Baie-Sainte-Catherine «découragée» d’aller se faire dépister

Par Karine Dufour-Cauchon 6:00 AM - 24 février 2021
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La coopérative L’Ami de Baie-Sainte-Catherine est l’unique lieu public pour acheter de l’essence, des denrées, aller chercher ses médicaments et faire une halte toilette. Céline Huot citoyenne, témoigne que même si son village est «de petite taille», la transmission du virus les touchera tôt ou tard.

«Mon village est un CHSLD à ciel ouvert». Tel est le constat que veut mettre au grand jour Céline Huot, résidente de Baie-Sainte-Catherine. La citoyenne ne sait plus à quelle porte frapper pour être entendue quant aux risques de santé publique qui semblent guetter sa municipalité, à l’extrême est de la Capitale-Nationale.

Céline Huot est une ex-infirmière de profession. Elle a choisi Baie-Sainte-Catherine il y a 10 ans pour y passer une retraite paisible avec son conjoint. Ils ont respectivement 68 et 72 ans. Leur âge vénérable ressemble à celui de leurs concitoyens, qui ont presque tous 50 ans et plus.
Baie-Sainte-Catherine et sa population vieillissante «ne l’ont pas facile» en ce qui a trait à l’accès aux services, constate-t-elle. En temps de pandémie, «c’est encore pire» soutient Mme Huot.

«Alors que la Santé publique nous répète d’aller se faire dépister au moindre symptôme, les citoyens ici, ça les décourage. Il faut faire presqu’une heure et demie de route pour aller à Saint-Hilarion. En revenir, là on est à une demi-journée. Pour les gens âgés, c’est épuisant. On ne va donc pas se faire dépister, même si on a des symptômes», rapporte-t-elle.

Mme Huot craint qu’un danger guette sa municipalité si une éclosion venait à s’y inviter. Elle demande à la Santé publique de rendre accessibles des tests de dépistage sur place, à Baie-Sainte-Catherine

Par correspondance, le CIUSSS confirme qu’il ne s’agit pas d’une option à court terme. «Ce secteur a été épargné jusqu’à maintenant par la pandémie et nous ne prévoyons pas déployer de visite régulière tant qu’il n’y aura pas de cas positifs à cet endroit et peu ou pas de personnes à dépister. Nous sommes toutefois conscients que la distance à parcourir peut être considérable pour certains et nous ne sommes pas fermés à nous y rendre, au besoin, si le volume ou la situation change. Pour mémoire, nous nous sommes d’ailleurs déployés à Saint-Siméon, pendant la deuxième vague, car il y avait un besoin de dépistage concernant plusieurs personnes», explique Matthieu Boivin, porte-parole.

Un médecin s.v.p.

En novembre dernier, Céline Huot a adressé une lettre du commissaire aux plaintes et à la qualité des services du CIUSSS pour revendiquer le retour d’un médecin sur le territoire. «Le médecin qui visitait notre communauté est décédé et n’a pas été remplacé. Aller à du sans-rendez-vous à La Malbaie demande du temps et de l’argent. Il y en a plusieurs qui n’en ont pas beaucoup, de l’argent. À un ou deux jours par mois, un médecin qui viendrait voir ses patients ici, ça rassurerait tout le monde et nous ne laisserions pas aggraver nos problèmes de santé», écrivait-elle.

On l’a alors référée au Groupe de médecine familiale (GMF) de Charlevoix-Est. L’organisme privé lui a répondu que son rôle était de « soutenir tout médecin qui aurait l’intérêt à œuvrer sur [ce secteur]». Il en relevait cependant du CIUSSS «de mettre en œuvre des services aux patients et de s’adresser aux médecins s’il y a un besoin de services médicaux».

Le CIUSSS-CN a indiqué qu’il ne commenterait pas le cas particulier de la citoyenne, tout en apportant quelques précisions. À la suite du décès du médecin qui assurait la prise en charge des patients de ce secteur, le CIUSSS indique s’être assuré que les patients ne se retrouvent pas sans médecin de famille. Les patients de ces secteurs qui ne sont pas capables de se déplacer à La Malbaie au GMF peuvent avoir des consultations à domicile. «Les déplacements pour accéder aux services font partie de la réalité d’une région avec un vaste territoire, mais le CIUSSS contribue à rendre les services le plus accessibles possible en offrant un soutien à domicile et la prise en charge au CHSLD aux patients qui ne peuvent se déplacer», indique finalement M. Boivin.

Céline Huot ne cache pas sa déception. «Peu de personnes ont des consultations à domicile. Ils peuvent se déplacer, car ils n’ont pas de limitations physiques ou ne sont pas en fin de vie. C’est la distance qui décourage la population. On voit qu’ils ne sont pas au courant de notre réalité.»

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