Et la pénurie de suppléants est telle qu’on n’ose même plus être malade parce qu’on s’inquiète pour nos élèves », ajoute Jessica Fillion-Gagné.

Les enseignants manifestent devant leur école respective jusqu’à 9h30 ce matin.

Les enseignants, représentés par la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ sont sans convention collective depuis un an. Ils avaient aussi manifestés devant le bureau de la députée de Charlevoix-Côte-de-Beaupré Émilie Foster le 1er avril.

L’horaire des élèves a été modifié puisqu’ils commenceront les cours à 9h40. Les élèves ne doivent pas se présenter sur les terrains de l’école avant 9h35 puisqu’il n’y aura pas de surveillance.

Les profs manifestent devant l’école Forget de Baie-Saint-Paul
Les profs ont sorti les casseroles pour se faire entendre.
Les enseignants de l’école Félix-Antoine Savard. Photo: Karine Dufour-Cauchon
Les profs ont pris le temps d’exprimer leur message sur leur affiche. Photo: Émélie Bernier
Cet élève souhaite aussi faire sa part pour ses profs. Photo :Émélie Bernier

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