« Un peu d’équité » pour les auberges de jeunesse s.v.p.
L'Auberge de la Rive, à Saint-Joseph-de-la-Rive.
Les gestionnaires d’auberges de jeunesse en ont marre d’attendre leur tour. Alors que tous les types d’hébergement, quelque soit la zone dans laquelle ils se trouvent, peuvent accueillir les clients en tout temps depuis belle lurette, seules les auberges de jeunesse en zone jaune auront le droit de réouvrir leurs portes a partir du 26 mars.
Au Québec, une dizaine d’établissements ont même choisi de changer le statut de leur permis afin de pouvoir opérer de nouveau, une idée avec laquelle Annick Vigeant, de l’Auberge de la Rive, a jonglé.
« Le traitement des auberges de jeunesse depuis le début de la pandémie est aberrant. Il met en lumière les failles du système de classification des établissements touristiques, mais surtout, la perception de ce type d’hébergement. La décision relève du préjugé le plus élémentaire !», s’indigne-t-elle.
Le directeur général de L’Auberge des Balcons, Rémy Couture, avait pourtant bon espoir que le passage en zone orange ferait bouger les choses. Que nenni, du moins au moment d’écrire ces lignes.
« Le 5 février, ils ont annoncé que les auberges de jeunesse demeureraient fermées même en zone orange. En zone rouge, tout le monde était ouvert sauf les auberges de jeunesse. Chalets, gîtes, hôtels… On a pris notre trou, mais là, on demande un peu d’équité!»
À la source de la décision
Des démarches ont été entreprises afin de comprendre d’où est venue la décision de maintenir ces établissements fermés.
« On a beau vouloir remonter la piste jusqu’à un décideur, pour l’instant ça semble impossible. Pourtant, tous les intermédiaires contactés s’accordent pour qualifier cette décision d’injuste. À la limite, c’est de la discrimination envers le mot « jeunesse». La moyenne d’âge de nos clients est de 45 ans!», insiste Rémy Couture.
Notre clientèle est très familiale et souvent plus âgée. En quoi une auberge de jeunesse diffère-t-elle tant d’une auberge régulière ou d’un gîte? Dans sa philosophie, essentiellement! Rien qui nous empêche d’imposer la distanciation et d’appliquer des règles de désinfection.
Annick Vigeant
Un protocole efficace
L’Auberge des Balcons a pu ouvrir du 30 juin au 15 octobre 2020. Malgré l’achalandage, aucun cas de COVID ne s’y est déclaré. Et la situation est similaire ailleurs.
Rémy Couture estime que tout était en place pour répondre aux mesures sanitaires. «Les dortoirs étaient réservés aux bulles familiales et les cuisines collectives fermées. On a su s’adapter!»
«Nous n’avons pas de dortoirs, que des chambres privées, et la cuisine commune de même que la majorité de nos aires partagées sont fermées depuis le début de la pandémie. En plus, nous avons un bâtiment de type motel avec entrée autonome sur l’extérieur. Malgré cela, nous sommes visés par une interdiction d’ouverture. C’est absurde », s’indigne Mme Vigeant.
Une saison à sauver
L’impatience gagne les gestionnaires des quatre auberges de jeunesse de Charlevoix à l’approche de l’été. Le téléphone ne dérougit pas et les visites sur les sites Web sont nombreuses.
« Il y a une demande! Les auberges de jeunesse sont le seul hébergement à prix modique dans la région. Le coût moyen pour se loger dans Charlevoix est de 171$ la chambre, et ici, à l’auberge, la chambre individuelle est à 42$. On ne parle pas de la même chose. On veut répondre à la demande et pouvoir faire travailler nos équipes», lance M. Couture.
À la Coopérative de solidarité l’Affluent, Guillaume Néron, de l’équipe de coordination, souhaite lui aussi un revirement de situation.
«C’est à n’y rien comprendre! Il n’y a pas de logique dans cette décision-là sinon un manque de compréhension de ce type d’hébergement que sont les Auberges de jeunesse qui relève carrément du préjugé ou de la discrimination!»
À l’Auberge de jeunesse de La Malbaie, le propriétaire David Huot a pour sa part décidé de reporter l’ouverture de sa salle à manger, qui fait aussi office de salle de spectacles. «Tout est un peu compliqué, explique-t-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. On a décidé d’attendre un peu plus tard. Jouer à la police, carter les gens, leur demander où ils vont, d’où ils viennent, c’est un peu contre mes principes d’hospitalité. On travaille très fort pour se préparer une belle saison. »
« Le politique lance la balle à la Santé publique et vice-versa. Qui est derrière cette décision? Quelles en sont les raisons? Si, à tout le moins, nous avions un semblant de réponse, ce serait toujours un début », glisse Annick Vigeant, visiblement déterminée à obtenir gain de cause avant le début de la haute saison.
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