Les endeuillés de la COVID: la dernière danse de Francine Daoust

Par Emelie Bernier 8:00 AM - 21 mars 2021
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Francine Daoust (19 juillet 1948 – 17 avril 2020), entourée de ses filles Catherine et Julie. Elles gardent le souvenir d’une mère qui s’est donnée sans compter pour leur offrir une belle vie. Courtoisie


En un an, plus de 10 500 Québécois sont décédés de la COVID-19. Dans Charlevoix, 24 personnes ont succombé, laissant derrière elles familles et proches dévastés. Quelques endeuillés ont accepté notre invitation à mettre des visages sur les ravages du virus et à rappeller à la mémoire le souvenir de leurs êtres chers disparus.

Francine Daoust était une femme active et une mère aimante. Divorcée dans les années 1980, elle avait élevé presque seule ses deux filles, redoublant d’efforts pour que celles-ci ne manquent de rien.
«C’était une battante, elle ne s’est jamais laissée abattre par les difficultés », confie sa fille Catherine Larouche.

Francine réservait une partie de son budget pour emmener ses filles voir des spectacles de tous acabits. Sa fille Catherine, qui a longtemps travaillé dans le domaine culturel, sait qu’elle doit cette passion à sa mère.
Charlevoisienne d’adoption, Catherine a souvent accueilli sa mère dans sa maison de Saint-Placide.
Francine ne ratait jamais une occasion de venir cajoler ses petits-enfants Alexis et Charlotte, marcher dans le bois et sur le bord du fleuve avec sa fille… La nature lui faisait du bien.

Il faut dire que depuis quelques années, Francine, une sportive aguerrie qui adorait la danse, le vélo et le patin à roues alignées, avait été ralentie dans ses élans par une forme insidieuse de la maladie de Parkinson.
Elle habitait dans un CHSLD de la région de Montréal. C’est là où la maladie l’a trouvée.

«On a su qu’elle était malade le dimanche. Elle avait un peu de vomissements, une minuscule fièvre. Ils ont commencé à tester tout le CHSLD. Le mardi, elle a reçu le résultat positif à la COVID et elle a été déplacée vers un étage chaud », résume sa fille.

Le jeudi, Francine allait mieux. Elle a même fait ses exercices. Rien ne laissait présager que cette journée, le 17 avril, serait la dernière…

Francine Daoust adorait la danse.


«Dans la nuit, ça a dégringolé et ils nous ont avisés. Ma sœur a pu lui parler, mais ils étaient dans le jus alors on a dû faire un choix, c’était elle ou moi. Elle a eu le temps de lui dire que nous l’aimions. Et elle est décédée. »
La mort de Francine a pris ses proches au dépourvu.

Elle allait mieux, elle n’avait plus de symptômes! Le concept de son départ est encore un peu flou dans ma tête parce que je n’étais pas là auprès d’elle…

– Catherine Larouche

Pendant des mois, Catherine vivait avec l’impression que sa mère était encore là.
Ce n’est qu’en octobre que la garde rapprochée a pu se réunir pour une petite cérémonie. «On a eu besoin de cette étape pour réaliser que c’était vrai. On s’est donné des petits coups de coude, même pas de câlin. C’était un drôle de moment. On n’est jamais vraiment préparé, mais ce n’est pas comme ça qu’on s’imagine une fin de vie, disons… »

La COVID a emporté Francine, mais elle n’a pas emporté les souvenirs.

Avec Alexis et Charlotte, Catherine feuillette les albums photos, dont celui de ce dernier voyage qui les a réunis sur les belles plages de Cuba il y a quelques années. Francine adorait voyager.

Ce dernier voyage l’aura emportée sans bagages et sans prévenir.

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